L’aviation de ligne victime collatérale de la réforme des retraites

Les pilotes prennent leur retraite, en moyenne, à 63 ans, et même 62 ans et 6 mois chez Air France. Les hôtesses et stewards partent, eux, à 56 ans.

C’est un angle mort de la réforme des retraites. Contestée par près des trois quarts des Français, à en croire les sondages et l’importance des manifestations qu’elle a suscitées, elle ne ferait pas non plus l’unanimité dans les entreprises du transport aérien. La réforme va en effet venir affecter le système de retraite des pilotes et des personnels navigants commerciaux (PNC), les hôtesses et stewards.

Aujourd’hui, ces catégories d’employés des compagnies françaises cotisent à la Caisse de retraite complémentaire du personnel navigant professionnel de l’aéronautique civile (CRPNAC), une caisse complémentaire constituée de deux fonds distincts. Un fond destiné aux retraites et un autre créé dans les années 1950, quand les hôtesses n’avaient pas le droit de voler au-delà de 45 ans. Les pilotes prennent leur retraite, en moyenne, à 63 ans, et même 62 ans et 6 mois chez Air France. Les hôtesses et stewards partent, eux, à 56 ans. Avec ce différentiel de sept ans entre pilotes et PNC, la CRPNAC est structurellement dans le rouge depuis quelques années. Heureusement, elle est assise sur un trésor de guerre de plus de cinq milliards d’euros. Une réserve qui lui permet d’assurer ses prestations.

Mais en proposant de reculer de 62 ans à 64 ans l’âge de la retraite, la réforme va bousculer un équilibre déjà précaire. Aujourd’hui, une disposition de la direction générale de l’aviation civile fixe à 60 ans l’âge de la retraite pour les pilotes. Par dérogation, ils peuvent poursuivre leur activité jusqu’à 65 ans, mais pas au-delà. Une limite imposée par l’Organisation de l’aviation civile internationale.

Quatre cents navigants recrutés en 2022

De plus, passé le cap des 60 ans, chaque navigant doit se soumettre à une visite médicale semestrielle. En cas d’incapacité, il ne peut plus exercer son métier dans l’aviation civile. La compagnie peut alors le reclasser au sol, mais, faute d’y parvenir, elle licencie le plus souvent son pilote. Enfin, une autre disposition interdit de mettre deux pilotes de plus de 60 ans dans un même cockpit.

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Avec le recul de l’âge de la retraite, les compagnies aériennes vont être confrontées au vieillissement de leurs navigants. Chez Air France, indique un pilote et ancien dirigeant syndical, les 57-62 ans représenteraient déjà « 20 % des effectifs des pilotes » de la compagnie qui en compte environ 4 500. Ils seront d’autant moins enclins à partir que la durée d’indemnisation du chômage vient d’être réduite de trente-six à vingt-sept mois. La compagnie dirigée par Ben Smith a tenté de rajeunir sa pyramide des âges, pendant la pandémie, en poussant vers la sortie quatre cents pilotes.

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Les intentions de recrutements de cadres toujours à la hausse

L’année 2023 commence bien pour les cadres. Réforme des retraites, inflation, réorganisation du travail, menaces de récession… rien ne semble perturber le marché de l’emploi de ces salariés, toujours recherchés par les entreprises, les grandes en particulier.

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Selon l’Association pour l’emploi des cadres (APEC), qui publie ce jeudi 9 février son baromètre du premier trimestre 2023, les intentions de recrutements sont toujours au beau fixe : 64 % des grandes entreprises et des ETI, 22 % des PME et 7 % des TPE envisagent de recruter au moins un cadre dans les trois mois.

« Cela représente 14 % de l’ensemble des entreprises, commente Pierre Lamblin, directeur des études de l’APEC. Elles étaient 13 % en 2022 et 10 % en 2021. Le marché poursuit sa dynamique. » Malgré les incertitudes conjoncturelles, les entreprises semblent avoir retrouvé un peu de visibilité en fin d’année. Elles sont 73 % à avoir confiance dans l’évolution de leur carnet de commandes. La question de savoir comment elles vont passer l’hiver est derrière elles. De plus en plus de PME (70 %) et de TPE (63 %) sont désormais capables d’anticiper leur activité à l’horizon de trois mois.

« Long délai de recrutement »

Les entreprises interrogées par l’APEC du 5 au 16 décembre 2022 estiment que la crise énergétique a essentiellement affecté leurs marges, et non leur activité. Ce qui ne freine pas le recrutement des cadres. Les embauches annoncées ont donc été programmées. Au quatrième trimestre 2022, 150 500 offres d’emploi cadre ont ainsi été publiées. Soit 4 % de plus qu’au quatrième trimestre 2021, et beaucoup plus qu’en 2019 (117 300 offres).

« C’est un bon indicateur : 45 % des embauches de cadres en France ont donné lieu à une annonce sur le site Web Apec.fr., affirme Gilles Gateau, le directeur général de l’association. La dynamique est très forte, mais il faut rester prudents sur les prévisions annuelles. Les perspectives économiques ne sont pas bonnes. On a été surpris par ce résultat. On attendait plutôt un léger infléchissement de tendance. »

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Les secteurs profitent diversement de ce dynamisme, selon leur exposition à l’inflation ou à la crise énergétique, et leur dépendance à la consommation des ménages. Les opportunités d’embauche ont nettement progressé dans les industries automobile et aéronautique (+ 42 %), mais elles ont reculé pour l’agroalimentaire (− 9 %), la communication et les médias (− 12 %), et le commerce interentreprises (− 19 %).

Les difficultés de recrutement sont plus que jamais motrices du marché de l’emploi cadre : 79 % des entreprises qui envisagent de recruter au premier trimestre anticipent des difficultés. « Le délai de recrutement est passé de neuf à onze semaines. C’est tellement long que les entreprises ne prennent pas le risque de se mettre en pause et de rater un candidat, explique Gilles Gateau. En 2022, un recrutement sur quatre a été abandonné faute de candidat. »

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Les salariés de l’habillement, en dépit des suppressions d’emplois, peinent à mobiliser leurs députés

Les syndicats se mobilisent contre la réforme des retraites. Au sein des enseignes d’habillement, les représentants du personnel défendent vigoureusement l’emploi. Partout. Car le licenciement des 2 100 salariés de Camaïeu, au lendemain de la fermeture des 511 magasins de l’enseigne d’habillement, début octobre 2022, a créé une onde de choc. Après s’être répandue dans les galeries marchandes et les rues commerçantes, où les employés de boutiques se soucient du sort de leurs voisins, elle se manifeste maintenant sur Facebook.

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Le réseau social regorge de comptes de syndicats et de salariés, où les internautes échangent sur l’état de santé de leur entreprise. « Nos dirigeants n’ont pas trouvé le financement nécessaire à leur offre », prévient ainsi la CGT San Marina, dans un post publié le 6 février. « Quelle tristesse », répond une des employés. Un autre préfère une photo du naufrage du Titanic, pour illustrer le risque de liquidation qu’encourt l’enseigne de chaussures.

Toujours sur Facebook, fin janvier, la CGT Pimkie a publié un chiffre : − 26 % de chiffre d’affaires en décembre 2022 « par rapport au budget », avant de s’interroger « sur les solutions que vont trouver [les] futurs nouveaux actionnaires pour faire mieux que les anciens ». Les Mulliez, propriétaires de l’enseigne depuis sa création, ont décidé de vendre à un consortium de fabricants. Ces derniers envisageraient déjà de supprimer entre 400 et 500 emplois et de fermer 100 magasins.

Un seul rendez-vous

L’onde de choc Camaïeu a aussi atteint d’autres filiales de la Financière immobilière bordelaise, qui détenait l’enseigne d’habillement depuis juillet 2020. Les élus de Gap et Go Sport manifestent désormais côte à côte. Samedi 4 février, à Paris, rue Tronchet, ils étaient une trentaine à bloquer l’accès au magasin de Gap. Pour deux heures seulement, afin de limiter le manque à gagner.

Les salariés de cette enseigne d’origine américaine s’inquiètent de leur sort, quelques semaines après la cession de ses 21 magasins à Go Sport pour 38 millions d’euros. Ceux de l’enseigne d’articles de sport (2 160 personnes) appellent les pouvoirs publics à la vigilance lors du processus de cession de Go Sport, placé en redressement judiciaire le 19 janvier.

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L’intersyndicale a sollicité des entretiens avec Fanta Berete, députée suppléante d’Olivia Grégoire (Renaissance), ministre déléguée chargée des PME et du commerce, Fabien Roussel, député du Nord et secrétaire national du Parti communiste français, François Ruffin, député (La France insoumise, LFI) de la Somme, et Elisa Martin, députée (LFI) de l’Isère, département dont relève l’enseigne, dont le siège social est situé à Sassenage.

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« Le Mythe de l’entrepreneur » : la face cachée de la Silicon Valley

Le livre. Où a débuté l’irrésistible success story de nombreux entrepreneurs de la Silicon Valley ? Dans un garage. C’est là, par exemple, que Steve Jobs,va vivre l’acte fondateur de sa carrière : durant l’été 1976, il y produit avec son ami Steve Wozniak les premiers ordinateurs Apple I.

L’ascension qui va suivre n’en est que plus saisissante : « Du dénuement à l’abondance, du garage à la multinationale, les médiations s’évanouissent. Ne reste que la performance de l’entrepreneur héroïsé », explique Anthony Galluzzo, maître de conférences à l’université de Saint-Etienne. Dans son essai Le Mythe de l’entrepreneur (La Découverte, 232 pages, 20,5 euros) l’auteur décrypte de façon méthodique la fabrique des célébrités entrepreneuriales américaines − et tout particulièrement celle du cofondateur d’Apple − et défait, pièce après pièce, l’imaginaire qui nous est proposé.

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Il montre que cette construction, ce storytelling, repose sur certains invariants qui font de l’entrepreneur un produit-star, marketé jusqu’à l’excès : « La précocité, la fêlure originelle, les origines modestes, la rébellion fondatrice. » Il est un créateur situé au-dessus des contingences matérielles (« la vie de Steve Jobs ne se trouve pas sur les terres de la production mais dans le ciel des idées »), doté d’une vision, sorte de « techno-prophète » qui « décrivait ce à quoi allait ressembler le futur ». Mais c’est aussi un génie créatif altruiste : celui qui va incarner la marche vers le progrès et « donn[er] à l’humanité les outils de sa prospérité ».

De génie à accapareur

Au fil des pages, l’auteur se plaît à changer le point de vue de l’observateur, réalisant plans larges et contrechamps pour mieux souligner les manquements de ces belles histoires. Il nous montre que, selon où l’on se positionne, Steve Jobs passe de génie à accapareur, que « Apple est moins le ‘‘créateur’’ de l’iPod que son assembleur ». Avec le logiciel iTunes, l’entrepreneur aurait « sauv[é] la musique des ravages du piratage », a-t-on entendu. C’était surtout le moyen pour Apple de saisir une opportunité de marché.

Ce faisant, M. Galluzzo met en lumière ce que le récit officiel occulte. Derrière l’image d’Apple, phare de l’humanité, on distingue une entreprise en quête de rentabilité qui délocalise une partie de sa production chez un sous-traitant, Foxconn, où les conditions de travail sont dénoncées. On comprend par ailleurs que, derrière le créatif tenant de ses « keynotes », ses conférences-spectacles, Jobs est aussi un patron et un homme d’affaires.

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Camaïeu, Go Sport, André, Kookaï… Pourquoi le secteur de l’habillement traverse une crise profonde

A Strasbourg, le 24 janvier 2017.

C’est l’heure de vérité. Trois ans après la fermeture provisoire, en mars 2020, des magasins d’habillement pour lutter contre l’émergence de la pandémie de Covid-19, nombre d’enseignes de mode risquent de définitivement tirer le rideau. C&A ouvre le bal des mauvaises nouvelles de 2023. L’enseigne d’habillement a fermé les portes de deux de ses trois magasins parisiens, boulevard Haussmann et rue de Rivoli, mardi 7 février.

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Faute de repreneurs à la barre du tribunal, San Marina, placé en redressement depuis septembre 2022, est menacé de liquidation judiciaire, lors d’un jugement attendu le 10 février. L’enseigne exploite 163 magasins et emploie 680 personnes. Les salariés de Go Sport (2 160 employés), Kookaï (320 personnes), Burton (600) et André (280) sont, eux aussi, dans l’expectative. Leur employeur a été placé en redressement judiciaire ou, pour Burton, en procédure de sauvegarde.

La crise du secteur n’est pas nouvelle. Elle a débuté en 2015, estime Gildas Minvielle, directeur de l’observatoire économique de l’Institut français de la mode (IFM). L’année est « alors un point de bascule », se rappelle cet expert. Les chaînes d’habillement qui, sous le diktat de fonds d’investissement ou de la Bourse, chez Brice, Etam, La Halle ou Camaïeu, ont participé à construire la France des 800 centres commerciaux, mettent fin à leur course au mètre carré et cessent d’ouvrir à tout-va des magasins.

Et c’est précisément à cette date que de nouveaux acteurs entrent dans une phase accélérée d’expansion, comme Primark, avec ses magasins de 5 000 m², les déstockeurs type Action ou Zeeman et, bien entendu, les sites de vente en ligne, dont l’américain Amazon et l’allemand Zalando.

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Depuis, les chaînes d’entrée de gamme, qui avaient auparavant pris la place des détaillants indépendants, souffrent de cette sourde concurrence. La fréquentation des galeries marchandes et des rues commerçantes s’effondre. En dépit des dénégations des foncières qui exploitent les centres commerciaux dans l’Hexagone, dont Unibail-Rodamco-Westfield ou Klépierre, « la baisse est tendancielle depuis dix ans », estime Procos, association de commerçants, en chiffrant à 30 % la chute de leur fréquentation depuis 2016.

Des fermetures appelées à « se poursuivre »

Car les Français ne font plus autant de lèche-vitrines. Les plus jeunes clientes boudent les boutiques Pimkie, Kookaï, Naf-Naf et autres Camaïeu qui ont habillé leurs mères. Et elles se convertissent en masse à la vente en ligne, notamment sur les sites étrangers, ou se ruent sur la seconde main. Le marché de la chaussure est aussi laminé par l’avènement des Foot Locker, Courir et autres sites de vente de sneakers.

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Disney perd des abonnés sur sa plate-forme de streaming et licencie 7 000 employés

La plate-forme Disney + a perdu 2,4 millions d’abonnés pendant les trois derniers mois de l’année 2022 et le géant du divertissement a annoncé qu’il allait supprimer 7 000 emplois. C’est la première fois depuis le lancement du service de streaming, fin 2019, que Disney + ne gagne pas des millions de nouveaux spectateurs au cours du trimestre écoulé. Celui-ci compte désormais 161,8 millions d’abonnés dans le monde.

En tout, d’après son communiqué de résultats trimestriels publié mercredi 8 février, le groupe Disney a réalisé un chiffre d’affaires de 23,5 milliards de dollars (21,9 milliards d’euros) d’octobre à décembre 2022, mieux qu’espéré par les analystes. Le géant du divertissement a surtout rassuré les marchés avec des pertes opérationnelles moins élevées qu’attendu pour ses plates-formes de streaming (Disney +, ESPN + et Hulu), à 1 milliard de dollars pour la période d’octobre à décembre 2022.

Mais le groupe a aussi annoncé la suppression prochaine d’environ 7 000 emplois. « Bien que ce soit nécessaire pour faire face aux difficultés actuelles, je ne prends pas cette décision à la légère », s’est justifié Bob Iger lors d’une conférence téléphonique. Selon son rapport annuel 2021, le groupe employait 190 000 personnes dans le monde au 2 octobre de cette année-là, dont 80 % à temps plein. Son titre décollait de 8 % lors des échanges électroniques après la clôture de la Bourse de New York.

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Le retour de Bob Iger

« Nous pensons que le travail que nous faisons pour transformer notre entreprise autour de la créativité, tout en réduisant les dépenses, va amener de la croissance durable et de la rentabilité pour nos activités de streaming », a déclaré M. Iger, cité dans le communiqué. Disney lui a demandé en novembre 2022 de reprendre le poste de directeur général qu’il avait laissé à Bob Chapek en 2020, après quinze ans à ce poste, afin de redonner de l’élan à l’entreprise.

Champion de l’image familiale et policée de Disney, il fait, depuis, face aux problèmes de rentabilité des plates-formes – notamment Disney +, lancée en grande pompe avant son départ – mais aussi à un bras de fer politique en Floride, où se trouve l’un des parcs d’attractions de Disney parmi les plus visités au monde.

Les relations entre le gouverneur de Floride, Ron DeSantis, et Disney se sont dégradées quand Bob Chapek s’est prononcé publiquement contre une loi promue par le gouverneur, qui interdit d’enseigner en Floride des sujets en lien avec l’orientation sexuelle à l’école primaire.

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Nouvelles formules d’abonnement

Les plates-formes de streaming ont connu des croissances flamboyantes pendant des années, encore amplifiées par la pandémie, avant d’être rattrapées par la crise économique. « La croissance des abonnés ne sera pas linéaire à chaque trimestre », avait prévenu en novembre 2022 Christine McCarthy, directrice financière de Disney, alors que la plate-forme star venait de gagner 12 millions d’abonnés en un trimestre.

Netflix, le vétéran et leader du secteur, a connu un premier semestre difficile en 2022, perdant près de 1,2 million d’abonnés, avant de rebondir à l’automne puis à l’hiver. La plate-forme compte plus de 230 millions d’abonnés payants mais son bénéfice net annuel a baissé de 12 %, à 4,5 milliards de dollars.

Les applications de streaming font le même constat que des réseaux sociaux comme Snapchat, Facebook ou Instagram : les gains en utilisateurs ne se traduisent plus automatiquement en gains financiers. Netflix et Disney ont donc lancé en décembre 2022 de nouveaux abonnements moins chers, avec de la publicité, pour attirer encore plus de spectateurs et, surtout, diversifier leurs sources de revenus.

Celui de Disney + coûte 7,99 dollars par mois, tandis que son abonnement de base sans publicité est passé à 10,99 dollars aux Etats-Unis. D’ici à la fin de 2023, la nouvelle formule devrait rapporter plus d’un milliard de dollars de recettes publicitaires aux Etats-Unis, selon les chiffres du cabinet Insider Intelligence.

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Le Monde avec AFP

« Un énorme choc » : à Paris, le centre de soins René-Laborie menacé de fermeture

L’entrée du Centre de santé mutualiste René-Laborie, en décembre 2011.

« Une longue série d’improvisations et de fuite en avant » : dans un courrier envoyé en interne, le 8 février, aux salariés du centre de santé mutualiste René-Laborie, les élus du comité social et économique (CSE) de l’établissement n’ont pas de mots assez durs pour qualifier la gestion de leur direction, responsable, selon eux, de sa mort annoncée.

Situé au cœur du 2e arrondissement parisien, cet établissement, qui accueille principalement des professionnels de la presse et de la communication, est entré en cessation de paiement le 1er février. Afin de statuer sur le sort de ce centre de santé, géré par la mutuelle uMEn, une audience au tribunal judiciaire est programmée le jeudi 9 février. Une possible liquidation menace de laisser sur le carreau les cent trente-cinq salariés du centre, fréquenté par environ 75 000 personnes par an.

« Ça a été un énorme choc » : pour cette salariée comme pour ses collègues, rien, ou presque, ne laissait présager un tel fiasco. Sur le site du centre de soins, les offres de recrutement pour des postes de dentiste, de gynécologue, de dermatologie… n’ont toujours pas été retirées. « Quand le commissaire aux comptes a déclenché l’alerte le 22 novembre 2022, personne ne s’est vraiment inquiété », vitupère ce membre du CSE qui, comme les autres salariés interrogés par Le Monde, a préféré rester anonyme. Ses patients paient le prix des difficultés traversées par l’établissement : « Comme des fournisseurs ne sont plus payés, j’ai des patients qui ne reçoivent plus leurs prothèses ».

Déficit d’un à deux millions d’euros par an

« On nous disait que la mutuelle participerait au comblement des déficits, qu’ils rechercheraient de nouveaux partenaires. Mais ils n’en ont pas trouvé », déplore un de ses collègues. Aux yeux des élus du personnel, le début de la fin remonte à la sortie de la mutuelle uMEn du giron du groupe Audiens, en 2017, pour des questions de gouvernance.

Selon des délégués syndicaux, le centre de soins a alors connu, dès la première année, un déficit à hauteur d’un à deux millions d’euros par an, pour un chiffre d’affaires annuel d’environ dix millions. « En cinq ans, on a eu cinq directeurs. On a 34 % de turn-over chez nous : c’est dire s’il y a des problèmes de gestion », ironise le membre du CSE.

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En vrac, le courrier adressé au personnel par les élus du CSE fustige des achats auprès de « fournisseurs non compétitifs ou sans mise en concurrence », des « recrutements inappropriés », des primes versées sans véritable justification et un « manque d’anticipation » concernant la gestion de l’établissement. Le centre « a continué son train de vie dispendieux dans l’espoir de trouver des partenaires… sans résultat ». Sollicitée, la direction du centre de soins n’a pas souhaité s’exprimer.

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Retraites : la discrétion du gouvernement sur les retombées économiques de la réforme

Le gouvernement joue-t-il au cachottier sur la réforme des retraites ? Son projet vise à rétablir l’équilibre financier des régimes de pension, pris dans leur globalité, mais il aura d’autres incidences, au-delà de ce périmètre, sur lesquelles le pouvoir en place ne s’épanche guère. Plusieurs experts le déplorent, y voyant un manque de transparence préjudiciable à la qualité du débat.

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Au cœur de la controverse, il y a la mesure-phare qui repousse de 62 à 64 ans l’âge légal de départ tout en accélérant la mise en application de la « loi Touraine » de janvier 2014 sur l’allongement de la durée de cotisation pour avoir droit au taux plein. Ce double mécanisme va produire des « effets puissants », comme le souligne Antoine Bozio, directeur de l’Institut des politiques publiques. « Il joue comme un “choc d’offre de travail”, en maintenant sur le marché de l’emploi un nombre accru de personnes disponibles pour exercer une activité, développe-t-il. A terme, cela stimule la croissance et engendre, par conséquent, des recettes fiscales et des rentrées de cotisations supplémentaires. »

L’exécutif a, bien évidemment, connaissance de cette donnée-là. Elle figure d’ailleurs dans le « Rapport sur les objectifs et les effets du projet de réforme des retraites », qui équivaut à une étude d’impact rendue publique le 23 janvier. Dans le seul champ du système de retraites, le projet devrait rapporter, en 2030, 17,7 milliards d’euros d’économies brutes – c’est-à-dire sans tenir compte des dépenses prévues par ailleurs (revalorisation des petites pensions, etc.). Si on élargit la focale à « l’ensemble des finances publiques », le « rendement » pourrait être « encore supérieur ». De combien ? La réponse est renvoyée dans une note de bas de page qui tient en trois lignes : selon un document de la direction du Trésor de janvier 2022, « la hausse de recettes hors retraites » serait égale à 0,6 point du produit intérieur brut (PIB) au bout de dix ans, dans l’hypothèse où l’âge légal de départ est accru de deux ans.

Deux méthodes distinctes

L’information est jugée un peu maigre par des spécialistes de la matière. « Il est surprenant de constater que, dans l’étude d’impact, il n’y a quasiment aucune indication sur les retombées macroéconomiques d’un recul de l’âge d’ouverture des droits, confie M. Bozio. Cette omission est regrettable. » Dans une tribune récemment publiée par Le Monde, Michaël Zemmour, maître de conférences à l’université Paris-I, se montre encore plus sévère : il trouve que le rapport publié le 23 janvier est « indigent » et « lapidaire », s’agissant de l’estimation des conséquences de la réforme.

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L’enseigne de chaussures André à nouveau placée en redressement judiciaire

La chaîne André, déjà placée en redressement judiciaire en 2020, emploie 280 salariés.

Nouveau déboire pour le chausseur André. Début février, le tribunal de commerce de Nanterre a placé en redressement judiciaire l’entreprise 1Monde9, qui détient l’enseigne historique depuis 2020, a appris l’Agence France-Presse (AFP) mercredi 8 février, confirmant une information du média économique en ligne L’Informé.

L’entreprise 1Monde9 a déclaré la cessation de ses paiements le 27 janvier et a demandé l’ouverture d’une procédure de redressement judiciaire, ce qui a été fait le 2 février, selon le jugement du tribunal. 1Monde9, basée à Puteaux, dans les Hauts-de-Seine, emploie, selon ce document, 280 salariés et revendique un chiffre d’affaires hors taxes annuel d’un peu moins de 31 millions d’euros. Le tribunal de commerce de Nanterre a fixé une prochaine date d’audience au 30 mars à 10 heures, pour « statuer s’il y a lieu sur la poursuite d’activité ».

C’est déjà à la barre d’un tribunal de commerce que l’enseigne avait été reprise par François Feijoo en juillet 2020, ne gardant que cinquante-cinq magasins (sur 180 points de vente alors) et treize affiliés. Son plan de reprise prévoyait alors le licenciement d’un peu moins de 200 emplois.

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André, enseigne plus que centenaire, avait été la première entreprise de la distribution à avoir été placée en redressement judiciaire en raison de la crise du Covid-19, qui avait laissé ses magasins fermés pendant de longs mois. Elle était auparavant détenue par le site de vente en ligne Spartoo, et, avant cela, par l’ancien fleuron du textile français Vivarte, qui s’appelait d’ailleurs à l’origine Groupe André.

André fait partie de la longue liste d’enseignes ayant appartenu au groupe Vivarte aujourd’hui confrontées à des difficultés financières, comme la société Kookaï, également placée en redressement judiciaire début février.

Le Monde avec AFP

BNP Paribas sans transition entre résultats record et inquiétudes sur les effectifs

Devant une agence BNP Paribas, en août 2011.

Drôle de journée pour BNP Paribas, mardi 7 février. Contrainte en matinée, pour cause de manifestation contre la réforme des retraites, de remplacer par une visioconférence la présentation de ses résultats annuels prévue dans ses locaux historiques parisiens, BNP Paribas a été de nouveau contrariée, quelques heures plus tard, plusieurs syndicats dénonçant un projet de réduction d’effectifs au sein de la filiale spécialisée dans le crédit à la consommation.

Quelque 921 postes seraient concernés en France, sur un total d’un peu plus de 5 000. Aucun départ contraint, s’est engagée la direction, au cours d’une première réunion avec les représentants du personnel, mardi. Environ 680 personnes pourraient profiter d’un plan de départ volontaire, dit-on de source syndicale, le reste se voyant proposer des transferts vers d’autres activités du groupe. « Sur le papier, c’est très beau, mais il va falloir être très attentif », dit un représentant des salariés, au tout début de ce processus de discussion, qui devrait s’étaler sur au moins trois mois.

BNP Paribas Personal Finance, que les Français connaissent surtout par l’intermédiaire de la marque Cetelem, « engage la transformation et l’adaptation de ses activités », résume le groupe, qui justifie cette évolution par la remontée rapide des taux d’intérêt, par la pression exercée par le taux d’usure (le taux maximal de prêt autorisé en France), mais aussi par l’évolution des usages de ses clients, que l’inflation contraint à des arbitrages budgétaires de plus en plus fréquents.

« Nous ne nous désengageons pas, nous nous recentrons »,

Ce contexte a pesé sur les résultats de la branche en 2022, son bénéfice avant impôt ayant reculé de 4,6 %, à 1,121 milliard d’euros. Sur le seul quatrième trimestre, son produit net bancaire (l’équivalent du chiffre d’affaires dans le secteur) a diminué de 0,9 %, à 1,28 milliard d’euros, tandis que ses frais de gestion augmentaient de 4,1 % par rapport aux trois derniers mois de 2021.

La réorganisation de la division ne concerne pas uniquement la France, puisqu’elle porte sur un recentrage sur la zone euro, le Royaume-Uni et les pays scandinaves, au détriment des Etats dans lesquels elle dispose de positions moins favorables. La filiale bulgare a, par exemple, été cédée, fin 2022, à Eurobank. Ce changement de modèle réduit les besoins de fonctions de support en France, et justifie donc les réductions d’effectifs envisagées, explique le groupe dirigé par Jean-Laurent Bonnafé.

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« Nous ne nous désengageons pas, nous nous recentrons », a souligné ce dernier, mardi, en présentant aux analystes financiers des résultats annuels au beau fixe, marqués par un bénéfice net en hausse de 7,5 %, à 10,2 milliards d’euros, le plus important jamais engrangé par le groupe, pour un produit net bancaire de 50,4 milliards (+ 9 %). Des performances qui permettent à la première banque de la zone euro de relever ses objectifs de croissance des profits pour la période 2023-2025.

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