Au lycée Airbus, à Toulouse, des formations pour devenir « compagnon » de l’avionneur

Un élève du Lycée Airbus, à Toulouse, le 21 octobre 2022.

Après son baccalauréat professionnel « usinage » qu’elle passera cette année, Aurélia Coule, 18 ans, « veut continuer en BTS pour [s]’enrichir ». Valentin Badou, 19 ans, lui, a « hâte de bosser », dans son domaine de prédilection, la chaudronnerie, quand il aura décroché son bac professionnel. Dans leur tenue bleue floquée du logo Airbus, ils ont trouvé ici « une discipline, une bonne ambiance, des professeurs attentifs, des ateliers spacieux et modernes, et une assurance de trouver un travail ».

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« Ici », c’est le lycée Airbus. Un établissement unique en France, créé en 1949 dans l’usine de Saint-Eloi, à deux pas du centre-ville de Toulouse, au cœur des usines de l’avionneur, d’où sortent encore les mâts réacteurs des avions, un élément de très haute technologie qui permet de relier le moteur à la voilure.

Après la guerre, Louis Casado, un ingénieur, a l’idée d’ouvrir un centre de formation pour les jeunes : l’Ecole professionnelle de l’industrie aéronautique. L’établissement devient privé en 1981, lié par un contrat au ministère de l’éducation, puis sera rebaptisé Lycée professionnel privé de l’industrie aéronautique et « lycée Airbus » en 2006. Avec un objectif clair : « Former des jeunes à partir de 15 ans aux métiers spécifiques de l’aéronautique et à une véritable culture d’entreprise », détaille Nicolas Coadou, 42 ans, directeur de l’établissement depuis 2020.

« Nous allons augmenter les recrutements »

Electricité, chaudronnerie, usinage, production mécanique, peinture, intégration cabine, les « artisans d’Airbus » sont formés par le biais de plusieurs diplômes, du CAP au BTS, en passant par le bac professionnel. Le lycée, et sa cinquantaine de salariés, reçoit environ 500 élèves par an, avec un taux de renouvellement annuel de 120 jeunes, sur un peu plus de 500 élèves en tout. « Face aux hausses de productions annoncées par Airbus, nous allons même augmenter de 20 % les recrutements de ces élèves », précise M. Coadou.

Le 18 mars, lors de journées portes ouvertes, plus de 1 700 jeunes sont venus découvrir les filières proposées. Avec un invité surprise, Guillaume Faury, le directeur exécutif du groupe Airbus. Chaque année, sur 500 candidatures, 120 élèves sont intégrés, après un test de personnalité en ligne, puis un entretien avec un enseignant et un salarié de l’entreprise. « On les forme aux techniques, mais aussi à des valeurs comme le respect, l’esprit d’équipe », précise le directeur.

Avec une volonté assumée d’ouvrir ces formations à des jeunes filles, qui ne représentent actuellement que 15 % des effectifs. Une diversité également recherchée en direction des jeunes issus des zones d’éducation prioritaire, et au sein même des équipes enseignantes.

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Un manageur sur deux se dit angoissé au travail

Qui veut encore grimper dans la hiérarchie de son entreprise ? Un tiers des non-manageurs envisagent de le devenir, et seulement un quart des femmes, tandis qu’un Français sur deux estime que la fonction managériale est plus difficile à exercer aujourd’hui que par le passé. C’est ce que révèle le baromètre réalisé par Harris Interactive pour la start-up Alan, spécialisée dans les mutuelles pour les entreprises, et publié jeudi 20 avril.

Cette étude annuelle évaluant le niveau de « bien-être mental » au travail et les attentes des actifs, a sondé un échantillon de 4 054 personnes représentatif des Français âgés de 18 ans et plus, du 21 février au 3 mars 2023 ; 64 % d’entre eux occupent une fonction de manageur.

« Les manageurs de proximité sont en première ligne pour morfler en permanence. » Le juriste Jean-Emmanuel Ray, professeur à l’université Paris I-Panthéon Sorbonne, a introduit les débats qui ont accompagné la présentation de l’étude, en insistant sur l’inadéquation entre le lien de subordination propre au contrat de travail, et la réalité des entreprises, où les salariés revendiquent plus d’autonomie. « Avant la verticalité était naturelle, dans la société et l’entreprise. Avec le télétravail ou le forfait jour, le manageur a beaucoup plus de travail », poursuit-il.

« Entre le marteau et l’enclume »

Il ressort des chiffres que les manageurs s’estiment toujours en première ligne depuis la pandémie, et semblent encore plus « entre le marteau et l’enclume » qu’auparavant. Un sur deux se dit angoissé, contre 35 % des non-encadrants ; 68 % d’entre eux se déclarent actuellement stressés, contre 52 % des autres salariés.

« C’est une fonction plus difficile à exercer que par le passé, car les modes d’organisation et rapports au travail ont changé, et ils ont du mal à tout concilier. Les collaborateurs veulent des rapports plus individualisés, a expliqué Magalie Gérard, directrice adjointe du département Politique Opinion d’Harris Interactive. Mais les manageurs ne sont pas suffisamment soutenus par leur direction et RH [ressource humaine], les exigences de performance ne baissent pas, et ils se sentent à 41 % isolés dans leur fonction. »

« Les jeunes de mon master ont des maîtres d’apprentissage, et ils me disent que ces derniers sont épuisés, qu’ils n’ont pas le temps, a renchéri M. Ray. Comment pourrais-je avoir envie d’être manageur ? Sans compter les risques pénaux dans une société qui se juridicise et se judiciarise, les risques de harcèlement moral. Si on veut être un manageur crédible, il faut en plus connaître le droit du travail. »

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Un accord va garantir un revenu minimal horaire fixé à 11,75 euros aux livreurs des plates-formes en France

Les plates-formes ont signé un accord, jeudi 20 avril, en France avec les instances représentatives des livreurs deux-roues indépendants pour leur garantir un revenu minimal horaire fixé à 11,75 euros, selon un communiqué de la Fédération nationale des autoentrepreneurs et microentrepreneurs (FNAE).

« Ces premiers accords consacrent le dialogue social et constituent une réelle avancée en faveur du renforcement des droits des travailleurs de la livraison », s’est réjoui sur Twitter le ministre du travail, Olivier Dussopt.

Les instances représentatives des chauffeurs VTC (véhicules de tourisme avec chauffeur) avaient déjà signé en janvier un accord avec les plates-formes pour instaurer un revenu minimum par course – et non horaire – d’un montant de 7,65 euros.

Au total, trois accords sur des sujets différents étaient soumis à signature jeudi, l’un sur les revenus, l’autre sur la désactivation d’un compte de livreur, le troisième sur le dialogue social.

En ce qui concerne les revenus, c’est « un gain immédiat pour les livreurs, dont 20 % au moins sont en dessous de ce seuil », s’est félicité Grégoire Leclercq, président de la FNAE, qui a signé l’accord.

Accord sur la désactivation de comptes

Le syndicat Union-Indépendants « consulte les livreurs et livreuses sur la garantie minimale horaire » mais a signé l’accord qui permet de mieux encadrer les modalités de rupture de la relation commerciale entre les plates-formes et les livreurs (dites « désactivation » du compte ou « déconnexion »), a-t-il fait savoir par voie de communiqué.

La FNAE a, elle aussi, signé cet accord sur la désactivation de comptes. « Alors que les déconnexions étaient jusque-là à l’initiative unilatérale des plates-formes », l’accord prévoit que le livreur pourra signaler lui-même des incidents, notamment avec des clients, devra être informé de la survenance d’incidents par la plate-forme et pourra « se défendre et contester les motifs » de la déconnexion, détaille la FNAE.

Par ailleurs, cette décision devra être prise « par une personne physique et non un algorithme » et ne pourra pas advenir « sans préavis » dans les cas où serait invoquée une raison administrative, a ajouté la FNAE.

L’Association des plates-formes d’indépendants (API) – qui réunit dans sa commission livraison Deliveroo, UberEats et Stuart – a signé jeudi « trois accords inédits », s’est-elle félicitée par communiqué. Ceux sur les revenus et la déconnexion, ainsi qu’« un accord de méthode pour renforcer les moyens des représentants et la qualité du dialogue social ».

« Ces accords s’inscrivent dans le cadre d’un dialogue social sectoriel mis en place par les pouvoirs publics ces derniers mois et seront donc applicables à l’ensemble des plates-formes de mise en relation dans le secteur de la livraison », a rappelé l’API.

Le Monde avec AFP

Emploi des seniors : les inconnues autour d’un dossier renvoyé au dialogue social

Retour à la case départ pour l’emploi des seniors. Ce dossier, qui avait commencé à être traité par la réforme des retraites, devait également être abordé dans un grand projet de loi sur le travail, susceptible d’être présenté avant l’été. Mais les cartes viennent d’être rebattues en quelques jours. Il appartient désormais aux partenaires sociaux de s’emparer du sujet pour trouver des solutions concrètes.

Les plans du gouvernement ont été remis en cause le 14 avril, lorsque le Conseil constitutionnel a invalidé six dispositions du texte qui repousse à 64 ans l’âge d’ouverture des droits à une pension. Parmi les mesures censurées, deux ont beaucoup retenu l’attention et concernent les travailleurs vieillissants : l’index senior, qui devait « objectiver la place » de cette catégorie d’âge dans les entreprises d’au moins 300 personnes, et le « contrat de fin de carrière », destiné à soutenir l’embauche de chômeurs de longue durée ayant atteint ou dépassé le cap de la soixantaine. L’institution de la rue de Montpensier, à Paris, a considéré que ces mécanismes n’avaient pas leur place dans le véhicule législatif choisi par l’exécutif – en l’occurrence une loi de financement rectificative de la Sécurité sociale – car ils étaient dépourvus d’effet direct ou leur effet était trop indirect, en 2023, sur les comptes des régimes obligatoires de base.

Deuxième changement de programme : il résulte de l’allocution prononcée lundi 17 avril par Emmanuel Macron. Ce jour-là, le président de la République a annoncé un « pacte de la vie au travail », qui sera « construit dans les semaines et les mois qui viennent par le dialogue » entre centrales de salariés et mouvements d’employeurs. Le lendemain, il a précisé ses attentes, lors d’une rencontre à l’Elysée à laquelle étaient conviés les syndicats et le patronat – mais que les premiers ont boycottés.

Chantiers réagencés

De ces interventions successives du chef de l’Etat, il ressort que plusieurs chantiers vont être un peu réagencés. Il y aura tout d’abord un texte législatif pour retranscrire l’accord national interprofessionnel sur le partage de la valeur signé en février par les partenaires sociaux – à l’exception de la CGT. S’ensuivra, avant l’été, une deuxième réforme, avec deux volets : l’un sur la refonte des lycées professionnels et l’autre sur la transformation du service public de l’emploi avec la création de France Travail. Enfin, le « pacte de la vie au travail », sur lequel les organisations de salariés et d’employeurs vont plancher à la demande de M. Macron, doit se traduire par des cycles de discussions consacrées à plusieurs thèmes – dont l’emploi des seniors –, le but étant de parvenir à des accords à l’échelon national, sectoriel et dans des entreprises, d’ici à la fin de l’année.

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Saisonniers : dans les stations balnéaires du Nord, la concurrence belge complique les recrutements

Sur la plage de Blankenberge, en Belgique, le 9 août 2020.

Ce n’est pas une réponse, c’est un cri du cœur. Quand on lui demande s’il retournerait travailler dans la restauration en Belgique, Arnaud Guetache, serveur sur la digue de Malo-les-Bains (Nord) n’hésite pas : « Jamais ! Beaucoup trop d’heures ! » Il en a enchaîné jusqu’à trois cents par mois, soit une moyenne de soixante-quinze par semaine, « de 9 heures à 1 heure », dans un café de plage de Coxyde, à côté de La Panne, en Belgique.

Lire aussi : Article réservé à nos abonnés Pour recruter leurs saisonniers, les employeurs font feu de tout bois

A Malo-les-Bains, petite ville du littoral, contiguë avec Dunkerque (Nord), la plupart des restaurateurs, cafés, glaciers et campings n’ont pas encore trouvé tous leurs saisonniers pour cet été. En cause, notamment, la concurrence de la Belgique. Malo-les-Bains n’est qu’à 20 kilomètres de La Panne, première station belge après la frontière. Il se dit que les Belges prennent tout le monde, même sans parler le flamand. « Il suffit de savoir dire “bonjour”, “au revoir”, “bon appétit”, assure Kevin Druon, serveur au Koffielicious, à La Panne. J’ai trouvé tout de suite. Mais si cela vaut le coup niveau salaire, il faut avoir la forme… »

Pour un serveur, la différence peut être de près de 3 euros de l’heure. Soit 13 à 14 euros côté Belge, quand, en France, la plupart des annonces actuellement diffusées offrent juste le smic horaire, donc 11,52 euros (salaire brut, à compter du 1er mai).

Une « conception de l’effort qui n’est pas la même »

Hugo Ferfaille, conseiller chargé des ressources humaines à la chambre de commerce du littoral, estime que la concurrence transfrontalière entre restaurateurs joue essentiellement pour ceux qui vivent « vraiment à proximité de la Belgique ». « Dès qu’il faut faire des kilomètres pour aller travailler tous les jours, cela ne vaut plus le coup. »

Ce vendredi 14 avril, il a rendez-vous avec des Belges qui viennent recruter en France. A mots prudents, il parle d’une « mentalité différente » et d’une « conception de l’effort qui n’est pas la même » en Belgique. Comprenez, comme le dit plus crûment cette jeune Française, employée par un glacier de La Panne, « ici, tu bosses vraiment beaucoup et tu acceptes qu’une grosse partie de tes heures soient payées au black. Moi, ça m’arrange ».

Les réputations vont vite sur ce petit territoire franco-belge. Kevin Defive, patron de La Moule rit, un restaurant de Malo-les-Bains, a trouvé son personnel pour cet été. Surtout des étudiants, certains qui reviennent d’une année sur l’autre. « Le bouche-à-oreille va vite. Si tu traites correctement tes équipes, ils reviennent et n’ont pas envie d’aller travailler en Belgique. » Ils pourraient pourtant y gagner plus, mais, comme l’assure Julie Barrois, sa responsable de salle : « En tant qu’étranger, ce n’est pas facile et, ici, on a notre stabilité, des plannings à la semaine. »

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Orange : la réorganisation du réseau de boutiques alourdit le climat social chez l’opérateur

Orange fait face à un second front social. Déjà mobilisés contre le projet de suppression de 670 postes chez Orange Business, la division pour les entreprises, les syndicats de l’opérateur télécoms sont vent debout contre le plan de réorganisation du réseau de boutiques, qui prévoit de transférer, d’ici à fin 2026, jusqu’à 150 des 279 magasins du groupe vers sa filiale Générale de Téléphone (GDT), où les salaires et accords sociaux sont moins avantageux. Environ 1 800 salariés d’Orange pourraient être concernés par ces transferts, calculent les syndicats.

Après un peu plus d’un mois de négociations « tendues et houleuses », selon plusieurs participants, une dernière séance de relecture du texte s’est tenue mercredi 19 avril, en présence des deux dernières organisations encore autour de la table : CFDT et FO. Les trois autres, CFE-CGC, CGT et SUD, avaient toutes claqué la porte ces dernières semaines, rendant peu probable la signature d’un accord, sachant qu’il faut trois syndicats pour atteindre la majorité requise.

Lancée ce jeudi 20 avril, la phase de signature est ouverte jusqu’au 5 mai, le temps pour les organisations syndicales de sonder leurs adhérents sur le terrain avant de se prononcer. « Nous sommes allés au bout de notre mandat de négociation. Mais cela ne veut pas dire que nous signerons l’accord », tonne Kaoutar Schwind, de FO. Sébastien Crozier, président de la CFE-CGC d’Orange, est bien décidé à « ne pas signer un accord qui est en dessous de la loi ».

Prime inférieure aux pratiques

En cas de transfert d’un fonds de commerce d’une entreprise à une autre, les salariés peuvent garder leurs éléments de rémunération. Mais, selon le mode opératoire choisi par Orange, seuls les baux seraient transférés à la GDT, « privant ainsi les personnels de leurs droits », s’inquiète la CFE-CGC. « A défaut de réponse favorable dans un délai de quinze jours, la CFE-CGC fait toute réserve des actions qu’elle pourrait avoir à mener, y compris sur le terrain judiciaire », prévient le syndicat dans un courrier adressé, le 18 avril, à Jean-François Fallacher, le nouveau directeur général d’Orange France.

« Lors de l’annonce du projet de réorganisation, à l’automne 2022, la direction du groupe s’était engagée à proposer un plan exemplaire en matière de reclassements. Or les conditions sont inférieures à ce qui se pratiquait jusqu’à présent lors des transferts de salariés », déplore Abilio da Silva, délégué syndical chez SUD-PTT. Les vendeurs qui accepteront de rejoindre la GDT ou d’aller dans une autre boutique Orange bénéficieront d’une prime de 5 800 euros, inférieure aux pratiques.

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Le sentiment d’agression augmente chez les enseignants

Les demandes de conseils dans le cadre d’agressions verbales et physiques subies par les enseignants sont de plus en plus fréquentes, et ces agressions sont en majorité commises par les parents et les élèves. Telle est la conclusion du baromètre annuel de l’Autonome de solidarité laïque (ASL), une association qui œuvre pour la protection et les conseils juridiques des personnels de l’éducation nationale.

Les dossiers de demandes de « protection juridique professionnelle » concernent à 75,2 % une agression ou un sentiment d’agression (dans les cas non qualifiables juridiquement). Un chiffre « en nette augmentation par rapport au baromètre 2021, où l’ensemble de ces dossiers représentaient 71,1 % ». Dans ce total, 33,5 % des dossiers sont ouverts pour des cas de diffamation, 32,4 % concernent des insultes et des menaces, et 9,3 % concernent des agressions. Ces deux dernières catégories sont en augmentation de près de deux points.

L’Autonome constate une baisse de 5 % des dossiers ouverts pour obtenir la protection juridique, « compensée » par l’augmentation de 5 % des dossiers ouverts pour des demandes de conseils, les « renseignements juridiques personnalisés ». Cette évolution ne signifie donc pas que les conflits sont moins nombreux ou que le sentiment de sécurité progresse, au contraire.

Elèves et représentants légaux

Pour l’association, elle est le produit d’une médiatisation plus forte des problèmes relationnels que rencontrent les enseignants, et d’un « débat public et politique plus accentué concernant leur protection », notamment depuis la mort de Samuel Paty, écrit encore Jean-Louis Linder, vice-président de l’ASL. Les enseignants adopteraient désormais le bon réflexe, celui de prendre attache avec l’Autonome avant que les situations ne s’enveniment au point de devoir demander une protection.

Les principaux auteurs des agressions, qui représentent un peu plus de 9 % des dossiers de demande de protection, sont les représentants légaux des élèves (45 %) et les élèves eux-mêmes (39 %). La proportion d’agressions verbales est plus forte dans les écoles maternelles et élémentaires (65 %) qu’au collège et au lycée, où la balance s’inverse avec 62 % d’agressions physiques.

La différence entre une « agression verbale » et une « insulte ou menace » peut paraître ténue, mais l’ASL justifie ce distingo par la persistance de cas où l’enseignant s’est « senti agressé » alors même que l’incident dont il a été victime n’a pas la qualification juridique d’une agression.

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Service civique : des effets sur l’insertion professionnelle en demi-teinte

Des jeunes volontaires engagés en service civique lors des préparatifs du défilé du 14-Juillet, place de la Concorde à Paris, le 9 juillet 2019.

Depuis sa création, en 2010, plus de 600 000 jeunes de 16 à 30 ans ont effectué une mission d’intérêt général dans le cadre d’un service civique, initialement présenté comme un dispositif répondant aux envies d’engagement de la jeunesse. Les études réalisées depuis sur le sujet montrent que les jeunes s’en saisissent prioritairement pour avoir une expérience professionnelle et enrichir leur CV. Mais avec quelle efficacité ? Une enquête du Centre d’études et de recherches sur les qualifications (Cereq) pour l’Agence du service civique, publiée fin mars, interroge pour la première fois ses effets sur l’insertion professionnelle.

Basée sur les très riches données de l’enquête « Génération 2017 », cette étude met d’abord en avant le pourcentage relativement important de jeunes qui passent aujourd’hui par un service civique, conséquence du fort soutien politique dont le dispositif bénéficie. 9 % de l’échantillon représentatif de jeunes sortis de formation initiale en 2017 en avaient réalisé un. Parmi eux, 15 % n’ont aucun diplôme, 51 % sont diplômés de l’enseignement secondaire (niveau CAP ou bac), 34 % ont un diplôme de l’enseignement supérieur. Le service civique concerne aussi, en moyenne, « plus de femmes, plus de jeunes habitant en quartier prioritaire de la ville et de jeunes en quête de professionnalisation (sortant de filières générales/non professionnalisantes, ou bien ayant arrêté leurs études en cours de route) », note Dominique Maillard, l’une des autrices de l’étude.

Mais l’intérêt de l’enquête tient surtout à la comparaison faite entre le parcours des jeunes ayant effectué un service civique avec leurs homologues (appelés « jumeaux » dans l’étude) ayant le même profil (filière peu professionnalisante, décrochage scolaire, etc.) mais n’en ayant pas réalisé. Il en ressort que l’effet du dispositif diffère fortement selon le moment et l’âge auxquels il est réalisé. Parmi les jeunes qui sortent du secondaire, ceux qui effectuent un service civique le font en général « à la place » du chômage.

Ce sont d’ailleurs souvent des acteurs de l’insertion, comme Pôle emploi, qui proposent à ces jeunes de faire un service civique. Or, ces derniers ont davantage de chances d’être en emploi trois ans après leur sortie du système éducatif que ceux qui ont les mêmes caractéristiques mais n’ont pas fait de service civique. « On peut donc supposer que celui-ci favorise l’accès à l’emploi chez ces jeunes peu diplômés, note Dominique Maillard. Le dispositif joue alors, de toute évidence, un rôle de remédiation pour se donner du temps, explorer un nouveau secteur, trouver une voie d’orientation ou définir un projet, et fait office de première expérience professionnelle. »

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Dans la finance, « au rythme actuel, il faudra 140 ans pour atteindre la parité »

Des acteurs de la finance mondiale lors du Forum économique mondial de Davos (Suisse), le 19 janvier 2023.

En novembre 2019, Christine Lagarde, qui venait de prendre ses fonctions à la présidence de la Banque centrale européenne (BCE), s’est fait prendre en photo entourée des membres du conseil des gouverneurs, l’instance suprême de l’organisation. Elle était la seule femme, entourée de vingt-quatre hommes, tous en costume bleu marine, beige ou gris. Depuis, les représentantes féminines dans cette prestigieuse instance ont… doublé, avec une nomination supplémentaire au directoire, en l’occurrence celle de l’Allemande Isabel Schnabel.

La BCE symbolise l’extraordinaire domination des hommes dans les institutions financières en général, et les banques centrales en particulier. Jeudi 20 avril, un rapport de l’OMFIF (Official Monetary and Financial Institutions Forum), un groupe de réflexion, remue le fer dans la plaie. Sur 336 grandes institutions financières passées au crible (186 banques centrales, 50 fonds de pension, 50 fonds souverains, 50 banques commerciales), seules 14 % sont dirigées par des femmes. En 2021, c’était 13,3 %, en 2022 13,7 %. « Au rythme actuel de progression, il faudra cent quarante ans pour atteindre la parité dans les rôles de direction », note le rapport, acide.

Lire la tribune (2019) : Article réservé à nos abonnés « La banque et la finance restent un univers machiste et sexiste »

Les choses ne semblent guère sur le point de s’améliorer. Dans les échelons inférieurs des instances décisionnaires, en incluant tous les conseils d’administration et les comités exécutifs, seules 22 % des membres sont des femmes. « Les progrès sont presque nuls », se désespère Katarina Liu, l’une des autrices du rapport.

« Un problème de culture »

L’OMFIF a développé un index de parité, où un niveau de 100 indique une égalité exacte entre hommes et femmes dans les instances dirigeantes. Cette année, aucune institution financière n’atteint ce score parfait. La plus proche est la branche du Kansas de la Fed (score de 96), suivi du Victorian Funds Management Corporation (97), qui gère l’argent public de la province australienne de Victoria, et le fonds de pension canadien CPP (94).

Rien de vraiment significatif n’est fait pour changer les choses, souligne le rapport. Les institutions financières respectent les lois sur les questions de garde d’enfants, de congé parental ou même d’égalité salarial, mais vont rarement au-delà. « Il y a un problème de culture, continue Mme Liu. Les départements des ressources humaines de ces institutions ne prennent guère en compte les problèmes spécifiques des femmes, si bien que peu de femmes vont y travailler, et que les ressources humaines ne les prennent pas particulièrement en compte. C’est un cercle vicieux. »

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Go Sport : l’offre de reprise de Frasers inquiète les salariés

Les salariés de Go Sport sont vent debout. Après s’être réjouis d’échapper à Hermione People & Brands, holding de la Financière immobilière bordelaise détenue par l’homme d’affaires Michel Ohayon, qui avait envisagé de présenter un plan de continuation de l’enseigne d’articles de sport en redressement judiciaire depuis février, les représentants du personnel s’inquiètent de tomber dans l’escarcelle du britannique Frasers et de basculer sous son enseigne Sports Direct.

Le groupe du milliardaire britannique Mike Ashley a déposé une offre, en s’engageant à reprendre 75 des 82 magasins et 1 613 des 1 801 employés. Soit 18 postes de moins que l’offre présentée par le consortium Intersport, constitué autour du groupement de détaillants d’articles de sport, numéro deux du marché français. Bien que cette offre soit socialement moins disante, elle avait leur préférence parce que Frasers est un groupe intégré, contrairement à Intersport, groupement de magasins indépendants. Du moins jusqu’à l’audience qui s’est tenue au tribunal de commerce de Grenoble, mardi 18 avril.

« Cette audience a été une vraie surprise », rapporte Me Evelyn Bledniak, avocate des salariés. En anglais, James France, directeur immobilier et représentant de Frasers, dépêché à Grenoble, a expliqué pourquoi il refuse de s’engager à conserver l’ensemble des magasins repris et à ne pas procéder à un plan de sauvegarde de l’emploi, dans les vingt-quatre mois qui suivent l’éventuelle reprise. Cette promesse est un engagement assez habituel dans les instances des tribunaux de commerce lors de la reprise de sociétés en redressement judiciaire, rappelle Me Bledniak.

Une aubaine pour Intersport

Contrairement à Intersport, le représentant de Frasers a refusé de se plier à cet usage, expliquant que le retournement de Go Sport exigera « de la flexibilité » et « du temps ». Or, à en croire le directeur immobilier de Frasers, la situation de l’enseigne « s’est détériorée » dans les dernières semaines « plus que prévu ». La chute de son chiffre d’affaires est de l’ordre de 36 %, selon une source proche du dossier. « C’est un argument totalement fallacieux pour refuser cet engagement », estime Me Bledniak, en rapportant que la trésorerie s’est améliorée en mars et en avril.

Ce refus de Frasers a jeté le trouble chez les représentants du personnel. D’autant que le groupe a exposé un projet de créer plusieurs filiales. Les salariés y ont vu un scénario propre à diviser les instances représentatives du personnel. « Ce n’est pas du tout le cas », assure une représentante du groupe Frasers.

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