Haude Rivoal, sociologue : « Les codes de la virilité se transmettent au sein des entreprises »

Dans l’ouvrage collectif Masculinités (éditions EPA), la sociologue et docteure de l’université Paris-VIII Haude Rivoal synthétise l’état de ses recherches, qui portent sur les liens entre travail et masculinités.

Vous écrivez que le « genre [du travail] perdure ». Pourquoi l’entreprise demeure-t-elle encore, à vos yeux, un univers masculin ?

Cela ne tient pas forcément à des stratégies conscientes des hommes pour maintenir leur domination, mais des éléments structurels leur permettent d’être favorisés – en matière d’évolution de carrière, de salaires, etc. C’est le cas, par exemple, dans l’encadrement. L’investissement et l’engagement professionnels exigés n’y sont possibles que si l’on se déleste du travail domestique et parental. Ce qui écarte aujourd’hui une proportion non négligeable de femmes.

De même, les métiers cadres valorisent des traits de caractère tels l’assurance, le goût du pouvoir, la compétition ou la capacité à affronter d’importantes charges de travail sans montrer ses faiblesses. Or, les hommes ont justement été majoritairement éduqués à travers les stéréotypes de l’homme endurant. Tout cela ne peut que contribuer à créer dans certains métiers des « boys clubs » et un entre-soi très masculin.

N’observe-t-on pas toutefois depuis quelques années des avancées, certes relatives, pour une meilleure prise en compte de la place des femmes dans l’entreprise ?

Il y a eu des évolutions positives, en effet. Des secteurs se sont féminisés, des femmes se sont organisées en réseau. On constate également certaines avancées, comme les congés menstruels. L’idée d’une norme égalitaire semble, par ailleurs, faire relativement consensus. C’est notamment le cas au sein de la jeune génération, où des hommes se démarquent de certains schémas : ils ne veulent plus être, comme leurs pères, des bourreaux de travail. Ceci étant, il reste des « poches de résistance » assez fortes, où la masculinité s’impose.

Notons également que, dans certains métiers, les femmes réussissent parce qu’elles acceptent de s’aligner sur des normes viriles – ce qui montre que, structurellement, les choses ne changent pas vraiment. Pour monter en responsabilité, les exigences sont telles qu’elles doivent embrasser certains stéréotypes liés notamment à la dévotion temporelle mais aussi géographique. Il faut, enfin, aussi noter que si la place des femmes peut parfois progresser il y a certains métiers où elles sont de moins en moins présentes.

Dans quels secteurs peut-on constater une diminution du nombre de femmes ?

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Le bureau de demain sera accessible 24 heures sur 24, pour y travailler de temps en temps, avec l’IA en premier assistant

La traditionnelle question-clé de l’entretien annuel : « Où vous voyez-vous dans dix ans ? » a été posée aux salariés franciliens à propos de l’avenir de leur bureau. En Ile-de-France, 1 300 salariés travaillant dans un bureau au sein d’entreprises privées de plus de 10 salariés ont été interrogés du 24 avril au 16 mai. A partir de leurs réponses, le dixième « Baromètre Paris Workplace IFOP-SFL (Société foncière lyonnaise) » publié jeudi 16 novembre décrit un environnement de travail qui a intégré l’intelligence artificielle et l’éco-responsabilité, et pérennisé le télétravail.

Pour l’anecdote, 62 % des salariés de moins de 25 ans interrogés par l’IFOP estiment probable qu’en guise de collègues, des hologrammes participent à certaines réunions. Plus généralement, 42 % jugent probable que l’intelligence artificielle (IA) ait remplacé dans ce laps de temps la majorité des emplois de bureau.

Mais pour ceux qui seront toujours dans les murs, près d’un salarié sur deux estime que l’IA générera tous les documents et qu’il n’y aura plus qu’à les corriger. Ils considèrent dans les mêmes proportions que le clavier appartient au passé, et que les commandes se feront à haute voix ; 49 % pensent que le temps ainsi libéré permettra de se parler davantage.

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Car l’entreprise est largement associée à la vie sociale. Dans dix ans, à leurs yeux, le bureau devrait devenir un lieu d’échanges, de passage, où l’on n’est présent qu’une partie du temps. « Alors que l’IA et le télétravail risquaient de provoquer l’avènement du repli chez soi et d’un travail déshumanisé, cette étude montre que le télétravail a remis le bureau au cœur de la vie professionnelle. De moins en moins de salariés croient à la fin du bureau. Les jeunes voient dans l’entreprise une communauté humaine qui doit être dans la cité », commente Frédéric Dabi, le directeur général de l’IFOP.

Le télétravail, un critère de choix pour prendre un nouvel emploi

Un tiers des salariés interrogés estiment qu’à l’avenir, les entreprises proposeront des espaces accessibles aux voisins, aux associations et aux travailleurs indépendants. En dessous de 35 ans, « [leurs] collègues sont [leurs] amis », reconnaissent plus des deux tiers des salariés interrogés. C’est de moins en moins vrai quand on avance en âge.

Attention, le télétravail sera toujours un critère de choix pour prendre un nouvel emploi. Plus des deux tiers des répondants au sondage pensent qu’ils seront obligés de télétravailler plusieurs jours par semaine, et les deux tiers qu’habiter en province et travailler à Paris deux ou trois jours par semaine deviendra la norme. Ils entrevoient leur future journée de travail avec des interruptions pour s’occuper de leurs affaires personnelles (faire une course, aller à un rendez-vous médical…), 59 % souhaitent que l’accès à leur lieu de travail soit permanent. Pour un bureau « à la carte », en quelque sorte.

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Plein-emploi : Emmanuel Macron face au défi de la remontée du chômage

Emmanuel Macron à l’Elysée, le 9 novembre 2023.

Emmanuel Macron pourra-t-il maintenir son objectif d’atteindre le plein-emploi à la fin de son second quinquennat ? Le président de la République le répète comme un mantra depuis la campagne présidentielle de 2022, il veut voir le taux de chômage baisser aux alentours de 5 % de la population active d’ici à 2027. Mais après une décrue continue depuis sa première élection, en 2017, la tendance commence à se retourner.

Dans un contexte difficile pour le chef de l’Etat, entre le conflit israélo-palestinien, le combat contre l’antisémitisme en France, la guerre qui perdure en Ukraine ou la lutte contre le réchauffement climatique, voici que la situation du marché du travail pointe à nouveau son nez au rayon des sujets susceptibles de compliquer la fin de son second mandat.

Selon les chiffres publiés mercredi 15 novembre par l’Insee, le taux de chômage – au sens du Bureau international du travail (BIT) – a augmenté de 0,2 point au troisième trimestre pour s’établir à 7,4 %. On dénombre ainsi 2,3 millions de chômeurs, c’est 64 000 de plus par rapport au trimestre précédent.

Ironie de la vie politique, la veille de la publication de ces résultats négatifs, le projet de loi « pour le plein-emploi » était définitivement adopté par l’Assemblée nationale, après l’avoir été au Sénat le 9 novembre. « Les dispositions de [ce texte] créent de nouveaux outils pour progresser vers notre objectif central : le plein-emploi pour tous et partout », a déclaré le ministre du travail, Olivier Dussopt, dans l’Hémicycle, mardi.

Une hausse du chômage « évidemment ponctuelle »

Une déclaration qui confirme l’ambition de l’exécutif mais qui semble à contretemps, alors que le chômage augmente pour le deuxième trimestre consécutif, témoignant du ralentissement, voire du retournement tant redouté du marché du travail. La hausse la plus marquée concerne les 18-24 ans, dont le taux de chômage passe à 17,6 % (+ 0,7 point), proche de son niveau d’il y a un an. Celui des 25-49 ans augmente de 0,2 point sur le trimestre, à 6,7 %, et celui des 50 ans ou plus est stable, à 5,1 %.

Fait inhabituel, Olivier Dussopt a réagi avant même la publication officielle de ces chiffres, espérant que cette hausse soit « évidemment ponctuelle ». « On pouvait s’attendre à une telle hausse compte tenu du ralentissement de l’économie mondiale – en lien notamment avec le resserrement des politiques monétaires des banques centrales – et des tensions géopolitiques », a-t-il précisé, mercredi matin.

L’objectif, déjà audacieux, paraît désormais relever du vœu pieux. Un caractère éphémère pourtant très peu probable selon les prévisions de la Banque de France, qui anticipe une remontée du chômage progressive pour atteindre 7,8 % en 2025, et celles de l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), qui s’attend à un taux de 7,9 % dès la fin 2024.

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Alstom, en difficulté financière, va supprimer 1 500 emplois

Le carnet de commandes n’a jamais été aussi bien rempli, les pays riches ou émergents aussi demandeurs et le rôle du train aussi crucial pour décarboner les transports dans un monde où la mobilité et l’urbanisation progressent toujours. Et pourtant… Alstom, numéro deux mondial du secteur derrière le chinois CRRC, traverse une grave crise de trésorerie et peine à exécuter en temps et en heure ses contrats, notamment ceux repris lors du rachat de son concurrent canadien Bombardier Transport, en 2021.

Le groupe a annoncé, mercredi 15 novembre, un résultat net part du groupe de seulement 1 million d’euros au premier semestre de son exercice décalé (d’avril 2023 à mars 2024) et deux initiatives majeures. Sur la gouvernance, d’abord. A l’issue de l’assemblée générale de juillet 2024, Philippe Petitcolin, ex-directeur général de Safran, deviendra président et le PDG actuel, Henri Poupart-Lafarge, directeur général. Sur le redressement du bilan, ensuite. Un plan de réduction des coûts a été annoncé : il prévoit la suppression de 1 500 emplois équivalent temps plein, « soit 10 % des fonctions commerciales et administratives ». Le dirigeant estime que cette mesure est liée « à la dernière phase de l’intégration de Bombardier », qui ne s’achèvera pas, selon lui, avant début 2025.

Le groupe prévoit aussi des cessions d’actifs et une possible augmentation de capital « avec droit de préemption pour les actionnaires ». Les analystes de J.P. Morgan estimaient récemment qu’il devait trouver au moins 1 milliard d’euros dans les douze mois. Objectifs : réduire de 2 milliards d’ici à mars 2025 une dette qui a atteint 3,4 milliards d’euros, et éviter que les agences de notation ne classent la société dans la catégorie « spéculative ». Alstom assure que « les actionnaires de référence [la Caisse des dépôts du Québec et Bpifrance] soutiennent ce plan ».

Retards de livraison

Le marché ferroviaire reste certes porteur. Le chiffre d’affaires s’élève à 8,4 milliards d’euros au premier semestre et le carnet de commandes atteint 90 milliards. Cela donne une « forte visibilité sur les ventes futures », souligne l’entreprise, qui honorera « tous ses contrats », a prévenu son patron. Mais son problème crucial est dans l’immédiat son incapacité à générer de la trésorerie grâce à son activité, ce qui « constitue un appel clair au changement », prévient M. Poupart-Lafarge. De – 1,1 milliard au premier semestre, le « cash-flow libre » doit être ramené à une fourchette de – 500 à – 750 millions sur l’ensemble de l’exercice, selon ses dirigeants.

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Le taux de chômage en France remonte légèrement, à 7,4 % au troisième trimestre

Le taux de chômage a enregistré une hausse au troisième trimestre, à 7,4 % de la population active en France (hors Mayotte), contre 7,2 % au deuxième trimestre, selon les chiffres publiés par l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee), mercredi 15 novembre. « On pouvait s’attendre à une telle hausse, compte tenu du ralentissement de l’économie mondiale », a aussitôt déclaré le ministre du travail, Olivier Dussopt, dans un message transmis à la presse, affirmant rester « entièrement mobilisé » face à cette augmentation qu’il espère « ponctuelle ».

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Au troisième trimestre, le nombre de chômeurs au sens du Bureau international du travail (BIT) a progressé de 64 000 le portant à 2,3 millions de personnes, détaille l’Insee dans un communiqué. Le taux de chômage du troisième trimestre augmente de 0,2 point sur un an et retrouve son niveau du deuxième trimestre 2022, mais reste nettement au-dessous de son pic de mi-2015 (– 3,1 points), a précisé l’institut.

Sur le trimestre, le taux de chômage augmente de 0,7 point pour les 15-24 ans, à 17,6 %, presque à son niveau d’un an auparavant (– 0,1 point). Pour les 25-49 ans, il augmente de 0,2 point sur le trimestre et de 0,3 point sur un an, à 6,7 %. Enfin, pour les 50 ans ou plus, le taux de chômage est stable sur le trimestre et sur un an, à 5,1 %. Le taux de chômage de longue durée (au moins un an) est également stable sur le trimestre, à 1,8 % de la population active.

Le « halo autour du chômage », soit les personnes désirant retourner sur le marché de l’emploi mais qui ne sont pas considérées comme chômeuses par le BIT (chercher effectivement un emploi et être disponible pour en prendre un), augmente, lui, « légèrement » sur le trimestre (+ 39 000) et nettement sur un an (+ 164 000), selon l’Insee. Deux millions de personnes sont concernées.

Le Monde avec AFP

Le rôle de manageur attire toujours, mais pas ses conditions de travail

Les difficultés de recrutement chez les cadres sont toujours très élevées en cette fin d’année, malgré une baisse de 13 % du nombre d’offres d’emploi sur un an, révèle le baromètre de l’Association pour l’emploi des cadres (APEC) publié jeudi 9 novembre. Y aurait-il une crise du rôle de manageur ?

Une quinzaine de DRH réunis à Paris, mardi 7 novembre aux Rencontres RH − le rendez-vous mensuel de l’actualité RH organisé par Le Monde en partenariat avec ManpowerGroup et Malakoff Humanis −, ont échangé sur l’évolution de la fonction et de son attractivité dans leur entreprise. « On a moins de candidats qu’à une époque », reconnaissent-ils, mais aucun d’eux ne parle de crise. Le management reste la voie royale pour progresser dans l’entreprise.

Dans le secteur privé, près d’un cadre sur deux a une équipe à manager. Qu’ils soient sur le terrain, en gestion de proximité ou top manageurs, « 84 % des cadres manageurs souhaitent le rester (…), 42 % des cadres non manageurs voudraient le devenir, et 63 % des moins de 35 ans », indique Pierre Lamblin, directeur des études et de données de l’APEC.

« Mais à condition de faire évoluer le contour de leur fonction et leurs pratiques », ajoute-t-il aussitôt. Interrogés par l’APEC en septembre, 61 % des cadres manageurs ont le sentiment d’une charge de travail insurmontable (vs 46 % des cadres non manageurs). « Ils ont aussi l’impression de ne pas avoir assez de temps sur la gestion des individus », note M. Lamblin.

Les conditions de travail ont changé. La transformation des organisations liée au travail hybride a complexifié le rôle du manageur pour l’animation des équipes et la coordination de l’activité. Les injonctions paradoxales se sont multipliées : concilier gestion du collectif et suivi individuel, performance et bien-être, autonomie et contrôle, réflexion et action, souplesse et attractivité.

« Ce constat, on le partage. Le manageur doit faire tout et son contraire, coincé entre le marteau et l’enclume. L’entreprise a une responsabilité pour apporter des solutions nécessaires », affirme Olivier Ruthardt, le DRH de Malakoff Humanis. « Il y a aujourd’hui une nécessité beaucoup plus forte d’un management sur mesure, qui prenne en compte les inégalités de traitement, qui ont sauté aux yeux durant la crise sanitaire. Les injonctions paradoxales nous incitent à développer de nouvelles pratiques, sur la latitude décisionnelle notamment », ajoute Jérôme Friteau, le DRH de la Caisse nationale d’assurance vieillesse (CNAV).

Importance de la formation

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La régulation de la charge de travail : la grande oubliée du management

Notion floue pour certains, relative uniquement à la santé ou purement juridique pour d’autres, et trop souvent assimilée à la surcharge ou au burn-out, la charge de travail ne bénéficie pas de toute l’attention qu’elle mérite de la part des entreprises. Pourtant sa régulation est un véritable enjeu de performance. Il s’agit de rien moins que de mettre en adéquation les objectifs de l’entreprise et les moyens qu’elle donne à ses employés et à ses manageurs pour les atteindre.

Les moyens en question vont du nombre de salariés dédiés à un projet aux délais de réalisation en passant par les outils, les méthodes, l’équipement nécessaire, etc. Un logiciel mal paramétré, et c’est la frustration des utilisateurs qui ralentit le traitement des dossiers ; une formation à une nouvelle organisation du travail bâclée ou mal conçue, et le désengagement s’installe ; une ligne de production conçue sans solliciter ceux qui vont y travailler, et le nombre de pannes ou d’erreurs augmente…

La notion de charge de travail est apparue dans le code du travail au début des années 2000. En 2001, la loi Aubry fait obligation aux entreprises de l’évaluer régulièrement pour les salariés au forfait jour. Au fil des années, le principe de charge de travail et de sa régulation est un peu passé sous le radar au profit de sujets plus ciblés comme les risques psychosociaux, le droit à la déconnexion ou la qualité de vie au travail. Il est revenu sur le devant de la scène en 2020 avec la pandémie de Covid-19 et le recours massif au travail à distance, qui a mis en exergue les questions de productivité et d’équilibre vie professionnelle-vie personnelle pour éviter les burn-out.

Une définition précise

Précisément, la charge de travail désigne les ressources physiques, mentales et cognitives sollicitées pour accomplir une tâche. Bien que l’on parle parfois de charge raisonnable, perçue ou ressentie, elle trop souvent traitée sous le seul angle quantitatif comme lorsqu’on parle de « sur » ou de « sous-charge ».

Pour l’observer et pouvoir suivre sa régulation dans les entreprises, l’Agence nationale pour l’amélioration des conditions de travail (Anact) a élaboré un modèle qui en distingue trois composantes : la charge prescrite, la charge réelle et la charge vécue.

La première désigne ce que le prescripteur demande à l’employé de réaliser, le travail à faire ; la deuxième correspond aux conditions, aux outils mis à disposition et à la façon de faire ce travail ; la troisième enfin, plus subjective, est la perception par le salarié de ce travail et de sa réalisation.

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Le projet de loi « pour le plein-emploi » définitivement adopté par le Parlement

Le ministre du travail, Olivier Dussopt, et la cheffe du gouvernement, Elisabeth Borne, à l’Assemblée nationale, à Paris, le 14 novembre 2023.

Le Parlement a définitivement adopté, mardi 14 novembre, le projet de loi « pour le plein-emploi » et ses nouvelles exigences décriées pour les bénéficiaires du revenu de solidarité active (RSA), par un ultime vote de l’Assemblée nationale.

Après le vote positif des sénateurs, la semaine dernière, les députés ont validé à leur tour, par 190 voix contre 147, le compromis entre représentants des deux chambres sur ce texte qualifié de « majeur pour notre pays » par le ministre du travail Olivier Dussopt. Il fixe le cap emblématique d’un taux de chômage à 5 % d’ici à 2027, à atteindre par un accompagnement renforcé des personnes les plus éloignées de l’emploi.

L’exécutif mise notamment sur une meilleure coordination des acteurs du service public de l’emploi, réorganisés en réseau autour d’un Pôle emploi rebaptisé France Travail − changement de nom que les sénateurs réticents ont fini par accepter.

Les débats se sont surtout cristallisés autour des nouvelles obligations faites aux inscrits d’une liste élargie des demandeurs d’emploi qui inclura désormais l’ensemble des bénéficiaires du RSA. Sur ce volet, le camp présidentiel a fini par acquiescer à une demande insistante de la droite : la mention explicite de quinze heures d’activités hebdomadaires minimum pour tous les inscrits sur cette liste.

Soutien des parlementaires LR

Le gouvernement aurait préféré ne pas graver dans le marbre un volume horaire peu adapté à certains, et impossible à proposer à tous. Mais les macronistes relativisent la concession, soulignant les nombreuses exceptions possibles. De fait, selon le compromis entre députés et sénateurs, la durée de quinze heures pourra être diminuée en fonction des « situations individuelles ». Certains pourront en être totalement exemptés, en cas de problèmes de santé notamment.

« Ce n’est pas du travail gratuit, ni du bénévolat », mais des activités de formation ou d’insertion, a martelé Olivier Dussopt au long des débats. Dans l’hémicycle, il a défendu mardi « une quête de l’émancipation individuelle par le travail ». Parmi les mesures les plus débattues, le texte instaure un nouveau type de sanctions pour les bénéficiaires du RSA ne respectant pas leurs obligations. Leur allocation pourra être suspendue, mais récupérable en cas de « remobilisation », dans la limite de trois mois de versement.

Le groupe Les Républicains (LR) a été le seul dans l’opposition à voter en faveur du projet de loi. « Nous pensons qu’une partie de notre système social est dévoyée, parce qu’il désincite au travail », a estimé le député LR Philippe Juvin, jugeant légitime de demander des contreparties aux bénéficiaires du RSA.

Le Rassemblement national (RN) qui, lors des débats, s’était prononcé contre les quinze heures, mais s’était abstenu lors du vote de la nouvelle sanction, s’est opposé au texte final. Si Marine Le Pen est élue présidente, les allocataires du RSA « ne seront plus considérés comme des parasites », a lancé Jocelyn Dessigny.

La gauche dénonce un « texte de stigmatisation »

Les groupes de gauche ont rappelé de concert leurs griefs. « Le problème du chômage, c’est la question de la pénurie d’emploi », a jugé le député La France insoumise (LFI) Louis Boyard. « Raconter aux Français que ce sont les Français au chômage et au RSA qui nous coûtent cher, c’est un mensonge ». C’est « un texte de stigmatisation et d’infantilisation », a estimé le député communiste Pierre Dharréville. « A défaut d’enrichir les travailleurs, vous choisissez d’appauvrir les chômeurs », a taclé de son côté Benjamin Saint-Huile, du groupe indépendant Liot, dénonçant un texte « qui flatte les bas instincts ».

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Dans un autre volet visant à s’attaquer aux « freins périphériques à l’emploi », le compromis validé mardi réintroduit un article sur l’accueil de la petite enfance, octroyant aux communes le statut d’autorités organisatrices. L’article avait été supprimé à l’Assemblée en première lecture, sous les tirs croisés de LFI, du RN, des communistes et du groupe Libertés, indépendants, outre-mer et territoires (LIOT). Avec le soutien des LR, le jugeant trop contraignant pour les petites communes.

Dans le texte final, « seules les communes de plus de 10 000 habitants seront tenues d’élaborer un schéma pluriannuel de l’offre d’accueil du jeune enfant, ainsi que de mettre en place un relais petite enfance », a souligné le rapporteur Paul Christophe (Horizons).

La gauche a prévu d’abattre une dernière carte contre le projet de loi en saisissant le Conseil constitutionnel, a indiqué le député socialiste Arthur Delaporte. Ils contesteront notamment l’« inscription automatique des conjoints » de bénéficiaires du RSA sur la liste des demandeurs d’emploi, ainsi que la méconnaissance selon eux « du droit à un revenu minimum d’existence ».

Le Monde avec AFP

L’exécutif renonce à restreindre les aides à l’apprentissage

Atteindre le plein-emploi en 2027, cela n’a pas de prix. L’exécutif, qui s’apprête à rouvrir le chantier des économies avec l’annonce par Matignon d’une nouvelle revue des dépenses publiques jeudi 16 novembre, déroge dans le même temps à sa propre doctrine.

Alors que Bercy et la majorité présidentielle ferraillent pour dégager quelques milliards d’euros à l’occasion de l’examen du budget 2024, le gouvernement a écarté un amendement qui ambitionnait de restreindre les aides à l’apprentissage pour réaliser 700 millions d’euros d’économies, auquel Bercy était pourtant favorable sur le principe. Celui-ci n’a pas été retenu dans le texte lors de l’application de l’article 49.3 de la Constitution, le 7 novembre, sur la seconde partie du projet de loi de finances.

Mesure phare du premier quinquennat Macron, la réforme de l’apprentissage, qui vise à inciter les PME à embaucher des jeunes accédant moins facilement à l’emploi, est régulièrement citée par le chef de l’Etat comme l’une de ses grandes réussites, et fait figure pour lui de totem politique. L’ancien ministre de l’économie de François Hollande ambitionne d’atteindre le seuil du million d’apprentis en 2027, afin de ramener le pays au plein-emploi. « On a triplé le nombre d’apprentis, on va aller au million », répétait-il le 11 mai dernier, à l’Elysée, devant un parterre d’industriels.

Une dépense publique triplée

Lors de la présentation du projet de budget 2024 devant la presse, le 27 septembre dernier, le ministre de l’économie, Bruno Le Maire, avait néanmoins promis un milliard d’euros d’économies sur la politique de l’emploi, issus pour l’essentiel d’un coup de rabot sur les crédits alloués aux centres de formation d’apprentis. En outre, une vingtaine d’élus Renaissance, dont le rapporteur du budget Jean-René Cazeneuve, ont porté un amendement restreignant le champ des aides à l’apprentissage. Leur mesure supprimait l’aide à l’embauche d’un apprenti de niveau supérieur à bac +2 pour les entreprises de plus de 250 salariés. Elle devait rapporter 725 millions d’euros dès l’an prochain, avant d’être remisée. « Cette piste va dans le bon sens mais il faut concerter davantage », justifie-t-on à Bercy. « On met le sujet dans l’air », avance-t-on néanmoins.

La réforme de l’apprentissage de 2018 a fait l’objet de plusieurs rapports pointant des effets d’aubaine liés au manque de ciblage du dispositif, au bénéfice de jeunes diplômés de l’enseignement supérieur, déjà bien armés pour s’insérer dans un marché de l’emploi. « La très forte croissance des entrées en apprentissage à compter de 2020 a été largement portée par les étudiants des niveaux supérieurs », rappelle l’amendement de la majorité présidentielle.

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A Météo-France, un mouvement social conteste un recours accru à l’automatisation des prévisions

Des prévisionnistes surveillent le cyclone Freddy sur les écrans de la station de Météo-France, à Saint-Denis (La Réunion), le 20 février 2023.

Alors que les événements météorologiques intenses se succèdent, l’annonce peut surprendre. Les prévisionnistes de Météo-France, et l’ensemble des personnels de l’établissement public, étaient appelés à la grève, lundi 13 novembre, par les syndicats CGT, FO et Solidaires, en opposition à la mise en place d’une nouvelle organisation du travail « non aboutie et controversée », qui mène à une baisse de la qualité du service fourni, selon eux.

Ils dénoncent, dans un communiqué (signé aussi par la CFDT), un « mode dégradé » des prévisions disponibles sur le site Internet, l’application mobile ainsi que pour les services rendus aux professionnels qui « ne sont plus systématiquement mises à jour en journée ». « La centralisation et l’automatisation de la fourniture des données présentes sur le site et l’application » de Météo-France est la cible de la contestation. « Jusqu’alors, les prévisionnistes avaient les moyens d’interpréter et de corriger les données sorties par les différents modèles numériques utilisés et d’adapter les prévisions à chaque territoire », explique Jérôme Lartisant, secrétaire général de FO, prévisionniste depuis vingt-cinq ans, à Strasbourg.

Lundi 13 novembre, le basculement vers un programme appelé « 3P », pour « Programme Prévision Production » – en rodage depuis le mois de septembre – aurait donc, selon les organisations syndicales, des « impacts concrets sur l’information donnée au grand public et pour la sécurité des personnes et des biens ». « Ainsi, les données de prévisions automatiques (qui seront dorénavant les seules accessibles sur les applications grand public) pourraient être incohérentes avec la vigilance qui, elle, intégrera l’expertise des prévisionnistes », décrivent-elles dans le communiqué.

« Baisse d’effectifs vertigineuse »

Le renforcement de cette automatisation n’est pas contesté par la direction de Météo-France, qui met en avant la nécessité de répondre aux attentes « plus fortes que jamais » en matière de services météorologiques et climatiques. « Grâce au progrès technique, nous pouvons aujourd’hui renforcer l’automatisation de notre base de données de prévision et aussi certaines tâches de production », a expliqué la direction au Monde.

Météo-France utilise une base de données qui est rafraîchie très régulièrement avec les dernières observations et prévisions. « Le programme 3P facilite le travail du prévisionniste en supprimant la saisie manuelle systématique et en le limitant à une supervision avec des interventions ponctuelles dans la base », assure la direction, qui met aussi en avant le fait que le nouvel outil faciliterait la synthèse par les prévisionnistes du « très grand nombre de données produites par les modèles de prévisions du temps » et l’extraction « de l’information pertinente pour chacun des clients ».

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