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Manageur amoureux, prends garde à toi !

En entreprise, rupture amoureuse et rupture de contrat ont souvent partie liée : les rapports de pouvoir y sont au moins aussi importants que les rapports de genre. Mais les péripéties d’une vie sentimentale peuvent-elles justifier cette rupture ? Un arrêt du 4 juin de la chambre sociale (CS) de la Cour de cassation rappelle la règle : « Un motif tiré de la vie personnelle du salarié ne peut justifier, en principe, un licenciement disciplinaire, sauf s’il constitue un manquement à une obligation découlant de son contrat de travail. » Normal : le salarié n’a pas de comptes à rendre sur ce terrain à son employeur. Sauf s’il manque à une obligation inhérente à son statut. Deux exemples récents.

Le premier concerne l’obligation de loyauté du manageur (CS, 29 mai 2024). Un dirigeant RH, M. C., entretient une longue liaison avec sa très revendicative déléguée syndicale. Son employeur l’apprend : licenciement pour faute grave, approuvé par les juges. Non sur le fondement de cette relation relevant de l’intimité de leur vie privée, mais car « M. C. avait manqué à son obligation de loyauté en dissimulant cette relation intime, en rapport avec ses fonctions professionnelles et de nature à en affecter le bon exercice ». Il est vrai que négocier une fin de grève ou un rude plan de sauvegarde de l’emploi avec son amoureuse… Que pensaient de ce conflit d’intérêts les camarades de cette déléguée ?

Double vengeance

Le second exemple touche à l’obligation générale de sécurité (CS, 29 mars 2025). Grand classique : l’amoureux est furieux, car il a été éconduit. Ce dirigeant multipliait les demandes d’explications (SMS, courriels) à son ex-partenaire, qui finit par saisir la médecine du travail. Harcèlement ? C’est sur le fondement de l’obligation générale de sécurité, y compris à l’égard des collègues, que la Cour de cassation justifie la faute grave. Le comportement de ce manageur « dans une position hiérarchique élevée, dans le but d’obtenir une explication en raison d’un dépit amoureux », était incompatible « avec ses responsabilités et de nature à porter atteinte à la santé psychique de la salariée ».

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Ce qui change le 1ᵉʳ juillet pour votre budget : chômage, gaz, saisie sur salaire, rénovation énergétique, voitures électriques, crédits immobiliers, loyers, obsèques…

Plusieurs mesures affectant les finances personnelles des ménages entrent en vigueur ce mardi 1er juillet.

+ 0,5 % pour les allocations-chômage

Les allocations-chômage sont généralement augmentées chaque 1er juillet, sur décision du conseil d’administration de l’Unedic, constitué de représentants des partenaires sociaux. La hausse est faible, cette année : 0,5 %, contre 1,2 % en juillet 2024.

« Cette décision prend en compte à la fois la situation économique actuelle et la nécessité de préserver l’équilibre financier du régime », indique l’Unedic, précisant que la « revalorisation s’appliquera à environ 2,1 millions de demandeurs d’emploi ». Selon leur ancienneté vis-à-vis de l’allocation et le mode de calcul qui a été appliqué pour la déterminer, certains ne bénéficieront pas, ou pas entièrement, du 0,5 %.

Est par ailleurs généralisée la mensualisation de l’allocation-chômage, c’est-à-dire le calcul sur la base de trente jours, peu importe le nombre de jours dans le mois, appliqué partiellement depuis le 1er avril.

Quasi-stabilité du prix repère du gaz

En juillet, le coût d’approvisionnement du gaz est, comme les deux mois précédents, orienté à la baisse. Mais le tarif d’acheminement (« tarif péréqué d’utilisation des réseaux publics de distribution du gaz naturel de GRDF »), revu annuellement, est, quant à lui, en hausse de 6,1 %, avec un impact moyen sur la facture TTC des consommateurs résidentiels de 1,4 %, selon la Commission de régulation de l’énergie (CRE).

Résultat de ces deux mouvements contraires : le prix repère moyen de vente de gaz naturel est presque stable ce mois-ci, à 95,47 euros hors taxes et 136,36 euros TTC par mégawattheure (respectivement – 0,3 % et – 0,2 % par rapport à juin).

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Appel à témoignages : salariés, fonctionnaires, comment vivez-vous les épisodes de fortes chaleurs sur votre lieu de travail ? Racontez-nous

La Société éditrice du Monde souhaite présenter dans ses publications une sélection de témoignages, sous forme d’écrits, de photographies et de vidéos (ci-après désignés ensemble ou séparément « Contribution(s) ») qui lui sont soumis librement par les internautes.

Contenu de la Contribution

Votre Contribution doit respecter la législation en vigueur, notamment la loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse, les articles 9 et 9-1 du code civil sur le droit à la vie privée et au respect de la présomption d’innocence et les dispositions du code de la propriété intellectuelle. Aucune Contribution contraire à la loi ne pourra être publiée.

Une orthographe et une mise en forme soignées sont exigées (pas de textes en lettres capitales, pas d’abréviations ou d’écrits de type « SMS »).

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En Allemagne, le gouvernement Merz augmente le salaire minimal

La ministre allemande du travail et des affaires sociales, Bärbel Bas, à Berlin, le 27 juin 2025.

Le montant choisi est le fruit d’un compromis de haute lutte sur un sujet ultrasensible politiquement : 14,60 euros, c’est le niveau qu’atteindra, en Allemagne, le salaire minimum en 2027, après une étape à 13,90 euros en 2026, contre 12,82 euros aujourd’hui. La décision a été annoncée, vendredi 27 juin, par la commission indépendante chargée de fixer le salaire minimum, après une longue négociation et un vote à l’unanimité.

Ce niveau avait fait l’objet d’un débat houleux entre les membres de la coalition ces dernières semaines. Les conservateurs de la CDU/CSU, la formation du chancelier Friedrich Merz, estimaient avec le patronat qu’une hausse trop forte du salaire minimum était susceptible de grever la compétitivité fragile des entreprises allemandes. Le Parti social-démocrate, lui, avait fait de la hausse du salaire minimum à 15 euros de l’heure une promesse phare de sa campagne pour les élections de février.

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Reconversions professionnelles : un accord sans avancée majeure, après une négociation chaotique

Le vice-président de la CPME, Eric Chevée, lors d’un point presse sur les négociations sur les retraites, à Paris, le 17 juin 2025.

Quelques jours à peine après l’échec des discussions sur les retraites, patronat et syndicats se réunissaient à nouveau, mercredi 25 juin, au siège du Medef, pour une ultime séance de négociations sur les transitions et reconversions professionnelles. Et cette fois-ci, les partenaires sociaux sont parvenus à un compromis en fin de journée. Il leur reste désormais à consulter leurs instances qui décideront de valider ou non le projet d’accord.

Les différentes organisations ont peu de temps pour faire connaître au gouvernement leur position, puisque les mesures que contient le texte doivent normalement être intégrées au projet de loi portant la transcription de trois accords nationaux interprofessionnels, qui doit être examiné dans l’Hémicyle à partir du 3 juillet. Alors qu’il vient d’être adopté en commission des affaires sociales de l’Assemblée, une nouvelle réunion en commission dédiée à la transposition des dispositions de ce nouvel accord pourrait avoir lieu mardi 1er juillet.

Le contexte délicat, avec, notamment, la conférence de presse du premier ministre, François Bayrou, prévue jeudi sur les retraites, pourrait influencer les décisions sur d’éventuelles signatures. Dans le patronat, il est acquis que le Medef, la Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME) et l’Union des entreprises de proximité (U2P) apposeront la leur. Côté syndical, la CFDT se montre « prudente malgré une tonalité positive », la CFTC a annoncé donner un avis favorable, FO n’a pas clairement donné sa position mais la tendance est du même ordre. Pour la délégation de la CFE-CGC, le texte est « signable », tandis que la CGT, dont la décision ne sera connue que début juillet, devrait refuser de parapher le compromis.

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Service civique : après l’annonce de la suppression de 15 000 contrats, la sidération du monde associatif

Lors d’un service civique, dont la mission est d’aller à la rencontre des personnes isolées, à Armentières (Nord), le 21 août 2024.

Les associations, ministères et organismes publics sauront à compter du vendredi 27 juin combien de contrats de services civiques ils vont perdre en cette année 2025. La conséquence d’une décision annoncée, jeudi 19 juin, par le ministère des sports, de la jeunesse et de la vie associative : 15 000 missions vont être supprimées. Au lieu de 87 000, ce sont 72 000 contrats qui pourront être signés avec des jeunes de 16 à 25 ans (et jusqu’à 30 ans en cas de handicap), pour des missions d’intérêt général de six à douze mois, indemnisées 620 euros par mois.

Cette baisse de 17 % résulte d’un gel de crédits, qui a touché de nombreux domaines en avril. Le ministère n’a pas obtenu de Matignon le dégel escompté pour ce dispositif phare, qui a fêté en mars ses quinze années d’existence.

« Jamais l’utilité du service civique n’a été autant reconnue dans les discours publics, mais, entre les mots et les actes, il y a désormais un gouffre », réagit Mickaël Huet, délégué général du Mouvement associatif et porte-parole de la Plateforme interassociative pour le service civique, qui s’est fortement mobilisée ces dernières semaines.

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Risques psychosociaux : l’excès de numérique nuit à la santé au travail

A la vaste question de l’impact des technologies sur la santé des salariés, l’Observatoire de l’infobésité et de la collaboration numérique (OICN) tente de répondre en publiant, le jeudi 26 juin, une synthèse résultant de la compilation d’études scientifiques, croisées avec les données enregistrées par le cabinet Mailoop, spécialiste du numérique.

Ce panorama intitulé « Technologies numériques et risques professionnels » rappelle que la santé mentale et la santé physique sont toutes deux mises à mal. Physiquement, la fatigue visuelle et les maux de tête sont produits par le travail prolongé sur écran, puis viennent les dégâts de la sédentarité.

Lire aussi | Article réservé à nos abonnés La pénibilité numérique : deux coupables identifiés

Selon l’enquête European Agency for Safety and Health at Work (2024), la posture assise prolongée est ainsi devenue le premier facteur de risque sur le lieu de travail, devant les troubles musculo-squelettiques (TMS) découlant de gestes répétitifs ou d’une mauvaise ergonomie du poste de travail. « Cette posture favorise les maladies cardio-vasculaires, le diabète et l’obésité. Hier associés à des facteurs génétiques ou à l’hygiène de vie personnelle, ces maux deviennent aujourd’hui des maladies professionnelles avec le développement du numérique et notamment du télétravail », pointe Suzy Canivenc, docteure en sciences de l’information et de la communication et auteure de cette synthèse.

Dix heures trente-neuf chez les dirigeants

Le numérique impacte aussi la santé mentale en intensifiant le travail et en allongeant le temps qui lui est consacré. Trois employés sur quatre estiment en effet que leur travail devient plus complexe, et 42 % en attribuent directement la responsabilité à la transformation numérique (PEGA, 2022). Ensuite, le numérique amène à consacrer toujours plus de temps à la gestion de l’information (répondre aux sollicitations, envoyer des demandes et des relances, coordonner son travail avec les autres) au détriment du reste. « Ces tâches sont rarement mentionnées dans les fiches de poste et dans les plannings, bien qu’elles constituent une part importante de la charge de travail », remarque Suzy Canivenc.

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« La Fabrique de la violence au travail » : aux origines de la souffrance en entreprise

Insomnies, ruminations constantes, pleurs, problèmes de mémoire et de concentration… La liste des symptômes exprimés, en consultation, par les travailleurs en souffrance est longue. Certains évoquent aussi une admission en établissement psychiatrique. D’autres reconnaissent avoir pensé mettre fin à leurs jours. Aujourd’hui, « l’idée même de retourner au travail leur est insupportable », relève Daniel Sartor, psychologue clinicien et psychanalyste.

Dans La Fabrique de la violence au travail (L’Harmattan, 2024), le président de l’association Souffrance au travail du Gard a souhaité analyser les mécanismes à l’œuvre au cœur des organisations, qui expliquent l’effondrement psychique de ces patients. S’appuyant, dans une approche pluridisciplinaire, sur les travaux de nombreux chercheurs (économistes, psychiatres…), le livre interroge l’organisation du travail contemporaine, à la recherche des moteurs de cette violence qui altère la santé mentale de nombreux salariés. Ce faisant, l’essai se penche aussi sur les ressorts psychiques des travailleurs, eux aussi riches d’enseignements : quels processus internes peuvent, selon les situations, les faire tenir ou sombrer ?

Capacité d’initiative limitée

L’ouvrage rappelle, en premier lieu, les changements structurels, bien identifiés, qui ont affecté les organisations depuis les années 1980. Portées par la financiarisation de l’économie, celles-ci ont intensifié le processus d’« émiettement des tâches » introduit par le taylorisme, multiplié les procédures de contrôle et orchestré un management par le chiffre.

Autant de mutations qui ont limité au strict minimum la capacité d’initiative des salariés et les occasions qui leur étaient offertes d’adapter le travail prescrit au réel. « Le travail vivant, celui qui contribue à la construction et à la transformation du sujet, le rendant ainsi compétent et expérimenté (…) n’est plus, déplore M. Sartor. Le nouveau travailleur est traité de manière inhumaine, considéré comme interchangeable, jetable, sans identité, sans identification. »

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Reconversion professionnelle : les syndicats et le patronat parviennent à un accord

Patrick Martin, président du Medef, et Yvan Ricordeau, secrétaire national de la CFDT, lors d’une conférence de presse à la suite du « conclave » sur les retraites, à Paris, le 23 juin 2025.

A l’inverse du conclave sur les retraites, qui s’est soldé par un échec deux jours plus tôt, le patronat et plusieurs syndicats sont parvenus, mercredi 25 juin soir, à s’entendre sur les reconversions professionnelles. Cet accord était voulu par le gouvernement, qui avait demandé en avril aux partenaires sociaux de négocier sur le sujet.

« On est sur un accord qui a du sens dans la façon dont il réorganise de façon un peu plus moderne les dispositifs de reconversion, mais avec une ambition qui est tout à fait mesurée parce qu’on est dans un cadre budgétaire qui est super contraint », a déclaré, juste après la fin de la séance, le négociateur de la CFDT, Yvan Ricordeau. « La CFDT ne va pas dire qu’on va changer de planète sur la reconversion alors qu’il n’y aura pas ce qu’on avait imaginé il y a quelques mois », a-t-il ajouté en relativisant la portée de l’accord, tout comme les autres représentants syndicaux.

Yvan Ricordeau a précisé que le bureau national du premier syndicat se tiendra vendredi et qu’il défendrait le texte, mais qu’il fallait aussi tenir compte du « contexte », « personne n’étant capable de trop savoir ce qui peut se passer [jeudi] sur les arbitrages sur la question des retraites ».

Il a précisé que les trois organisations syndicales présentes dans le conclave sur les retraites (CFDT, CFE-CGC et CFTC) avaient envoyé un texte commun au premier ministre, François Bayrou, qui doit tenir, jeudi à 17 heures, une conférence de presse pour tirer les conclusions de ses dernières discussions avec les partenaires.

« L’effet retraites a joué à plein » car il y a eu « une très grande volonté de la partie patronale d’obtenir un accord », a analysé le représentant de la CFE-CGC, Jean-François Foucard, qui a jugé l’accord « signable » tout en ajoutant ne pas savoir quand son organisation se prononcerait.

Un compromis sous contraintes budgétaires

« Il n’y a pas de nouveaux droits mais on n’en a pas perdus », a estimé pour sa part le négociateur FO, Michel Beaugas.

« Le CPF [compte personnel de formation] reste à la main du salarié, à chaque fois il devra donner son avis » sur sa mobilisation pour financer une formation, et dans le cadre d’une mobilité interne à son entreprise, « il ne pourra pas donner tout son CPF mais seulement 50 % », a-t-il détaillé. « On retrouve beaucoup de nos demandes » dans l’accord, selon le responsable de FO, qui a toutefois précisé être dans « l’incapacité de dire si nous serons signataires ou non ».

Lire aussi | Article réservé à nos abonnés Une captation du CPF par les entreprises ?

La CFTC a déclaré, par la voix de sa négociatrice, Aline Mougenot, qu’elle présentera l’accord au conseil confédéral avec « plutôt un avis favorable » après avoir notamment obtenu que soit consigné dans le texte que « le salarié donne son accord pour une reconversion externe » afin que la reconversion ne puisse pas servir de licenciement déguisé.

La CGT en revanche, si elle ne s’est pas prononcée pour un rejet du texte, a de nouveau sévèrement critiqué la méthode de négociation « très dure » du patronat et la volonté du gouvernement d’aboutir rapidement alors que « le sujet aurait mérité une négociation plus longue », selon la négociatrice de la centrale de Montreuil, Sandrine Mourey. Elle a cependant reconnu que les pourparlers avaient permis de progresser, mais estimé que « le texte final aurait été un bon texte de démarrage de la négociation ».

Des avancées sur la formation et la mobilité

Enfin, le négociateur du Medef, Hubert Mongon, a salué un accord permettant « de mettre la formation au service de l’emploi ».

Sur le projet de transition professionnelle (PTP) à l’initiative du salarié, pour lequel les syndicats ont réclamé et obtenu le droit à la réintégration dans son entreprise d’origine du salarié parti en formation en cas d’échec de son insertion dans l’entreprise d’accueil, M. Mongon a estimé qu’un « bon compromis » a été trouvé « pour que chacun puisse être rassuré ».

Il a enfin précisé que le texte serait transmis dans la nuit de mercredi à jeudi au ministère du travail pour être intégré au projet de loi qui transpose notamment l’accord national interprofessionnel (Ani) sur l’emploi des seniors, déjà adopté sur ses autres articles par la commission des affaires sociales de l’Assemblée. Celle-ci se réunira à nouveau lundi pour permettre d’intégrer l’accord sur les reconversions.

Le Monde avec AFP

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Malgré les webinaires, les RH n’ont pas renoncé aux grands salons professionnels

La boîte e-mail de Mathieu, directeur adjoint dans une entreprise de conseil, est saturée. Les invitations à des webinaires, salons en ligne et congrès numériques pullulent. Ce consultant aime ces formats, qui lui permettent de ne pas quitter son bureau et de répondre à quelques demandes en parallèle, à tel point qu’il ne se rend désormais quasiment jamais aux grandes rencontres professionnelles physiques. « Le seul intérêt de se déplacer, c’est le côté paillettes, lorsque le DRH d’une entreprise cotée se félicite de révolutionner les ressources humaines pour un rien », tranche-t-il. Au-delà, il trouve ces rendez-vous professionnels chronophages.

Et pourtant, ces événements physiques ne sont pas en perte de vitesse, au contraire : en Ile-de-France, le nombre de salons et de congrès, ainsi que les effectifs de visiteurs, ont non seulement retrouvé leur santé d’avant Covid-19, mais ils sont même dans une dynamique de croissance.

Au premier trimestre, la Chambre de commerce et d’industrie (CCI) de Paris compte 6,6 % de visiteurs supplémentaires aux salons professionnels par rapport à l’année précédente, ainsi qu’une progression du nombre d’exposants de 4,4 %. Car ces rencontres ont su mettre en avant le contact direct et satisfaire la curiosité des visiteurs en mettant à profit les outils numériques.

« Se retrouver entre passionnés »

Se passer d’un rendez-vous physique ? Hors de question pour Fabienne Delahaye, qui a fondé et qui préside le salon du « made in France ». « Le salon est à la rencontre professionnelle ce que le concert est à la musique, c’est-à-dire une forte émotion et la joie de se retrouver entre passionnés », analyse-t-elle. Les salons permettent d’appréhender un produit et de transmettre une histoire aux prospects, qui ont prévu du temps dans leur agenda pour s’inspirer de nouvelles idées : en moyenne, les visiteurs étrangers consacrent 3,3 jours à la visite d’un événement professionnel, une durée stable.

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