Au Royaume-Uni, la semaine de quatre jours fait des adeptes jusque dans l’administration
Discrètement mais sûrement, la semaine de quatre jours de travail s’installe au Royaume-Uni. Une soixantaine d’entreprises (sociétés de conseil, start-up en robotique ou en informatique, associations caritatives, près de 3 000 salariés au total) ont participé à un premier test de six mois, entre juin et décembre 2022, le plus vaste organisé par la campagne « 4 Day Week Global », lancée à la fin des années 2010 dans plusieurs pays occidentaux. Le principe est le même partout : les employés travaillent 20 % d’heures en moins, mais conservent 100 % de leur paie et les mêmes objectifs de travail.
Publiés en février, les résultats du test sont largement positifs : selon une étude menée par l’université de Cambridge et le Boston College pour le compte de « 4 Day Week Global », 92 % des organisations ont choisi de poursuivre l’expérimentation : les personnels sont davantage motivés, leur productivité n’a pas chuté. Une vingtaine d’entre elles a même adopté la semaine de quatre jours de manière permanente.
Tyler Grange, une société de conseil en paysage et arboriculture, en fait partie. « Ce rythme de travail a été l’occasion de remettre à plat notre manière de fonctionner, d’être plus efficaces et plus créatifs : on ne peut pas abattre la même charge en travaillant un jour de moins sans changer nos pratiques », explique Simon Ursell, le directeur général de l’entreprise.
Moins de déplacements (l’entreprise dispose de six sites en Angleterre), moins de réunions : « Notre communication s’est nettement améliorée. La plupart de nos clients travaillent le vendredi, nous devons nous assurer que le jeudi soir, tous nos messages ont été parfaitement compris, sinon ils vont vous appeler durant votre week-end. »
« Toutes les entreprises vont devoir s’y mettre »
Les 85 salariés de Tyler Grange ne sont pas censés travailler le vendredi, à moins d’une urgence (un client angoissé, un problème sur une mission). Tout le monde n’a cependant pas adhéré d’emblée : « Au début, ce sont surtout les meilleurs de l’équipe qui étaient les plus réticents, ils étaient efficaces sur cinq jours, ils ne voyaient pas l’intérêt de changer », assure le dirigeant.
Quelques personnes ont même quitté l’entreprise, mais Tyler Grange n’a aucun problème de recrutement, assure M. Ursell, « contrairement aux autres sociétés du secteur ». Il table sur un gain de productivité de 3 % à 6 % sur l’année fiscale se terminant fin juillet. « Lors du premier mois à quatre jours, notre productivité a chuté de 6 %, j’étais inquiet. Mais, très vite, nous avons remonté la pente. Il faut bien de trois à six mois pour prendre le rythme : même avec une organisation optimisée, le travail est bien plus intense », reconnaît-il. Il en est persuadé : « Toutes les entreprises vont devoir s’y mettre, sinon elles n’arriveront plus à recruter. »
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