Alstom, en difficulté financière, va supprimer 1 500 emplois
Le carnet de commandes n’a jamais été aussi bien rempli, les pays riches ou émergents aussi demandeurs et le rôle du train aussi crucial pour décarboner les transports dans un monde où la mobilité et l’urbanisation progressent toujours. Et pourtant… Alstom, numéro deux mondial du secteur derrière le chinois CRRC, traverse une grave crise de trésorerie et peine à exécuter en temps et en heure ses contrats, notamment ceux repris lors du rachat de son concurrent canadien Bombardier Transport, en 2021.
Le groupe a annoncé, mercredi 15 novembre, un résultat net part du groupe de seulement 1 million d’euros au premier semestre de son exercice décalé (d’avril 2023 à mars 2024) et deux initiatives majeures. Sur la gouvernance, d’abord. A l’issue de l’assemblée générale de juillet 2024, Philippe Petitcolin, ex-directeur général de Safran, deviendra président et le PDG actuel, Henri Poupart-Lafarge, directeur général. Sur le redressement du bilan, ensuite. Un plan de réduction des coûts a été annoncé : il prévoit la suppression de 1 500 emplois équivalent temps plein, « soit 10 % des fonctions commerciales et administratives ». Le dirigeant estime que cette mesure est liée « à la dernière phase de l’intégration de Bombardier », qui ne s’achèvera pas, selon lui, avant début 2025.
Le groupe prévoit aussi des cessions d’actifs et une possible augmentation de capital « avec droit de préemption pour les actionnaires ». Les analystes de J.P. Morgan estimaient récemment qu’il devait trouver au moins 1 milliard d’euros dans les douze mois. Objectifs : réduire de 2 milliards d’ici à mars 2025 une dette qui a atteint 3,4 milliards d’euros, et éviter que les agences de notation ne classent la société dans la catégorie « spéculative ». Alstom assure que « les actionnaires de référence [la Caisse des dépôts du Québec et Bpifrance] soutiennent ce plan ».
Retards de livraison
Le marché ferroviaire reste certes porteur. Le chiffre d’affaires s’élève à 8,4 milliards d’euros au premier semestre et le carnet de commandes atteint 90 milliards. Cela donne une « forte visibilité sur les ventes futures », souligne l’entreprise, qui honorera « tous ses contrats », a prévenu son patron. Mais son problème crucial est dans l’immédiat son incapacité à générer de la trésorerie grâce à son activité, ce qui « constitue un appel clair au changement », prévient M. Poupart-Lafarge. De – 1,1 milliard au premier semestre, le « cash-flow libre » doit être ramené à une fourchette de – 500 à – 750 millions sur l’ensemble de l’exercice, selon ses dirigeants.
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