Allemagne : les salariés des services publics veulent être mieux payés
Combien doit être payé un éboueur ? Une infirmière ? Un éducateur de jeunes enfants ? Une conductrice de tram ? En Allemagne aussi, la plupart de ces métiers sont peu considérés socialement, et mal payés. Durant la crise sanitaire, ce sont pourtant ceux qui ont continué à travailler malgré les risques de contamination, leurs métiers étant considérés comme « essentiels ».
« Applaudir ne suffit pas », accuse depuis quelques jours le syndicat Verdi, brocardant l’hypocrisie révélée par la crise du Covid : les habitants des classes moyennes supérieures des centres-villes prêts à célébrer à leur balcon les petites mains des services essentiels comme « héros du Corona », oublient souvent que ces derniers sont bien moins payés qu’eux. Le syndicat relève ainsi l’écart des rémunérations en Allemagne : les conducteurs et conductrices de bus et de tram gagnent en moyenne 11,38 euros brut de l’heure, les assistantes et assistants médicaux 11,56 euros, les employés des services de traitement des déchets 16,88 euros, tandis que « les autres métiers », souligne le syndicat, gagnent en moyenne 19,38 euros brut de l’heure. Fort de ce constat, Verdi réclame actuellement de substantielles revalorisations pour les 2,3 millions d’employés de la fonction publique : 4,8 % de hausse, avec une augmentation de 150 euros minimum.
Pour renforcer son pouvoir de négociation, le syndicat a lancé depuis quelques jours une série de grèves « d’avertissements » dans tout le pays. Ce type d’action est classique en Allemagne, il consiste à cesser le travail quelques heures seulement, en amont d’une négociation. Après un premier épisode de grève fin septembre, une nouvelle vague de cessation de travail est annoncée pour vendredi 9 octobre : plusieurs régions vont connaître des perturbations dans les transports, les crèches communales ou les hôpitaux.
Critiques de la méthode
Malgré la sensibilisation due à la période du confinement, la campagne de Verdi est loin de recueillir un soutien débordant en Allemagne. De nombreux observateurs critiquent la méthode. Alors que le nombre d’infections est en hausse dans le pays, les grèves d’avertissement contribuent à perturber le quotidien de ceux qui ont déjà payé un lourd tribut à la pandémie : les familles avec de jeunes enfants, dépendantes des écoles, ou les salariés des métiers pour lesquels le télétravail n’est pas possible, condamnés aux bouchons s’ils ne peuvent pas prendre les transports en commun. Et tous les fonctionnaires ne sont pas, loin s’en faut, payés au même niveau que les conductrices de tram.
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