A Saint-Martin-de-Crau, la crise sanitaire menace la récolte de pêches

A Saint-Martin-de-Crau, la crise sanitaire menace la récolte de pêches

Dans les vergers du domaine de la Cabanasse à Saint-Martin-de-Crau (Bouches-du-Rhône), les pêches ont à peine la taille de prunes en ce début du mois de mai. Les nectarines, elles, brillent joliment au soleil mais ne sont guère plus développées. Le temps fort de la récolte est encore loin, mais la perspective d’une saison rendue difficile par la fermeture des frontières pour cause de Covid-19, perturbe déjà le quotidien de Patrice Vulpian, propriétaire de cette exploitation de 45 000 arbres.

Article réservé à nos abonnés Lire aussi Les agriculteurs recherchent toujours des bras

Sous un ciel bleu limpide, une quinzaine de ses salariés, essentiellement des femmes, est en plein « éclaircissage ». L’étape est capitale. Il s’agit d’éliminer plus de la moitié des fruits pour permettre aux autres de s’épanouir. « Pour cette partie, on est dans les temps. Ce qui nous préoccupe, c’est plutôt la récolte. Les abricots commencent doucement la semaine prochaine. Si les frontières dans l’espace Schengen n’ouvrent pas le 1er juin, cela va être compliqué », détaille M. Vulpian, 60 ans, masque chirurgical sur le nez.

Des ouvriers coincés au Maroc

A la Cabanasse, on produit et emballe 1 500 tonnes de pêches et nectarines et 300 tonnes d’abricots chaque année. De mi-mai à fin septembre, une cinquantaine d’employés en CDD travaille dans les vergers. La station de conditionnement, grand hangar doté de deux chaînes d’emballage, accueille, elle, une autre quarantaine de salariés. Une exploitation de taille moyenne dans cette partie de la Provence, où, dans un diamètre de quinze kilomètres, les vergers occupent 2 000 hectares. « En plein été dans la Crau, plus de 1 000 personnes travaillent à la récolte et 1 000 autres dans les stations fruitières », calcule l’arboriculteur, qui copréside la Fédération nationale des producteurs de fruits.

Dans les Bouches-du-Rhône, la FDSEA estime que 6 000 salariés en contrats en durée déterminée ou en contrats de l’Office français de l’immigration et de l’intégration ne pourront rejoindre les 4 200 exploitations du département si les frontières ne rouvrent pas. Marocains, Tunisiens, Roumains, Espagnols ou encore Equatoriens, employés par l’intermédiaire des agences d’intérim ibériques.

Article réservé à nos abonnés Lire aussi Coronavirus : la pénurie de saisonniers paralyse l’agriculture européenne

A la Cabanasse, douze ouvriers marocains sont arrivés en février pour des contrats de six mois. Quatre les ont rejoints début mars. Mais vingt autres salariés, qui reviennent chaque été dans l’exploitation, sont restés coincés au Maroc depuis la mi-mars et la fermeture des frontières. « Mon frère et deux de mes cousins devraient être là », témoigne Hakim Karam, un des dix salariés permanents du domaine. « Mon beau-frère aussi. Il bricole un peu en attendant au Maroc, mais, pour lui et sa famille, ne pas venir ici c’est une catastrophe économique », ajoute Nordine Zanboui, 49 ans. Seuls dans un champ, les deux hommes attachent consciencieusement des jeunes pêchers à des guides. « On emploie les mêmes personnes depuis plusieurs dizaines d’années… Des ouvriers qui ont l’habitude de ce qu’il faut faire ici, qu’on peut laisser en autonomie. En les perdant, on perd tout un savoir-faire », regrette Patrice Vulpian.

Il vous reste 31.72% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Avatar
LJD

Les commentaires sont fermés.