A Pôle emploi, mille conseillers vont se mettre au service des recruteurs
Les employeurs confrontés à la pénurie de main-d’œuvre ont besoin d’un accompagnement actif de l’opérateur public.
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Les entreprises, notamment les TPE-PME, ont de plus en plus de mal à recruter. Selon l’enquête Besoin en main-d’œuvre (BMO) 2019 de Pôle emploi, un projet d’embauche sur deux est jugé difficile. Afin de mieux répondre à cette problématique, Pôle emploi va augmenter ses effectifs de conseillers chargés des entreprises, portant leur nombre de 4 300 à 5 300. Cette mission sera confiée à des agents volontaires. Ils seront remplacés à leur poste habituel par des contrats à durée déterminée (CDD) de trois ans.
La Confédération française démocratique du travail (CFDT) ne boude pas son plaisir : « La suppression à Pôle emploi de 1 000 postes par an jusqu’en 2022 avait été annoncée. Donc ces embauches – même si elles sont précaires – sont une bonne nouvelle », explique Pascal Nezan, secrétaire national CFDT chargé du secteur emploi à la Fédération protection sociale travail emploi (PSTE).
Le rôle de ces conseillers consistera à recontacter toutes les entreprises dont le recrutement (hors offre d’emploi cadre) n’a pas abouti en trente jours. L’opérateur leur proposera alors un service « personnalisé » : travail sur l’offre, analyse de poste, présélection de candidats, action d’adaptation aux postes… avec le souci de coller aux différentes réalités des territoires.
Le secteur « commerce et réparation automobile » en difficulté
« C’est une très bonne idée, apprécie Brigitte Schifano, directrice des ressources humaines (DRH) d’AramisAuto, distributeur de véhicules qui emploie 550 salariés. Le conseil personnalisé est quelque chose de précieux. Aujourd’hui, seuls 8 % de nos recrutements se font par l’intermédiaire de Pôle emploi. J’adorerais passer à 50 % mais nous n’avons actuellement aucune interaction avec eux. Or Pôle emploi devrait avoir une vraie compréhension des besoins de l’entreprise, de sa culture, de son fonctionnement… Aucune société ne confierait ses recrutements à un cabinet qui ne ferait pas preuve d’écoute et d’empathie. La relation doit être de qualité. »
Pascal Brethomé, vice-président métiers au Conseil national des professions de l’automobile (CNPA), se montre plus circonspect. « Si ces nouveaux conseillers sont là pour nous aider à remplir les demandes sur le site Internet, ce n’est pas la peine ! Plus personne dans la profession n’a confiance en Pôle emploi. Et la situation ne fait qu’empirer. » Il est vrai que le secteur souffre tout particulièrement : avec 71 % des embauches jugées problématiques, l’activité « commerce et réparation automobile » monte sur la première marche du podium des secteurs en difficulté.