A New York, des bureaux largement dépeuplés en fin de semaine

A New York, des bureaux largement dépeuplés en fin de semaine

Dans le quartier financier de Manhattan, à New York, le 26 janvier 2019.

« Vous ne pouvez pas rester en pyjama toute la journée ! » Pendant l’hiver 2022, le nouveau maire (démocrate) de New York, Eric Adams, avait invité les habitants à reprendre le chemin du bureau. « New-Yorkais, il est temps de retourner au travail. Vous ne pouvez pas me dire le lundi que vous avez peur du Covid-19, alors que je vous croise le dimanche dans une boîte de nuit. » A l’époque, beaucoup pensaient que la pression des employeurs et la remontée du chômage pour cause d’inflation allaient provoquer un retour à la normale. C’est raté. « Le retour au bureau a calé », titrait le Wall Street Journal, le 16 mai.

La part des entreprises américaines qui exigent de leurs employés de travailler à plein temps au bureau est retombée en trois mois de 49 % à 42 %. Selon le groupe de réflexion Working from Home, le pourcentage de salariés travaillant à distance au moins six heures par semaine a certes chuté de 61,5 %, au pic de la pandémie, à 28,4 % en avril, mais ce chiffre n’a rien à voir avec la situation qui prévalait jusqu’en 2020, où le travail de chez soi ne concernait que 4,6 % d’entre eux.

Insensiblement, ils prennent le chemin de la semaine de quatre jours, avec des locaux désertés le vendredi. Ainsi, à New York, en janvier, le taux d’occupation des bureaux était de plus de 60 % le mardi, mais dépassait à peine 25 % le vendredi.

Aides fiscales

Cette situation représente une catastrophe pour les activités de service urbain. D’après Working from Home, pour tout salarié qui travaille de chez lui au lieu de se rendre à Manhattan, 4 600 dollars (environ 4 250 euros) de chiffre d’affaires n’est pas réalisé. « Le comptable qui n’est pas dans son bureau ne va ni chez le teinturier ni au restaurant. Cela ne permet pas aux cuisiniers, aux serveurs, aux laveurs de vaisselle [de gagner leur vie] », a accusé M. Adams.

Le maire a mis en place des aides fiscales pour la rénovation des bureaux construits avant l’an 2000. « Tout bureau vide signifie moins de financement pour tout, qu’il s’agisse des écoles ou des logements à loyer modéré. » Par définition, le travail à distance concerne les « travailleurs sur ordinateur », dans la tech, la banque et le conseil, et très peu les salariés du bas de l’échelle salariale, dans l’hôtellerie, les loisirs et le commerce de détail. C’est aussi un drame pour la mairie : un tiers de son budget est alimenté par la taxe foncière (31 milliards de dollars par an), dont 40 % proviennent de l’immobilier commercial ou de bureau.

Le taux d’occupation des bureaux dans les dix plus grandes villes américaines reste proche de 50 % depuis des semaines, au dire de Kastle Systems, une société de sécurité qui surveille les lectures de cartes d’accès. Les entreprises ont alterné le bâton et la carotte pour attirer leurs salariés. Selon le Wall Street Journal, le cabinet d’avocats Davis Polk & Wardwell LLP a menacé de réduire le bonus des employés qui n’étaient pas présents trois jours par semaine. En avril, la banque d’affaires J.P. Morgan a exigé une présence de cinq jours par semaine. Quant à Meta, la firme de Mark Zuckerberg, elle a indiqué ne plus vouloir recruter de personnes complètement à distance, laissant qu’elle finirait par exiger un retour au bureau.

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LJD

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