A l’heure des économies, Amazon licencie plusieurs milliers d’employés de bureau
Après Meta ou Twitter, Amazon va, à son tour, licencier plusieurs milliers de personnes, à partir de cette semaine. Le nombre précis des départs – non confirmés par l’entreprise – pourrait atteindre 10 000, écrivent le New York Times et le Financial Times, lundi 14 novembre. En valeur absolue, la vague de suppression de postes est comparable à celle subie par la maison mère de Facebook, Instagram et WhatsApp (11 000 licenciements) ou par le réseau social racheté par Elon Musk (3 750 plus plusieurs milliers de prestataires). Toutefois, la proportion est, chez Amazon, bien moindre : elle représenterait moins de 1 % du 1,5 million d’employés du leader mondial de la vente en ligne et environ 3 % de ses salariés hors de ses entrepôts.
Pour l’entreprise fondée par Jeff Bezos, habituée à des années de croissance ininterrompue, un tel plan de départs touchant les employés des bureaux est tout à fait inhabituel. Il symbolise le coup de froid qui touche les entreprises technologiques ces derniers mois.
Le changement d’ambiance est notable par rapport à l’euphorie connue après la pandémie de Covid-19 par le secteur, porté par la hausse des usages numériques liée aux confinements, e-commerce en tête. Pour accompagner sa croissance accélérée, Amazon a probablement établi un record historique de recrutement : ses effectifs ont, entre fin 2019 et fin 2021, doublé, passant de 800 000 à 1,6 million d’employés. L’entreprise est devenue le deuxième employeur au monde, derrière le géant américain de la grande distribution Walmart.
Recul de l’action de 42 %
Depuis, la croissance exceptionnelle de l’e-commerce s’est tassée et le risque de récession économique combiné à l’inflation a fait planer le spectre d’un recul des ventes et d’une hausse des coûts. Fin juillet, l’entreprise a publié une perte trimestrielle comptable de 2 milliards de dollars (1,92 milliard d’euros). Au troisième trimestre, Amazon a annoncé un bénéfice net de 2,9 milliards de dollars et conservé une croissance du chiffre d’affaires de 15 % mais a prévu que cette dernière ne dépasserait pas 2 à 8 % sur la fin de l’année. L’action a reculé de 42 % depuis janvier.
En réaction, le groupe a, dès avant l’été, annoncé se considérer en « surcapacité » d’entrepôts et d’effectifs. Et prévu de « réduire » les coûts. Cela s’est traduit par un ralentissement des ouvertures d’entrepôts et quelques cessions de surfaces, mais aussi par une réduction du nombre d’employés des entrepôts, de l’ordre de 80 000 départs non remplacés, selon la presse américaine. Le gel des embauches a été étendu la semaine dernière aux employés de bureau.
Ces derniers jours, le directeur général Andy Jassy, qui a remplacé Jeff Bezos en 2021, a lancé un processus interne de recherche d’économies. Amazon a déjà, cet automne, fermé le service de consultation médicale à distance et en personne Amazon Care, ainsi que le projet de petit robot de livraison Scout. Les économies devraient toucher certains services non rentables.
Selon la presse américaine, les licenciements annoncés lundi 14 novembre devraient notamment engendrer des départs dans la division « appareils ». Celle-ci regroupe la production d’objets électroniques comme la liseuse Kindle, les tablettes Fire et interface de connexion de téléviseur Fire TV, ainsi que les enceintes connectées Echo et les sonnettes connectées Ring, mais aussi l’assistant personnel vocal Alexa, dont les équipes atteignent 10 000 personnes. Les équipes de pilotage des activités d’e-commerce devraient également subir des départs, ainsi que celles des ressources humaines, l’heure n’étant désormais plus aux embauches massives.