A La Roche-sur-Yon, des « Michelin » plus très sereins sur leur reclassement

Jean-Louis Divet demande à ce qu’on le rappelle plus tard dans la journée. « J’ai un rendez-vous en visioconférence avec le cabinet Altedia, il ne faut pas que je le rate. A 50 ans, si je veux retrouver du boulot, je dois me donner à 100 %. » Le reclassement, cet ancien responsable d’équipe connaît. « C’était en 1993, lors de la fermeture d’un atelier de l’usine de Tours. Je suis passé d’un site Michelin à un autre. Aujourd’hui, c’est différent, on parle d’un arrêt total d’activité. »
Communiquée le 10 octobre 2019, la fermeture de l’usine de La Roche-sur-Yon prendra effet fin 2020. Un coup de massue pour les 619 salariés du dernier fleuron français de confection de pneus poids lourds, rapidement atténué par la promesse d’un bassin d’emplois vendéen comme amortisseur à ces centaines de licenciements annoncés. A tel point que 78,7 % des ouvriers se sont prononcés à 96,1 % en faveur de négociations dans le cadre d’un plan de sauvegarde de l’emploi (PSE). Sept mois et une double crise sanitaire et économique plus tard, ce reclassement s’avère bien plus compliqué à mener que prévu.
« Ça a bougé », reconnaît Laurent Bador, délégué central CFDT, qui a pourtant fait le déplacement depuis Clermont pour acter, le 13 mai, quatre nouvelles promesses d’embauche en CDI. « La réalité, nuance Nicolas Robert, de SUD Michelin, c’est que, sur les vingt CDI déjà engagés, la majorité a soit été repoussée, soit transformée en CDD. » Contactés, certains des salariés concernés n’ont pas souhaité donner suite à nos sollicitations. « Le contexte étant ce qu’il est, je préfère ne pas me griller », a fini par déclarer un « ex-Michelin ».
« Difficile de se projeter »
Paralysées par une situation économique fortement dégradée, la majorité des 24 000 entreprises recensées par la chambre de commerce et d’industrie (CCI) de Vendée ont cumulé près de 400 millions d’euros d’aides et de reports de crédits. « Des chiffres qui permettent de mesurer l’ampleur des dégâts », a réagi Arnaud Ringeard, président de la CCI, lors de la présentation d’une enquête réalisée auprès de 2 115 entrepreneurs vendéens, entre le 29 avril et le 11 mai.
Anticipant le recours massif au chômage partiel (en avril, 26,4 millions d’heures de travail ont été autorisées pour 60 000 salariés vendéens) et les problèmes de trésorerie à venir, la CGT s’est rapidement inquiétée du respect des règles du PSE auprès de la direction régionale des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l’emploi.
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