A Belfort, deux syndicats de General Electric attaquent l’Etat en justice
La CFE-CGC et SUD ont saisi, lundi, le tribunal administratif de Paris. Alors qu’un plan social est en cours, ils dénoncent le non-respect de l’accord signé en 2014 qui prévoyait le maintien et le développement de l’activité industrielle de GE en France.
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Leur dernière entrevue, la semaine dernière à Bercy, avec les équipes de Bruno Le Maire, ministre de l’économie, « n’a absolument rien donné », rapporte, déçu et agacé, Philippe Petitcolin, porte-parole de l’intersyndicale (CFE-CGC/SUD/CGT) de l’entité belfortaine de General Electric (GE). Conséquence : deux syndicats ont décidé de passer à la vitesse supérieure. « On leur a dit : “Maintenant, ça suffit ! On ne discute plus !” »
Lundi 7 octobre, la CFE-CGC et SUD – sans la CGT – ont saisi le tribunal administratif de Paris afin de mettre en cause la responsabilité de l’Etat français dans le non-respect de l’accord de 2014 signé avec GE. La ville de Belfort, le conseil départemental du Territoire de Belfort et la région Bourgogne-Franche-Comté se disent solidaires de cette initiative et évoquent la possibilité de déposer plainte à leur tour.
« Cet accord conditionnait l’opération d’acquisition de l’activité énergie et réseaux d’Alstom au maintien et au développement de l’activité industrielle de GE en France », rappelle le syndicaliste (CFE-CGC). Or, selon celui-ci, le projet de suppression de 792 emplois, dévoilé le 28 mai dernier, est la conséquence directe de ce non-respect ; pour les syndicats, les dés étaient pipés dès le départ.
Dialogue de sourds et ambiance de plomb
L’accord de 2014 stipulait, par exemple, que les quartiers généraux européens de GE, pour les activités turbines à gaz de grande taille à usage industriel de 50 Hertz (Hz), demeureraient à Belfort. « Mais avant même la validation de l’acquisition, le PDG américain de GE, Henry Lawrence “Larry” Culp, a communiqué un organigramme de la direction mondiale du groupe dans lequel ne figurait plus aucun Belfortain », enrage Philippe Petitcolin. « Tous les postes jusque-là localisés chez nous ont été progressivement supprimés et les managers rétrogradés dans la hiérarchie. » Le site de la Cité du lion « est passé d’un centre de décision à un centre d’exécution ». Alexis Sesmat, délégué syndical SUD, appuie :
« La nouvelle équipe dirigeante, principalement basée en Suisse pour des raisons fiscales évidentes, a déployé une stratégie purement financière matérialisée par la fermeture de sites, la délocalisation d’activités dans les pays dits low-cost, la réduction des budgets de R&D et le gel des investissements. »