Prix de l’électricité : appel à la grève à EDF pour protester contre les mesures imposées par le gouvernement
Les mesures du gouvernement pour limiter la hausse des prix de l’électricité en France ne passent pas chez EDF. Les quatre principaux syndicats du secteur énergétique ont lancé, mardi 18 janvier, un appel commun à la grève des salariés d’EDF.
« On a eu une réunion interfédérale hier soir, les quatre organisations, FO, CFE-CGC, CFDT et FNME-CGT, ont fait un appel commun [pour] le 26 janvier », a annoncé à l’Agence France-Presse (AFP) Fabrice Coudour, secrétaire fédéral de la FNME-CGT chargé de la politique revendicative.
Les quatre syndicats de branche appellent, selon lui, « à protester contre cette décision scandaleuse d’augmentation du plafond de l’Arenh [accès régulé à l’électricité nucléaire historique], qui vient spolier le rôle d’EDF, voire organiser la destruction d’EDF ». « La situation est grave, l’attaque est lourde de sens, et la riposte doit être collective », a estimé, de son côté, FO Energie et Mines.
Alors que les prix de l’énergie flambent, le gouvernement a demandé jeudi à EDF, dont l’Etat possède 84 %, d’augmenter de 20 % le volume d’électricité nucléaire vendu à prix réduit à ses concurrents cette année afin de contenir la hausse des factures pour les consommateurs.
Au lieu de vendre aux prix forts du marché, le groupe va donc vendre à un prix réduit jusqu’à 40 % de sa production électrique en 2022 et perdre des milliards d’euros – environ 8 milliards sur son excédent brut d’exploitation 2022, selon EDF.
La décision du gouvernement est un « choc », selon le PDG
La décision a ému jusque dans les plus hautes sphères de l’énergéticien. Dans un message interne aux « manageurs » d’EDF, le PDG, Jean-Bernard Lévy, a qualifié la décision du gouvernement de « véritable choc ». « Ce n’est pas ce que nous avions proposé au gouvernement », cette décision « va peser lourdement sur nos résultats », a-t-il souligné dans ce texte, consulté par l’AFP. « Beaucoup d’entre vous m’ont fait part de leur soutien, voire de leur indignation, et je partage votre émotion », a aussi écrit le PDG.
Cette décision du gouvernement, la semaine dernière, s’est ajoutée à de nouveaux retards pour l’EPR de Flamanville (Manche) et au problème de corrosion sur des systèmes de sécurité de nouveaux réacteurs. Le cours d’EDF avait plongé à l’issue de cette semaine noire.
« Nous serons aux côtés d’EDF pour les aider à passer cette difficulté », avait déclaré, la semaine dernière, Barbara Pompili, ministre de la transition écologique, relançant des spéculations à propos d’une possible recapitalisation.
L’appel du 26 est indépendant d’un autre mouvement social destiné à défendre une revalorisation des salaires dans l’ensemble du secteur de l’énergie, à l’appel de la seule FNME-CGT. Quelques sites ont devancé cet appel du 25 – des centrales thermiques à flamme (centrales électriques fonctionnant au gaz, au fioul ou à ce qui reste du charbon).
C’est notamment le cas de la Cetac (centrale d’exploitation des turbines à combustion), qui pilote six petits sites de production en Ile-de-France et en Bretagne, et de la centrale de Martigues, ce qui représente une indisponibilité d’environ 2 300 MW au total, selon la CGT.