Avec la reprise, le nouvel horizon du plein-emploi
En une phrase, Emmanuel Macron a transporté son auditoire vers un âge d’or que la France a quitté depuis des décennies : il faut « viser (…) le plein-emploi », a déclaré le président de la République durant son allocution du 9 novembre. La formule ne peut que frapper les esprits dans un pays où le chômage de masse est profondément enkysté. Elle suggère aussi que des ambitions nouvelles se font jour au plus haut sommet de l’Etat.
Durant la course à la magistrature suprême en 2017, M. Macron avait tracé un cap : ramener de 9,5 % à 7 % la part des chômeurs dans la population active, d’ici à la fin de la mandature. Cet engagement, qui semblait tenir de la gageure avec la récession déclenchée par l’épidémie de Covid-19, est redevenu crédible, grâce à la vigueur de la reprise. « Le programme prévoyait 1,3 million d’emplois supplémentaires en cinq ans », rappelle l’économiste Jean Pisani-Ferry, qui joua un rôle-clé dans l’équipe de campagne du candidat d’En marche ! Or, « à l’été 2021, on n’est pas loin d’1 million d’emplois [en plus] depuis le début du quinquennat », ajoute-t-il, en additionnant les progressions enregistrées pour les travailleurs salariés et non salariés : « Cela laisserait augurer à l’arrivée un résultat assez en ligne avec le chiffrage initial », avance M. Pisani-Ferry, tout en précisant que des « aléas » demeurent.
Quant au taux de chômage, il se situe aujourd’hui à 8,1 % pour l’ensemble du territoire (outre-mer compris, sauf Mayotte) et pourrait refluer jusqu’à 7,6 % sur les trois derniers mois de l’année, selon les prévisions de l’Insee. Un ratio qui est proche du but que s’était fixé M. Macron. Mais le locataire de l’Elysée entend faire mieux : « Nous ne devons pas viser seulement 7 % de chômage », a-t-il dit, le 9 novembre. Son horizon, c’est donc le plein-emploi, désormais.
« Chômage incompressible »
Jusqu’à quel pourcentage faut-il descendre pour se retrouver dans une telle configuration ? La réponse, que le chef de l’Etat s’est abstenu de livrer, est tout sauf évidente. « Il est très difficile d’identifier le niveau où se situe le plein-emploi », confie Jean-Luc Tavernier, le directeur général de l’Insee. Bien que cette notion ait des connotations idylliques, elle « ne signifie pas que tous les actifs ont du travail », enchaîne Yannick L’Horty, professeur à l’université Gustave-Eiffel (Paris-Est). « Subsiste, en effet, un chômage “frictionnel” imputable au fait qu’un minimum de temps est nécessaire pour se faire embaucher, après avoir quitté un poste ou au moment de démarrer une carrière professionnelle », explique-t-il.
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