« Les élections locales ont montré un déficit du vote des jeunes, des femmes et des pauvres »

« Les élections locales ont montré un déficit du vote des jeunes, des femmes et des pauvres »

Tribune. Notre démocratie représentative est issue de la Révolution française. Initialement, c’était les hommes riches qui élisaient les représentants : c’était le suffrage censitaire masculin. Puis, le suffrage est devenu progressivement plus universel : les hommes pauvres, comme les riches. Puis les femmes. Puis les jeunes de plus de 18 ans.

Aujourd’hui, les analyses de la participation aux élections locales montrent un déficit du vote des jeunes, un déficit du vote des femmes, un déficit du vote des pauvres. Comme si les acquis successifs vers l’universalité du vote se réduisaient : moins de jeunes, moins de femmes, moins de pauvres. Régression vers le suffrage censitaire.

Qui s’intéresse aux affaires locales ? Qui a envie de voter aux élections locales ? La taxe d’habitation est supprimée : seuls les propriétaires payent la taxe foncière, le seul impôt local direct qui reste pour les particuliers. Pas d’impôt direct pour les régions. Plus d’impôt direct pour les départements. Les débats sont ouverts sur la gratuité de nombreux services publics, en particulier pour les transports en commun.

Article réservé à nos abonnés Lire aussi Suppression de la taxe d’habitation : le Conseil constitutionnel valide la compensation pour les collectivités locales

De même pour le revenu universel, sans contrepartie d’une contribution à la création de richesses, d’une contribution au service public ou à l’action sociale. L’usage de nombreux outils numériques est (apparemment) gratuit. Si tout est gratuit, si tout est donné, s’il n’y a pas d’impôt local, pourquoi s’intéresser aux affaires publiques locales ?

Les citoyens sont infantilisés, on leur fournit du pain et des jeux, vieille recette des démagogues et autres populistes. Il ne restera que les propriétaires qui s’intéresseront aux affaires publiques locales, puisque leur impôt en dépend. Régression affligeante vers le suffrage censitaire.

Jacobinisme congénital

Les idéaux des Lumières pour la démocratie sont pervertis par la démagogie et par l’incapacité à orienter les politiques publiques vers un accès à l’emploi pour tous. Si la démocratie représentative manque d’électeurs, la démocratie participative pourrait-elle être une alternative ? Les collectivités locales s’y essayent, mais elles sont confrontées à la même difficulté : qui vient participer, qui s’intéresse à la vie locale ?

Article réservé à nos abonnés Lire aussi La démocratie participative, un marché convoité

Le tirage au sort est un moyen intéressant, mais les tirés au sort sont forts nombreux à décliner l’offre de participation, faute d’intérêt et de temps. Urgence climatique, suppression du diesel pour améliorer la qualité de l’air : les « gilets jaunes » ont montré que, soudain, les délaissés des affaires publiques pouvaient se réveiller et avoir envie de participer. Du pain et des jeux, et de l’essence pas chère ! Quand tout n’est plus gratuit, il y a rupture du pacte d’irresponsabilité, et c’est la jacquerie.

Il vous reste 20.27% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Avatar
LJD

Les commentaires sont fermés.