« Choisir de vivre en pleine nature, dans une grande maison, peut contribuer à augmenter son empreinte carbone, même si l’on télétravaille »

« Choisir de vivre en pleine nature, dans une grande maison, peut contribuer à augmenter son empreinte carbone, même si l’on télétravaille »

Tribune. 90 % des Français pensent aujourd’hui que vivre à la campagne est agréable, soit 20 points de plus qu’en 2018. Mauvais souvenirs des confinements urbains, crainte de la contagion, la pandémie a changé les perceptions.

Mais, à l’heure où les experts du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) alertent des conséquences cataclysmiques à court terme du réchauffement qui s’annonce et demandent aux pays des actions pour limiter l’empreinte carbone, est-ce vraiment une bonne idée sur le plan écologique de partir habiter en zone rurale ? Dans les conditions actuelles, on peut en douter.

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En moyenne, un salarié émet deux fois plus de gaz à effet de serre pour aller chaque jour au travail lorsqu’il vit à la campagne que lorsqu’il vit en ville. Les maisons sont plus difficiles à chauffer que les appartements. La consommation « verte » est aussi plus difficile : longs trajets en voiture pour faire ses courses dans des hypermarchés éloignés des lieux d’habitation, peu d’offres de produits locaux et/ou en vrac, peu d’échanges de biens entre voisins, peu de réparations de produits usagés, pas toujours du tri sélectif. On est loin de l’idée traditionnelle d’une ruralité idyllique, saine, non polluée.

L’image d’un marginal

Nos recherches montrent combien le choix d’une consommation raisonnée, « sobre » se révèle particulièrement compliqué dans ces territoires.

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Des volontaires d’un défi « Rien de neuf », qui s’étaient promis d’acheter uniquement des produits d’occasion pendant un an, nous ont confié les obstacles auxquels une telle démarche se heurtait hors des villes : manque d’accès local à des produits de seconde main, obligeant à des livraisons longue distance problématiques, manque de magasins de vrac, de produits biologiques mais aussi regards désapprobateurs des voisins.

Dans un contexte où le contrôle social est fort, peu consommer, ou uniquement d’occasion, peut (encore) vous donner rapidement l’image d’un marginal en ruralité.

Certes, la vie en ville pose des problèmes sociaux et environnementaux. Elle incite à une consommation excessive, avec une offre de biens pléthorique qui se déploie en permanence devant les yeux, attise les désirs, et une vie stressante qui pousse à vouloir sans cesse acheter davantage, sans cesse bouger, pour compenser, pour se distraire.

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Mais s’installer en zone rurale n’est clairement pas un geste naturellement « vert ». Tout dépend du mode de vie adopté. Choisir de vivre en pleine nature, loin de tout, dans une grande maison, peut contribuer en réalité à augmenter son empreinte carbone, même si l’on télétravaille.

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LJD

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