A la Fonderie de Bretagne : « Quel contraste entre les discours qui parlent de relocalisation et ce qui se passe réellement dans l’industrie française ! »
« Trahison, abandon, Renaulution », « Chez Renault, fondeurs oui, chômeurs non ! ». Banderoles, pancartes et messages tracés à même la chaussée annoncent la couleur aux abords de la Fonderie de Bretagne, à Caudan (Morbihan), sur laquelle apparaît, en immenses lettres jaunes et noires, l’inscription « groupe Renault ». Mais pour combien de temps encore ?
Mardi 23 mars, ils étaient plusieurs centaines, salariés, militants syndicaux, élus, tous drapeaux dehors, rassemblés devant le site pour dénoncer la décision du constructeur français de se séparer de la fonderie dans le cadre de son vaste plan d’économies. Le groupe s’est donné cinq mois pour trouver un repreneur. « Ça fait une échéance finale le 8 août, au milieu de l’été. On nous aura oubliés ! C’est maintenant qu’il faut se mobiliser, pour interpeller les politiques, au plus haut niveau », glisse Maël Le Goff, délégué CGT.
« On veut mettre les politiques devant leurs incohérences : voyez le contraste entre les discours de Bruno Le Maire [le ministre de l’économie] et de notre président qui parlent de relocalisation, et ce qui se passe réellement dans l’industrie française ! », insiste Jimmy, 44 ans, l’un des 350 salariés de la fonderie.
Incendie en 2018
Trois dates ont été peintes en orange fluo à l’entrée du site bientôt sexagénaire, comme pour replacer cet événement dans son histoire récente : 1999, 2009 et 2021. L’usine de pièces en fonte pour l’automobile était en effet déjà sortie du groupe Renault en 1999, vendue à l’italien Teksid-Fiat, souvenir pour les salariés d’une soudaine dégradation de leurs conditions de travail. Le repreneur revend à son tour à un autre italien, le groupe Zen, en 2006, qui dépose le bilan deux ans plus tard. Les salariés se mobilisent alors pour que Renault reprenne le site. C’est le cas en 2009.
Ce mardi 23 mars, ce combat victorieux était dans toutes les têtes. « Il y a douze ans exactement, nous avons mené une lutte afin de revenir dans le groupe Renault. Cette lutte paraissait utopiste aux yeux de beaucoup, mais on est bel et bien revenu dans la firme au losange », lance Maël Le Goff en préambule d’une longue prise de parole au micro. Mais voilà, dans toutes les têtes aussi, on note la différence de taille entre la situation de 2009 et celle d’aujourd’hui : « A l’époque, Renault n’avait pas le choix, car il y avait des pièces qu’on était les seuls à faire. Ce n’est malheureusement plus le cas », souligne Eric, 35 ans, technicien en étude et robotique, parmi les centaines de salariés présents sur le parking.
Il vous reste 62.66% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.