Transport aérien : le plan social de Hop ! retoqué
C’est un sévère coup de règle sur les doigts du mauvais élève ! La direction du travail (Pays de Loire) a décidé, mardi 16 février, de ne pas accorder son feu vert au plan de sauvegarde de l’emploi (PSE) de Hop !, filiale court-courrier d’Air France. A quarante-huit heures de la publication des résultats annuels d’Air France-KLM, cette décision va faire tache.
Le plan social drastique de Hop ! prévoit 1 007 suppressions de postes sur 2 421 au total. Dans un courrier adressé aux salariés et dévoilé sur le site de La Tribune, Pierre-Olivier Bandet, PDG de Hop !, a reconnu que la direction du travail « dans sa lettre d’observation, nous demande de revoir certaines mesures prévues au plan et applicables aux personnels navigants dans le cadre du plan ».
En fait, indique au Monde le Syndicat national des pilotes de ligne (SNPL-Hop !), « c’est le ministère du travail qui a décidé de ne pas valider le PSE ». Selon le syndicat de navigants, « en demandant à Air France de revoir sa copie, le gouvernement ne veut pas créer une jurisprudence » qui pourrait être utilisée à l’avenir par d’autres groupes publics ou dans lesquels l’Etat a une participation.
Calendrier de négociations
Dans sa lettre d’observation, la direction du travail a tancé la direction de Hop !. « Un salarié reclassé en interne n’est pas placé dans la même situation qu’un salarié en recrutement externe, il bénéficie de garanties de par son reclassement en interne, du fait de la continuité de son contrat comme, par exemple, l’absence de période d’essai, ou encore la reprise des éléments liés à l’ancienneté », a rappelé la direction du travail. En clair, les salariés de Hop ! repris par Air France doivent conserver leur rémunération et leur ancienneté.
A l’examen, ce sont principalement les conditions de reclassement des 180 pilotes et des 200 personnels navigants commerciaux (PNC) de Hop ! qui ne seraient pas conformes au droit du travail. Les commandants de bord de la filiale y perdraient leur fonction en intégrant les rangs d’Air France tandis que la centaine de chefs de cabine n’y retrouveraient pas leurs rémunérations ou leur fonction. Notamment en raison de l’opposition de PNC d’Air France, confie un syndicat de Hop !.
La filiale veut aller vite. Un comité social et économique extraordinaire devait être organisé, mercredi 17 février, pour proposer un calendrier de négociations avec les syndicats. « Dans la crise sans précédent que nous traversons, je tiens à préciser que le plan industriel de Hop ! n’est pas remis en cause », indique la direction. Selon le SNPL, « elle ne veut avancer que sur l’ancienneté », mais ne voudrait rien lâcher côté rémunérations. Il faut dire que l’activité court-courrier d’Air France, dont Hop ! est partie prenante, est fortement déficitaire, avec 200 millions d’euros de pertes en 2019. Désormais, Hop ! a 21 jours pour corriger sa copie. A défaut, « [on] ne pourrai[t] pas y donner une suite favorable », a-t-on indiqué à la direction du travail.