En France, le dessin animé recrute toujours
« Cherche une centaine de techniciens pour réaliser des séries d’animation. Lieux de travail : Paris ou Angoulême. Prise de fonction immédiate. » Eh oui ! Dans ce marasme culturel où des pans entiers de l’économie restent à l’arrêt, le dessin animé recrute toujours.
Le studio Superprod va augmenter ses effectifs de 150 à 250 salariés. Selon son cofondateur, Jérémie Fajner, ces embauches permettront d’honorer les deux dernières commandes signées avec Netflix : une série d’animation d’aventure fantastique, Spirit Rangers, sur les Amérindiens ; et Ghee Happy, signée par le réalisateur-illustrateur Sanjay Patel, qui réinterprète avec humour les superpouvoirs des divinités hindoues.
« Nous avons un studio intégré, avec une trentaine de contrats à durée indéterminée et des intermittents qui travaillent au long cours, de dix-huit à vingt-quatre mois pour une série et bien davantage pour un film », détaille M. Fajner. De son côté, Jacques Bled, président d’Illumination Mac Guff, filiale d’Universal Pictures et principal employeur du secteur en France avec 850 personnes, cherche aussi « 70 à 80 techniciens pour le début de l’année prochaine à Paris ».
« Tendance à moyen et long terme »
Ses équipes travaillent déjà sur quatre films destinés à la major hollywoodienne et vont en démarrer un cinquième. « Pendant les confinements, les équipes ont pu faire du télétravail. Nous n’avons pas été coincés par des problèmes de tournage. Au pire, les dates de sortie des films seront un peu décalées, mais cela n’affecte pas le processus de production », explique-t-il.
Selon Stéphane Le Bars, délégué général d’AnimFrance – qui fédère plus de 60 sociétés de production et studios d’animation –, « c’est parce que notre secteur obéit à des cycles longs, avec deux ans pour financer les projets, autant pour réaliser une série, qu’il n’a pas été trop touché par la crise sanitaire ». A ses yeux, « la création d’emplois dans le secteur restera la tendance à moyen et long terme ».
Mercredi 9 décembre, lors de rencontres organisées par Magelis, le pôle image d’Angoulême (Charente), Philippe Degardin, responsable des statistiques du groupe de protection sociale de la culture Audiens, a affirmé que « l’emploi a atteint dans l’animation française son plus haut niveau l’an dernier dans les 133 studios spécialisés en films d’animation ». Selon Audiens, le secteur compte près de 7 700 salariés (+ 4 %). Signe de dynamisme, en cinq ans (2015-2019), 2 300 emplois ont été créés. Les salariés engagés en contrat à durée déterminée d’usage (CDUU) représentent 85 % des effectifs.
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