« C’est la fin d’une époque » : deux méga-faillites dans les commerces britanniques mettent en danger 25 000 emplois
Deux faillites spectaculaires, précipitées par le confinement, secouent les commerces britanniques. Lundi 30 novembre, Arcadia, qui possède 500 boutiques, dont l’enseigne très connue Topshop, a déposé le bilan. Le lendemain, mardi 1er décembre, les grands magasins Debenhams, dont Arcadia est justement le premier locataire, ont été mis en liquidation. Au total, 13 000 et 12 000 emplois respectivement sont en danger. Derrière eux, l’inquiétude est de voir de nombreux sous-traitants mettre eux-mêmes la clé sous la porte. « Le risque systémique est énorme », analyse Flemming Bengtsen, le patron de Nimbla, une entreprise qui fait de l’assurance-crédit.
La situation est particulièrement inquiétante pour Debenhams. Enseigne star des années 1990, encore aujourd’hui incontournable dans les centres-villes britanniques, ses 124 grands magasins sont appelés à fermer définitivement une fois que les stocks seront écoulés. « Tout a été essayé pour trouver un repreneur qui assure l’avenir de Debenhams, mais la conjoncture économique est extrêmement difficile, et avec les incertitudes auxquelles font face les commerces britanniques, un accord viable n’a pas pu être trouvé », explique Geoff Rowley, qui s’occupe de la procédure de liquidation au cabinet FRP.
Un inquiétant jeu de dominos
Debenhams, qui devait fêter ses 250 ans en 2022, connaît de sérieuses difficultés depuis des années. Il était déjà très endetté avant la crise financière de 2008, n’a pas suffisamment investi et demeure peu présent sur Internet. « On savait depuis des années que [la mise en liquidation] allait finir par arriver, le Covid n’a fait qu’accélérer le calendrier », analyse David Fox, de Colliers International, une agence spécialisée dans l’immobilier commercial.
Ian Cheshire, l’ancien président du groupe, évincé lors d’une révolte des actionnaires en 2019, n’est pas surpris non plus. « Le problème, et c’était déjà vrai quand j’y étais, est qu’il y a une formidable entreprise à l’intérieur de tout ça, probablement 70 magasins et le site Web. Et je suis sûr qu’il y aura un acheteur pour ça », a-t-il confié à Sky News.
Peu après le début de la pandémie, en avril, Debenhams avait déposé le bilan, mais les magasins étaient restés ouverts pendant qu’un repreneur était recherché. Un seul candidat sérieux s’était présenté : JD Sports, une chaîne de 770 magasins, qui flairait la bonne affaire.
Pas de chance, Arcadia est très présent dans Debenhams. Ses marques Wallis, Dorothy Perkins ou encore Burton (qui appartenaient à Debenhams dans les années 1980) y possèdent de nombreuses concessions. Le dépôt de bilan d’Arcadia, lundi, a donc changé la donne. Désormais, collecter les loyers de ces emplacements va être difficile. JD Sports a annoncé dans un communiqué d’une ligne qu’il se retirait du processus de rachat. Debenhams, qui chancelait, s’est effondré.
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