La rédaction de « Science & Vie » défie sa direction

La rédaction de « Science & Vie » défie sa direction

Les craintes exprimées depuis plusieurs semaines par les journalistes de Science & Vie, propriété du groupe Reworld Media (Closer, Biba, Téléstar, etc.), sont en train de se concrétiser. Vendredi 27 novembre, la Société des journalistes (SDJ) du mensuel scientifique a voté une motion de défiance à l’encontre de Karine Zagaroli, la directrice des rédactions fraîchement nommée à ce poste : à 81,8 %, les journalistes ont estimé qu’ils ne pouvaient pas s’en remettre à la successeure d’Hervé Poirier pour « préserver la qualité et les moyens de l’information » du magazine. « Nous estimons ne plus pouvoir exercer notre métier correctement », alerte un porte-parole de la SDJ.

Le feu couve depuis la fin de l’été. Lorsqu’il lui est apparu qu’il perdait la maîtrise éditoriale du site Internet, et qu’il n’obtiendrait pas le remplacement de deux journalistes promis depuis un an, Hervé Poirier, arrivé dans la maison vingt et un ans plus tôt, a signé une rupture conventionnelle. « Puisque je n’avais plus la confiance personnelle de l’actionnaire, je n’avais plus les moyens de protéger la rédaction », justifie le journaliste, déjà nostalgique du magazine aux « 4 millions de lecteurs mensuels » qu’il pilotait. « J’ai pensé que mon départ permettrait à chacun de sortir de la crise par le haut », fait-il savoir.

Des « posts catastrophiques » sur le site

Dans la foulée, et pour les mêmes motifs, la rédaction s’était mise en grève, fin septembre. Le mouvement avait été suspendu cinq jours plus tard, lorsqu’il était apparu que le numéro en cours pourrait être bouclé par des « équipes extérieures » – ce qui laissait craindre une qualité éditoriale dégradée. L’arrivée de Karine Zagaroli à la direction de la publication encourageait cependant les espoirs de dialogue avec la direction de Reworld Media qui, depuis le rachat des titres de Mondadori France un an plus tôt, s’était peu préoccupée de Science & Vie (185 500 exemplaires vendus chaque mois, selon les chiffres certifiés par l’ACPM). Réduite de moitié, l’équipe rédactionnelle s’était efforcée de pallier au manque d’effectifs (des journalistes spécialisés en santé, particulièrement) en attendant des jours meilleurs.

Mais alors qu’en novembre, les deux journalistes jusqu’alors mobilisées sur le site ont été rapatriées à la rédaction du mensuel, de nouveaux « chargés de contenus » ont commencé à produire des « posts catastrophiques » sur le site, raconte une représentante de la SDJ du titre (à laquelle appartiennent aussi les rédacteurs de Science & Vie junior, Science & Vie Découvertes, etc.). « On a vu des plagiats, des traductions de communiqués de presse, des erreurs, des articles sans enquête, des articles re-publiés tels quels plusieurs années après leur parution, détaille-t-elle. Une calamité qui décrédibilise le titre ». Lundi 30 novembre dans l’après-midi, la rédaction a fait savoir de manière collective que ses membres s’opposeraient à la reprise de leurs anciens articles sur le numérique. « A moins de ne plus avoir de principes, nous n’avons d’autre choix que de nous retirer de cette situation à laquelle nous sommes associés malgré nous », explique-t-on au sein de la SDJ, qui parle du respect de son « droit moral ».

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LJD

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