« Je suis une femme quota » : 40 personnalités allemandes défendent l’accès des femmes aux postes à responsabilités
S’il ne manquait pas Angela Merkel, la vidéo serait un parfait Who’s who des célébrités féminines allemandes. Quarante femmes, dont la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, la ministre fédérale de la défense, Annegret Kramp-Karrenbauer (« AKK »), et des personnalités du monde de la politique, de l’économie, de la recherche et du spectacle ont diffusé, mercredi 25 novembre, un message sur les réseaux sociaux et à la « une » du magazine Stern. « Je suis une femme quota » (« Ich bin eine Quotenfrau »), affirment-elles dans une démarche inédite, espérant briser le tabou qui persiste encore sur l’accès des femmes aux responsabilités en Allemagne.
C’est un des paradoxes de la République allemande : bien qu’une femme soit depuis quinze ans à la tête de la chancellerie, le pays est nettement en retard par rapport à ses voisins dans l’accès de la gente féminine aux postes à responsabilités. Elles n’occupent que 12,8 % des postes de direction des entreprises cotées au DAX, le premier indice boursier allemand, contre 21 % dans le CAC 40 en France.
Pour tenter d’y remédier, les partis de la coalition au pouvoir (l’union chrétienne CDU-CSU et le Parti social-démocrate SPD) sont parvenus à un compromis, vendredi 20 novembre, sur un projet de loi imposant un quota de femmes aux entreprises évoluant en Bourse. Les directoires (ou comités exécutifs) de plus de trois membres devront obligatoirement compter au moins une femme dans leurs rangs.
Retourner le stigmate
Le texte, fruit d’une longue discussion, est soutenu par les sociaux-démocrates et par Angela Merkel. Il a bénéficié de façon inattendue de l’appui de Markus Söder, président de l’Union chrétienne-sociale (CSU), la très conservatrice branche bavaroise de l’Union chrétienne-démocrate (CDU).
La partie est pourtant loin d’être gagnée. Le projet de loi doit franchir différentes étapes de discussion avant d’être adopté, notamment en passant devant les fédérations économiques et patronales. Or celles-ci refusent le texte. Elles dénoncent une intervention excessive de l’Etat dans la gestion des affaires des entreprises, et avancent la « pénurie de candidates » à ces postes. « Nous ferons tout pour empêcher les quotas féminins », a lancé Hans Michelbach, député de la CSU, proche des milieux économiques. Pourtant, des quotas obligatoires existent depuis 2016 pour les conseils de surveillance des entreprises cotées.
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