Touché de plein fouet par la crise, ThyssenKrupp envisage de supprimer 5 000 emplois
Les chiffres étaient attendus. Et pourtant, l’ampleur de la plongée dans le rouge est vertigineuse. Le conglomérat allemand ThyssenKrupp a annoncé, lors de la publication de ses résultats annuels, jeudi 19 novembre, une perte abyssale de 5,5 milliards d’euros pour son exercice 2019-2020, clôturé le 30 septembre. C’est, de loin, la plus importante de l’histoire du groupe. A Essen (Rhénanie-du-Nord-Westphalie), siège du groupe sidérurgique et industriel à l’histoire bicentenaire, on prévoit de supprimer 5 000 emplois supplémentaires, en plus des 6 000 déjà annoncés en mai 2019. Soit un poste sur dix.
Ces annonces, dramatiques, surviennent au moment où le groupe espérait sortir enfin la tête de l’eau, après des années de crise. Début 2020, ThyssenKrupp a réussi à vendre la seule perle du conglomérat, la très profitable division ascenseurs, pour la coquette somme de 17,2 milliards d’euros, bien plus qu’espéré. Grâce au produit exceptionnel de cette vente, le groupe pensait prendre un nouveau départ, où l’acier devait occuper une place centrale dans la stratégie. Le produit de la cession des ascenseurs avait permis d’éponger les dettes et de renforcer les fonds propres du conglomérat.
Mais la pandémie de Covid-19 a tout balayé. La crise a touché de plein fouet la production d’acier des hauts-fourneaux de la Ruhr. La perte opérationnelle s’élève à 1,6 milliard d’euros, dont 1 milliard pour la seule branche acier ; 260 autres millions ont été engloutis dans la crise du département de la sous-traitance automobile. A cela s’ajoutent des dépréciations d’actifs. Le résultat net n’est ressorti positif – à 9,6 milliards d’euros – que grâce aux milliards hérités de la vente des ascenseurs. Pas d’autre issue, dans un environnement mondial très incertain, que de tailler encore dans les effectifs, estiment les dirigeants du groupe. Le monumental plan social pourrait inclure, pour la première fois, des licenciements secs, un tabou dans un conglomérat où le syndicat se considère comme le dépositaire de la mémoire des premières luttes ouvrières allemandes, il y a un siècle.
« Les prochaines étapes pourraient être plus douloureuses »
« Nous ne sommes pas encore arrivés là où nous devrions être », a expliqué Martina Merz, la présidente du directoire du groupe. « Les prochaines étapes pourraient être plus douloureuses encore que celles déjà accomplies. » Nommée en octobre 2019, Martina Merz a endossé la lourde charge de mettre de l’ordre dans les décombres laissés par ses prédécesseurs. Les patrons Heinrich Hiesinger et Guido Kerkhoff avaient démissionné coup sur coup à un an d’intervalle, laissant le groupe dans une incertitude stratégique et de gouvernance. En juin 2019, la Commission européenne avait rejeté la fusion espérée avec le groupe indien Tata. A en croire Mme Merz, ThyssenKrupp n’aurait donc pas encore touché le fond.
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