Entre les relocalisations et les fermetures de site, l’industrie française sur un fil
Sur le front de l’industrie, les jours se suivent et ne se ressemblent pas. Jeudi 12 novembre, la direction de Bridgestone a fermé la porte à tout espoir de sauver l’usine de Béthune (Pas-de-Calais) et ses 863 emplois directs. Mercredi 18, Vallourec annonçait à son tour la fermeture de son usine de Déville-les-Rouen (Seine-Maritime), supprimant 180 emplois. Jeudi 19 novembre, Bercy annonçait les premiers projets retenus par le gouvernement dans le cadre du volet industriel de « France Relance », doté de 35 milliards d’euros.
Ces trente et un premiers projets relèvent des cinq secteurs (la santé, l’agroalimentaire, l’électronique, les intrants industriels et la 5G) jugés « critiques » pour la souveraineté de la France par le ministère de l’économie. Bénéficiant d’un soutien public de 140 millions d’euros, ils totalisent 680 millions d’euros d’investissements productifs et devraient permettre la création de 1 800 emplois directs et le maintien de plus de 4 000 emplois industriels, répartis sur tout le territoire.
« Les dispositifs de soutien à l’investissement industriel que nous avons mis en place rencontrent un succès massif et se traduisent par des résultats concrets, se sont félicités dans un communiqué commun le ministre de l’économie, Bruno Le Maire, et la ministre déléguée à l’industrie, Agnès Pannier-Runacher. Nos entreprises industrielles ont des projets, elles sont prêtes à prendre des risques malgré un contexte difficile et incertain. »
Une solde net de 19 500 emplois
Un satisfecit qui risque toutefois d’être diversement interprété par les salariés des usines menacées ou bientôt fermées, qu’il s’agisse de celle de Bridgestone, de Vallourec, mais aussi de Latécoère, à Toulouse, de Siemens, au Havre (Seine-Maritime) ou d’Inteva Products, à Saint-Dié-des-Vosges (Vosges). Selon les données compilées par Trendeo, les annonces de fermetures ou les fermetures effectives dans l’industrie manufacturière, depuis mars, représentent, en solde net, quelque 19 500 emplois détruits.
Si les suppressions atteignent le chiffre significatif de 42 000 postes, elles sont en partie compensées par un peu plus de 22 000 créations d’emplois industriels enregistrées depuis le début de la pandémie. Et une chose semble sûre, en fin d’année, la France devrait perdre bien moins de postes industriels qu’en 2009, lors de la crise financière, lorsque 39 000 emplois de ce type avaient disparu.
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