Quartiers populaires : 110 maires interpellent Emmanuel Macron sur la crise sanitaire et économique
Ils sont plus de 110 à alerter, plus de 110 maires à signer une lettre adressée au chef de l’Etat pour défendre « l’égalité républicaine de nos quartiers prioritaires ». Le constat est cinglant : « En dépit des alertes, les villes et quartiers populaires restent un angle mort du plan de relance : aucune mesure ambitieuse n’a été prise pour répondre à la détresse sociale et économique qui frappe nos communes », aggravées par la crise sanitaire.
La requête est directe : pour « renforcer la République » et instaurer « un nouveau pacte de confiance », ces édiles, qui vont du Parti communiste (PC) à la droite en passant par le Parti socialiste (PS) et Les Centristes, demandent à ce que 1 % du plan de relance, soit un milliard d’euros, soient attribués aux « territoires en décrochage » pour répondre à l’urgence sanitaire, économique et sociale, dont 620 millions d’euros dans les semaines qui viennent, dans le cadre du vote à l’Assemblée nationale du projet de loi de finance rectificative.
La date est symbolique : il y a trois ans, le 14 novembre 2017, Emmanuel Macron prononçait son discours de Tourcoing (Nord) appelant à une « mobilisation nationale pour les villes et les quartiers » et priant l’ancien ministre de la ville de Jacques Chirac, Jean-Louis Borloo, de « remettre les gants ». Cette intervention avait fait taire la gronde des maires et des associations de banlieues, baptisée « L’appel de Grigny » et survenue à la suite du gel des emplois aidés, des coupes budgétaires et de la baisse des APL.
Conseil national des solutions
Six mois plus tard, le 22 mai 2018, le « plan Borloo » et son auteur se faisaient cependant balayer par le président de la République. « En giflant publiquement Borloo, c’est nous tous, qui avions travaillé à l’élaboration de ce rapport, qu’il a blackboulés, et ce sont les quartiers qu’il a lâchés, estime Frédéric Leturque, maire (Les Centristes) d’Arras (Pas-de-Calais), signataire de la lettre. Mais nous ne sommes pas dans la revanche, nous avons perdu du temps, mais nous avons des solutions. »
Au menu, la création d’un fonds d’urgence pour les associations, la mise en place de comités locaux de solidarité, d’un fonds de soutien à la création de maisons médicales et de centres de santé, et la mise à disposition d’une enveloppe de 120 millions d’euros pour mobiliser les acteurs de l’emploi. Proposition-phare : la création d’un conseil national des solutions. Composé de bénévoles (élus, associatifs, entrepreneurs…), il serait chargé de piloter et de suivre la mise en œuvre des projets qui ont fait leur preuve sur le terrain.
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