« Les institutions européennes et les décideurs politiques nationaux ne peuvent pas se permettre d’oublier la jeunesse une nouvelle fois »
Tribune. La crise financière mondiale de 2008 avait déjà laissé de profondes cicatrices en termes de pertes d’emploi et de chômage. En Europe en particulier, le chômage des jeunes a persisté. Aujourd’hui, le Covid-19 risque d’avoir le même effet pour les moins de 25 ans. Pourtant, ni les dirigeants français, italiens ou espagnols ni la présidente de la Commission européenne n’ont donné la priorité à ce problème dans leurs récents discours.
Il est temps que les dirigeants se concentrent sur le risque de perdre une génération. Des politiques audacieuses seront nécessaires. Pendant la crise financière mondiale, le taux de chômage des jeunes était passé d’environ 10 % à 19 % aux Etats-Unis, et de 16 % à 26 % dans l’Union européenne (UE). Il n’est revenu à son niveau de 2008 qu’en 2018 dans l’UE, beaucoup plus lentement qu’aux Etats-Unis. En Grèce, en Espagne et en Italie, il était en 2019 toujours plus élevé qu’avant 2008.
Une nouvelle flambée du chômage des jeunes pourrait également mettre une décennie, voire plus, à se normaliser. Les premiers signes sont déjà visibles : le chômage des jeunes aux Etats-Unis était environ deux fois plus élevé en juillet 2020 qu’en juillet 2019. En Europe, il a moins augmenté, mais il est quand même passé de 15 % à plus de 16 % au cours des deux premiers trimestres de 2020, alors que le chômage des plus de 55 ans a diminué.
Ne pas oublier une nouvelle fois la jeunesse
Plus inquiétant encore, le pourcentage de jeunes qui ont renoncé à chercher un emploi a augmenté de cinq points. Certains pays comme l’Espagne et la Croatie sont plus durement touchés. Alors que l’Europe entre dans sa deuxième phase de confinement significatif, ces chiffres risquent de se détériorer rapidement.
Le chômage des jeunes cause des dommages sur le long terme. Les travailleurs qui ont été au chômage dans leur jeunesse ont tendance à gagner beaucoup moins au cours de leur vie et envisagent l’avenir avec moins d’optimisme. Ils ont également tendance à quitter le domicile parental et à fonder une famille plus tard. En moyenne, les Italiens ne quittent le domicile de leurs parents qu’à l’âge de 30 ans. Il n’est donc pas surprenant que le taux de fécondité des Italiens et des Espagnols soit parmi les plus bas d’Europe.
Les institutions européennes et les décideurs politiques nationaux ne peuvent pas se permettre d’oublier la jeunesse une nouvelle fois. La première grande priorité est de s’assurer que la politique macroéconomique européenne soit appropriée. Une des explications de la lenteur de la reprise de l’emploi chez les jeunes après la crise financière a été la deuxième récession subie par l’Europe en 2011-2013.
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