« Le plan de relance a-t-il trop la tête dans le futur ? »
Chronique. Le plan de relance français est-il déjà obsolète avant d’avoir servi ? En tout cas, sa forme et son application sont sérieusement remises en cause par le deuxième confinement qui est en train de replonger dans le rouge tous les indicateurs économiques, ragaillardis à la faveur de l’été. Il voyait pourtant loin cet ambitieux dispositif, baptisé « France Relance », le regard volontairement tourné vers 2030. C’est bien justement ce qu’on lui reproche aujourd’hui : avoir la tête dans le futur. Avant de penser à la décennie prochaine, il serait opportun de réaliser que la survie de notre économie se joue dans les mois à venir.
Il est vrai que le plan de 100 milliards d’euros, le plus coûteux jamais engagé en France, un tiers du budget général de l’Etat, n’est pas vraiment un plan de relance, mais de modernisation. Il entend rénover les maisons et immeubles de France pour réduire leur consommation énergétique, investir dans la filière à hydrogène, améliorer la compétitivité des entreprises par des réductions d’impôt, doper l’apprentissage…
Trou d’air
Tout cela va dans la bonne direction, mais pas forcément à la bonne vitesse pour répondre à l’urgence du moment. Dans une note publiée vendredi 6 novembre par l’Institut Montaigne, l’économiste Eric Chaney calcule que, sur les 100 milliards d’euros, seulement 25 milliards seront dépensés en 2021. Les dispositifs les plus immédiats et certains seront la baisse des impôts de production de 10 milliards dès 2021, l’aide aux fonds propres des PME (3 milliards d’euros) et la mesure d’activité partielle de longue durée d’un coût de 7,6 milliards.
Cela sera-t-il suffisant pour absorber le trou d’air dans lequel nous entrons ? Et notamment, faudra-t-il se résoudre à faire ce que le gouvernement ne voulait pas : de la relance par la consommation ? Face à tous les politiques, à gauche mais aussi à droite, qui plaident pour une aide massive à effet immédiat, comme le fait l’Allemagne en baissant sa TVA de trois points, l’exécutif répond que le problème ne vient pas de la demande, puisque dès que l’on donne de l’argent directement aux Français, ils l’enfouissent sous leur matelas en prévision des jours meilleurs. Et puis, il le dit moins, mais ces mesures coûtent très cher et ont un effet immédiat sur le budget, à la différence des garanties bancaires et autres plans sur cinq ans. Enfin, il a déjà dépensé plus de 60 milliards d’euros pour soutenir l’activité et les salariés au printemps, notamment avec le chômage partiel.
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