Covid-19 : le gouvernement peine à faire respecter le télétravail
Elisabeth Borne a décidé d’élever la voix à l’égard des patrons. Durant la semaine écoulée, la ministre du travail a multiplié les échanges avec des dirigeants d’entreprise pour les sensibiliser à l’une des nouvelles consignes gouvernementales liées au reconfinement : le rétablissement provisoire de l’activité à distance (ou télétravail) pour tous les salariés qui sont en mesure d’accomplir leurs tâches ainsi. Alors que des employeurs tardent à se conformer à cette injonction, Mme Borne entend, d’abord, privilégier la pédagogie. Mais elle n’exclut pas de sortir la trique si des réfractaires subsistent. « Nous serons fermes », assure-t-on dans son entourage.
Vendredi 6 novembre, la ministre du travail a monté une opération de communication sur le sujet en se rendant au siège de BNP Paribas, à Paris, puis dans les locaux d’Engie et de Total dans le quartier de la Défense. Le fait d’avoir inscrit le groupe pétrogazier dans la liste des sociétés visitées ne doit rien au hasard : celui-ci avait diffusé à son personnel une note recommandant de se rendre au bureau deux jours par semaine pour certaines missions, ce que la CFDT avait dénoncé. A l’occasion de son déplacement de vendredi, Mme Borne a réaffirmé la règle instaurée depuis la fin octobre : l’activité à distance est portée à « 100 % » de l’emploi du temps, pour tous les postes « télétravaillables ». Dans son esprit, il s’agit d’une « obligation » à respecter scrupuleusement, car elle contribue à limiter la propagation du SARS-CoV-2 en réduisant les interactions sociales et les déplacements entre le domicile et le lieu de travail.
Les jours précédents, la ministre s’était entretenue, au téléphone ou par visioconférence, avec les directeurs des ressources humaines (DRH) de plusieurs grandes entreprises – dont le nom n’a pas été divulgué – et avec des responsables de grandes fédérations d’employeurs (bâtiment, professions du conseil, de l’ingénierie, du numérique, etc.). Des discussions devenues indispensables, certains protagonistes exprimant publiquement leur incompréhension devant la nouvelle doctrine de l’Etat. « C’est une véritable cacophonie », a ainsi déclaré aux Echos Philippe Darmayan, le président de l’Union des industries et des métiers de la métallurgie – l’une des organisations les plus puissantes du monde patronal. « Nous avions compris que le télétravail devait être utilisé au maximum, puis la ministre du travail a expliqué qu’il était obligatoire. Nous réclamons une ligne claire ! »
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