Sanofi : le projet de création d’un champion européen des principes actifs suscite la méfiance des syndicats

Sanofi : le projet de création d’un champion européen des principes actifs suscite la méfiance des syndicats

Les discussions s’annoncent houleuses. Lors d’un comité de groupe, jeudi 5 novembre, la direction de Sanofi devait détailler à ses syndicats le projet « Pluton », qui prévoit la création d’un leader européen de la production de principes actifs – les molécules essentielles entrant dans la composition des médicaments. « Nous entamons la phase 2 du projet, l’élaboration du plan d’action technique nécessaire à la phase 3, la mise sur orbite », s’enthousiasme le directeur des affaires industrielles, Philippe Luscan.

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Annoncé en grande pompe fin février 2020, Pluton ne consistera pas, dans un premier temps, à ouvrir de nouvelles usines, mais à externaliser six sites européens existants du groupe pharmaceutique (dont deux français, Saint-Aubin-lès-Elbeuf, en Seine-Maritime, et Vertolaye, dans le Puy-de-Dôme), pour les réunir au sein d’une entité autonome, dont Sanofi détiendra 30 %.

Outre leur spécialité en chimie, ces six sites ont comme point commun de travailler majoritairement (à 55 %) pour des laboratoires tiers. Une activité qui, selon la direction, ne peut se développer qu’affranchie de la marque Sanofi, les clients rechignant à se fournir en principes actifs chez un concurrent. « Nous allons doubler la croissance de cette activité à 6-10 % par an en augmentant notre catalogue de produits, et en rapatriant certaines productions en Europe », promet M. Luscan, en pleine recherche d’investisseurs.

Valorisation impossible

En plus des actionnaires privés, le groupe espère convaincre « un ou deux acteurs institutionnels », comme la banque publique Bpifrance. L’entrée au capital devrait avoir lieu au premier trimestre 2022, tout comme l’introduction en bourse.

Elaboré avant la crise du coronavirus, Pluton a acquis une dimension politique au moment de la première vague, lorsque le pays a pris conscience de sa dépendance à l’égard de l’Asie, où sont fabriqués environ 80 % des principes actifs des médicaments. Le 18 juin, le gouvernement lançait un plan d’action pour favoriser les relocalisations dans l’industrie de la santé. Dans ce contexte, Bercy voit Pluton d’un bon œil : « Ce projet va dans le sens d’une sécurisation de l’approvisionnement. Mais nous serons très attentifs à ce que cet objectif soit maintenu, et l’emploi préservé. »

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L’emploi est évidemment la principale préoccupation des syndicats, encore exaspérés par l’annonce faite par le groupe, fin juin, de la suppression sur trois ans de 1 700 emplois en Europe, dont un millier en France. « Pour Pluton, la direction nous dit “c’est la meilleure chose qui puisse vous arriver”. Nous, on demande à voir des éléments qui prouvent que c’est un projet de santé publique et pas une opération financière », prévient Jean-Luc Piat, secrétaire du comité de groupe France pour la CFDT.

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