Le télétravail est-il bon pour l’économie ?
Le déploiement du télétravail, à l’échelle d’une entreprise ou d’une économie, a-t-il un impact positif sur l’activité et la productivité, ou bien au contraire est-il pénalisant ? « La réponse à cette question n’est pas claire », admet Antonin Bergeaud, économiste à la Banque de France et auteur, avec Simon Ray, d’un article sur le sujet.
Deux études conduisent en effet à des résultats diamétralement différents. Une première, qui date de 2015, porte sur une agence de voyages chinoise, comptant 16 000 salariés. A l’issue d’une préparation au sein de l’entreprise et d’une formation spécifique, les salariés de cette agence ont pu travailler, sur la base du volontariat, de leur domicile. Leur productivité a alors bondi de 20 %. La seconde, plus récente, examine la situation dans un centre de recherche japonais. En raison du Covid-19, les salariés sont passés au télétravail, sans préparation ou formation cette fois. Interrogés, ils estiment que leur productivité est tombée à 63 % seulement de son niveau antérieur.
Moindre efficacité
Qui a raison, les Chinois ou les Japonais ? En réalité, la première condition pour que le télétravail se traduise positivement pour l’entreprise est qu’il soit anticipé. « Le développement du télétravail dans le contexte du choc du Covid-19 a sans doute été réalisé dans des conditions non optimales, en termes de préparation, de formation, d’organisation mais aussi de matériel », souligne Gilbert Cette, professeur d’économie à Aix-Marseille Université, dans un article publié dans la revue Futuribles.
Qu’en est-il de la productivité des salariés ? « On peut penser que la productivité horaire diminue avec le télétravail », poursuit Denis Ferrand, directeur général de Rexecode. On est en général, pour de multiples raisons – interférences entre vie professionnelle et vie familiale, manque de matériel adapté, distractions plus fréquentes… – moins efficace lorsqu’on travaille de chez soi. Mais cette moindre efficacité est souvent compensée par un allongement des plages horaires de travail : le temps habituellement passé dans les transports devient du temps travaillé et la frontière entre les horaires de travail et le temps personnel est floue. La durée du télétravail et son ampleur – total ou partiel, par exemple un ou deux jours par semaine – se traduisent aussi différemment.
A court terme, en allégeant la contrainte des transports, notamment, le télétravail aurait un effet plutôt positif. Mais il en est autrement à long terme. « J’ai tendance à penser que la qualité des interrelations est altérée par le télétravail, ajoute Denis Ferrand, donc, à long terme, l’efficacité de l’organisation est atteinte. » Et avec elle, la possibilité d’aboutir à des gains de productivité.
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