Le management de transition voit ses missions modifiées par la crise
Comme de nombreux secteurs de l’économie, le management de transition – qui consiste à mettre à la disposition temporaire des entreprises des cadres supérieurs chevronnés pour répondre à un besoin urgent – a été malmené par la crise sanitaire. Sur l’année 2020, la perte de chiffre d’affaires du secteur devrait être de l’ordre de 20 %. Jean-Pierre Lacroix, président de France Transition, fédération des acteurs du management de transition, se montre particulièrement prudent sur un redémarrage du marché. « Je ne suis pas euphorique, explique-t-il, maniant l’art de la litote. Il n’y aura pas de changement sur le temps court. Nous sommes sur du temps long. »
Méthode Coué, incantation, certains se montrent cependant plus optimistes. « Les entreprises sont attentistes, c’est vrai, mais depuis mi-août, on perçoit un léger frémissement, constate Patrick Abadie, président du cabinet Delville Management. La crise sanitaire implique des transformations profondes dans les entreprises, ce qui est porteur pour notre secteur. Je pense que la tendance à plus de flexibilité et d’expertise est durable. »
« Une réponse rapide, flexible et adaptée »
Même son de cloche chez Robert Walters. « Le management de transition est adapté aussi bien en période de croissance qu’en période de crise. Actuellement, les entreprises, qui ont peu ou pas de visibilité, hésitent à recruter en CDI. Le management de transition leur offre une réponse rapide, flexible et adaptée », explique Karina Sebti, directrice générale de Robert Walters Management de transition.
Elle note, par ailleurs, un changement dans la typologie des missions : « L’incertitude économique rebat les cartes des priorités. Gestion de la trésorerie, restructurations et transformation de l’organisation sont aujourd’hui les préoccupations majeures des entreprises. Les manageurs de transition vont désormais être appelés pour de la gestion de crise. » Ainsi, « alors qu’avant le Covid-19 les DRH étaient recherchés pour mener un plan d’embauche sur un marché du travail tendu, ces professionnels sont désormais demandés pour gérer des plans de sauvegarde de l’emploi (PSE) », illustre Patrick Abadie.
Reste que cela a un coût : de 1 300 à 4 500 euros par jour, selon les fonctions et les profils, d’après une étude de Robert Walters publiée le 17 septembre. « C’est cher, c’est vrai, reconnaît Philippe Tellier, directeur des manageurs de site chez GT Logistics, entreprise de sous-traitance industrielle comptant mille salariés en France, qui fait régulièrement appel à des manageurs de transition. Mais nous sommes prêts à payer le prix fort, car rien ne serait pire que de laisser un poste vacant. » De plus, il apprécie la réactivité de la formule.
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