Les entreprises savent-elles employer ?
Carnet de bureau. Sait-on pourquoi certains recrutements sont difficiles ? Les tensions sur le marché du travail ne cessent d’augmenter depuis 2015, notait le 8 octobre la direction de l’animation de la recherche, des études et statistiques du ministère du travail (Dares). Cadres en informatique, ingénieurs en bâtiment, aides à domicile : cette tension était, fin 2019, au plus haut niveau depuis 2011, avec « des besoins croissants de recrutement ».
Le Covid-19 n’a pas mis fin au phénomène. Pour « faciliter les reconversions des salariés dont l’emploi serait menacé », le ministère du travail a soumis, le 9 octobre, aux partenaires sociaux l’idée de créer un dispositif destiné aux métiers en tension : un compte personnel de formation « métiers en tension » cofinancé par l’Etat, l’entreprise reconvertissant et l’entreprise recruteuse.
La Dares et Pôle emploi ont identifié six critères pour analyser les facteurs à l’origine des tensions : la fréquence élevée des besoins qui, atténuée par la crise, pourrait améliorer la situation dans le BTP par exemple ; les conditions de travail contraignantes (contraintes physiques, rythmes, horaires décalés, travail répétitif…) qui compliquent durablement l’emploi des aides à domicile ou aides ménagères ; la non-durabilité de l’emploi – l’attractivité du CDD est relative – ; le manque de main-d’œuvre disponible comme pour les dessinateurs en électricité par exemple ; l’inadéquation géographique et enfin le lien entre la spécialité de la formation et le métier.
Ce n’est pas la première étude à se pencher sur l’inadéquation entre l’offre et la demande d’emploi, interrogeant notamment l’employabilité des chercheurs d’emploi. Le collectif Pacte civique propose de changer de paradigme en questionnant la capacité des entreprises à employer, aussi bien pour recruter à l’extérieur qu’en mobilité interne.
Accessible en Open source
Quelle connaissance les entreprises ont-elles des compétences disponibles au sein de leur effectif ? Utilisent-elles au mieux les savoir-faire de leur collectif ? La transformation numérique a été pour beaucoup l’occasion d’actualiser leur référentiel métier et de redécouvrir leurs collaborateurs, pour faciliter des passerelles entre les métiers des travaux publics et ceux des éoliennes, chez Orange, par exemple.
Le collectif Pacte civique, membre fondateur de l’association Territoire zéro chômeur de longue durée, propose d’analyser la capacité des entreprises à employer, par la mise en place d’un questionnaire co-construit sur mesure avec les salariés. Ce questionnaire leur permet de noter, sous le couvert de l’anonymat, la qualité du dialogue dans leur entreprise, le travail d’intégration des nouvelles recrues, le respect des contraintes personnelles, leur sentiment d’être utiles à l’entreprise, le soutien qu’ils reçoivent pour se former, etc.
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