Télétravail, StopCovid, masques : il faut « installer les mesures de lutte contre l’épidémie dans la durée »

Télétravail, StopCovid, masques : il faut « installer les mesures de lutte contre l’épidémie dans la durée »

L’application StopCovid, sur un smartphone, en juin.

La chercheuse italienne Vittoria Colizza dirige à l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) un laboratoire spécialisé dans la modélisation des épidémies. Ses travaux sur les écoles, les stratégies de contrôle du virus, ou encore l’efficacité du contact tracing apportent un regard critique sur la réponse à l’épidémie. Pour contenir la seconde vague, elle appelle à la mise en place de mesures de long terme comme le télétravail.

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Quelle est la situation épidémique en France ?

L’un des indicateurs importants est le nombre d’hospitalisations, qui est une donnée plus fiable que le nombre de cas pour nous renseigner. La situation est inquiétante lorsqu’on a des niveaux assez élevés et une dynamique soutenue, comme observé en France dans les dernières semaines. On a bien une courbe exponentielle, mais la dynamique est plus lente que dans la première vague.

Les données d’hospitalisations jusqu’à la mi-septembre montraient un taux de reproduction, R, autour de 1,4-1,5 pour certaines régions. Cela correspond à un temps de doublement de l’ordre de onze à quinze jours, contre trois jours pour la première vague. Les dernières données semblent indiquer un ralentissement du taux de croissance de l’épidémie, qui reste à confirmer.

Vous parlez de temps de doublement, de croissance exponentielle, de R… Comment s’y retrouver ?

Ils racontent la même chose, mais de façon différente. Le R est plus facile à saisir car il y a un seuil de référence : au-dessus de 1, l’épidémie progresse, en dessous, elle régresse. Des études cognitives ont montré que le cerveau n’était pas vraiment capable de comprendre une croissance exponentielle. Le temps de doublement est une manière de l’éclairer. Si on a aujourd’hui 200 hospitalisations par jour à Paris, et si on ne fait rien, avec un temps de doublement de quinze jours, on en aura 400 dans deux semaines, 800 dans un mois et 1 600 dans un mois et demi, comme pendant le pic de la première vague.

Il est très important de bien communiquer sur ce qu’est une croissance exponentielle, car cela permet de comprendre pourquoi, même avec un petit nombre d’hospitalisations, il est urgent de prendre des mesures, sinon, en très peu de temps, le nombre de malades ne sera plus gérable par le système de santé.

Cependant, cette progression correspond à un scénario « où l’on ne ferait rien ». Or, nous ne faisons pas rien : mesures prises par le gouvernement, gestes barrières, changements de comportement dans la vie sociale…

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