En six mois, le secteur de l’aéronautique a perdu la totalité des postes créés entre 2009 et 2019

C’est comme si d’un claquement de doigts les bénéfices de dix ans de prospérité avaient été éliminés ! En six mois de crise due au coronavirus, l’aéronautique, autrefois championne des créations d’emplois, est lourdement retombée dans le rouge.
Depuis la crise de 2009, les constructeurs de l’aéronautique comme Airbus, Safran ou Dassault avaient multiplié les embauches avec un solde net, avant la mi-mars, de 11 783 créations d’emplois. La survenue de la pandémie a complètement changé la donne. A la fin septembre, selon les données recueillies par l’observatoire Trendeo de l’emploi et de l’investissement publiées lundi 5 octobre, le secteur a enregistré une perte nette de 11 950 emplois. Si on ajoute les sous-traitants, on parvient même au chiffre de 13 354 postes supprimés.

« Le semestre Covid a effacé la totalité des gains en emplois » des dix années précédentes, s’exclame David Cousquer, créateur et gérant de Trendeo. Pire, selon l’état des lieux dressé par l’observatoire, « l’aéronautique est le secteur le plus touché avec le transport aérien, car l’impact du Covid-19 sur le trafic est annoncé partout comme devant durer au-delà de 2021 ».
Il faut dire que les effets de la crise ont été aussi violents que soudains. Au premier trimestre, selon l’Insee, la France a perdu 492 000 emplois. Mais en pratique, cette vague de suppressions de postes et de licenciements est intervenue en moins de quinze jours. Juste après l’entrée en vigueur du confinement, le 17 mars. Avec comme premières victimes, les intérimaires qui représentent à eux seuls, selon l’Insee, 63 % des suppressions de postes.
7 712 suppressions d’emplois annoncées chez Air France
Frontières fermées, aéroports vides, compagnies aériennes à l’arrêt, les conséquences de la pandémie ont frappé de plein fouet et au premier chef les constructeurs d’avions et le transport aérien. Air France, avec 7 712 suppressions d’emplois annoncées, et Airbus, avec 5 797, occupent les deux plus hautes marches de ce triste palmarès des réductions d’effectifs déclarées depuis mars.
Dans l’aéronautique, la crise a touché aussi vite et aussi fort les gros donneurs d’ordre comme Airbus et Safran, que la myriade de petites sociétés qui composent la chaîne de sous-traitants. « Cela a été instantané. La chute a démarré dès mars. Nous avons perdu 30 % de notre chiffre d’affaires », se souvient Frédéric Bourgon, patron d’ADB, une petite entreprise tarbaise de quarante salariés spécialisée, notamment, dans le décolletage, le tournage et l’usinage de pièces de moteurs d’avions.
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