L’individu et les nouveaux collectifs
Le livre. Politiques de recrutement et de formation qui visent la « promotion des talents », dispositifs d’évaluation du travailleur par ses compétences individuelles, démocratisation des termes « trajectoire », « parcours » et « carrière » pour décrire la vie au travail… L’autonomie, la responsabilité et même l’épanouissement personnel sont au cœur des pratiques managériales en vogue dans les entreprises. Le travail serait-il en passe de devenir une affaire uniquement individuelle ?, s’interrogent Frédéric Rey et Claire Vivès dans Le Monde des collectifs.
Coordonné par le sociologue du travail et des relations professionnelles et la sociologue et chercheure au laboratoire interdisciplinaire pour la sociologie économique (LISE), l’ouvrage réunit vingt-cinq auteurs. Sociologues, juristes, ergonomes, économistes ou politistes interrogent les transformations, variétés et redéfinitions des collectifs de travail « dans un contexte où l’individualisation croissante des carrières et des trajectoires professionnelles est particulièrement valorisée, voire encouragée, mais souvent au détriment des régulations collectives pour une large partie des travailleurs ».
Leur travail s’appuie sur des enquêtes de terrain dans des secteurs aussi variés que la production cinématographique, l’aviation et l’aéronautique, les tiers lieux, les fab lab, l’hôpital, les services informatiques aux entreprises, et auprès de travailleurs et de travailleuses d’un service social en entreprise, de pilotes d’hélicoptères, de travailleurs sociaux en mission locale, de manageurs, de secrétaires et assistantes de direction dans les entreprises, de salariés privés d’emploi et en transition professionnelle…
« Mouvement paradoxal »
Que ce soit dans les entreprises privées, dans les organisations à but non lucratif ou dans la fonction publique, l’ouvrage montre bien que « le collectif, comme principe et comme valeur, et les collectifs, comme réalités et comme expériences vécues, n’ont pas disparu des mondes du travail. Leur persistance va plutôt de pair avec l’accroissement constaté de l’individualisation ».
Avec les « gilets jaunes », l’année 2018 s’est achevée avec l’une des mobilisations populaires les plus originales de ces dernières décennies. Les secteurs émergents des plates-formes, souvent présentés comme les symboles les plus visibles d’une nouvelle économie, ont connu à leur tour des mobilisations et des revendications collectives de travailleurs qui produisent les biens et services qui y sont vendus.
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