Chômage : la crise plombe la dette

Chômage : la crise plombe la dette

Les comptes de l’assurance-chômage continuent de se dégrader à vue d’œil. A l’heure actuelle, la dette du régime est estimée à un peu plus de 47 milliards d’euros, soit 10 milliards de plus qu’à la fin décembre 2019. Ces chiffres ont été présentés, mardi 26 mai, lors d’une réunion du bureau de l’Unédic, l’association paritaire qui pilote le système d’indemnisation des demandeurs d’emploi. Ils confirment la violence du choc infligé par la crise liée à l’épidémie de Covid-19.

Le problème tient, en grande partie, aux dépenses qui s’emballent, principalement à cause du recours massif à l’activité partielle (ou chômage partiel) : l’Unédic participe à son financement à hauteur d’un tiers, le solde étant pris en charge par l’Etat. Or, le coût d’une telle mesure est élevé puisqu’elle a été utilisée en avril pour environ 8,6 millions de personnes, soit un peu plus de 40 % des salariés du privé.

Article réservé à nos abonnés Lire aussi L’Etat baisse la prise en charge du chômage partiel

L’évolution de la dette correspond aux précédentes projections qui avaient été faites, à la fin avril, affirme Michel Beaugas, administrateur représentant Force ouvrière. « L’activité partielle pèse effectivement sur les finances du régime, admet-il, mais si ce dispositif n’avait pas été mis en place, il y aurait des milliers de demandeurs d’emploi supplémentaires : est-ce que ça ne coûterait pas plus cher ? » D’après Jean-François Foucard (CFE-CGC), l’endettement de l’assurance-chômage pourrait osciller entre 55 et 57 milliards d’ici à la fin de l’été. L’une des questions qui se pose, ajoute-t-il, est de savoir s’il ne conviendrait pas d’« isoler » le passif causé par l’épidémie, et de le transférer à la Caisse d’amortissement de la dette sociale (Cades), afin de « le résorber sur un temps plus long ».

Aucune ressource prévue

« Il faut une conférence sur le financement de l’assurance-chômage », estime Denis Gravouil (CGT) car le trou de l’Unédic se creuse, « essentiellement du fait de l’activité partielle ». Or, aucune ressource spécifique n’est, à l’heure actuelle, prévue pour ce dispositif : celui-ci est « légitime » pour limiter la progression du nombre de demandeurs d’emploi, complète M. Gravouil, mais des solutions budgétaires doivent être trouvées. « Sinon, pronostique-t-il, nous aurons de nouveau droit à un magnifique chantage à l’endettement, dans quelque temps, des menaces sur les droits des chômeurs et sur l’existence de l’Unédic. »

Le niveau atteint par la dette pose « des questions politiques majeures quant à son portage », déclare Patricia Ferrand, la vice-présidente (CFDT) de l’Unédic : « Il ne doit en aucun cas être utilisé comme un argument pour justifier une baisse des droits des centaines de milliers de demandeurs d’emploi supplémentaires qui commencent à s’inscrire à Pôle emploi. » A ses yeux, des « discussions avec le gouvernement doivent s’ouvrir rapidement », afin de traiter ces problématiques.

Article réservé à nos abonnés Lire aussi « Tout le travail que j’ai fait, c’est l’Etat qui l’a payé » : des salariés dénoncent des fraudes au chômage partiel

Pour le moment, le ministère du travail est focalisé sur son idée de « dispositif alternatif » à l’activité partielle, dont les contours doivent être précisés prochainement. La mesure fait l’objet d’un amendement que le gouvernement a défendu, mardi, lors des débats au Sénat sur le projet de loi urgence sanitaire. La disposition en question a été rejetée par cette chambre où la droite et le centre-droit sont majoritaires. « Nous n’y sommes pas opposés pour des raisons de principe mais de méthode », explique René-Paul Savary (LR, Marne) : l’élu met en avant le fait que l’exécutif n’a pas apporté suffisamment de « clarifications » sur un mécanisme qui a vocation à s’inscrire dans la durée.

Avatar
LJD

Les commentaires sont fermés.