Relocaliser : le nouveau défi des pays riches

Relocaliser : le nouveau défi des pays riches

« Dans les pays riches, où les compétences sont disponibles mais les salaires élevés, la relocalisation exigerait une forte automatisation de la production, ne créerait pas beaucoup d’emplois et pourrait faire baisser le pouvoir d’achat. »
« Dans les pays riches, où les compétences sont disponibles mais les salaires élevés, la relocalisation exigerait une forte automatisation de la production, ne créerait pas beaucoup d’emplois et pourrait faire baisser le pouvoir d’achat. » Robert Hanson/Ikon Images / Photononstop

Entreprises. Il a fallu une pandémie sans précédent pour que l’organisation industrielle mondiale soit ouvertement contestée. D’où les appels, dans les pays riches, à la relocalisation des productions stratégiques, et dans les pays en développement, à une plus grande indépendance industrielle. Mais une démondialisation de la production suscite souvent les mêmes objections.

Dans les pays riches, où les compétences sont disponibles mais les salaires élevés, la relocalisation exigerait une forte automatisation de la production, ne créerait pas beaucoup d’emplois et pourrait faire baisser le pouvoir d’achat. Dans les pays à bas coût de main-d’œuvre, l’indépendance industrielle se heurterait au manque de compétences et serait limitée à des productions à faible valeur ajoutée.

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Ces arguments oublient que, depuis le milieu du XIXe siècle, la tâche de la conception industrielle a souvent été de briser des doctrines économiques que l’on croyait universelles. Sans le travail des concepteurs, les révolutions industrielles n’existeraient pas et la Chine ne serait pas devenue l’atelier du monde. Car si la science et la variété des contextes nationaux rouvrent le champ des possibles pour l’activité productive, celui-ci reste largement inconnu.

De nouveaux défis

C’est le travail de conception qui découvre les solutions adaptées aux nouveaux défis et qui lève des barrières que l’on croyait définitives. Aujourd’hui, le défi des pays riches est de concevoir des relocalisations industrielles responsables et créatrices d’emploi. Celui des pays en développement est d’envisager des stratégies locales techniquement ambitieuses.

Dès le milieu du XIXe siècle, ce type de défi a suscité le développement des bureaux d’études industrielles, puis des laboratoires de recherche. Ils furent les premiers employeurs d’ingénieurs, bien avant les usines. Emblématique du travail de conception, la célèbre chaîne d’assemblage automobile était à la fois un gigantesque automate et un procédé permettant d’employer une main-d’œuvre sans qualification spéciale. Car l’automatisation n’a pas pour seul but d’économiser du travail, elle peut servir à le démultiplier.

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Le chemin de fer n’a pas eu pour but d’économiser les cochers des diligences et son effet sur l’emploi fut sans précédent… Les robots qui organisent les réunions virtuelles ne visent pas à raccourcir les réunions mais à permettre celles-ci, y compris en situation de confinement…

Solutions innovantes et responsables

Aujourd’hui, la conception industrielle intègre de nombreux métiers, favorise des démarches participatives avec usagers et citoyens, et vise un développement social et durable. La relocalisation doit donc être envisagée comme un stimulus pour la conception de nouveaux écosystèmes industriels dans lesquels rentabilité, responsabilité sociale et soutenabilité font bon ménage.

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