Pour les DRH, la crise ne fait que commencer

Pour les DRH, la crise ne fait que commencer

« Une enquête réalisée du 2 au 7 avril par les éditions Tissot auprès de 160 professionnels des RH, pas moins de 90 % des sondés se déclarent proches de l’épuisement »
« Une enquête réalisée du 2 au 7 avril par les éditions Tissot auprès de 160 professionnels des RH, pas moins de 90 % des sondés se déclarent proches de l’épuisement » Ade Akinrujomu/Ikon Images / Photononstop

« Je reste joignable par téléphone et mail 7/7 » : depuis le début de la crise du Covid-19, Cécile Kebbal clôt tous ses mails par cette signature. Donner de son temps sans compter ? La question ne se pose même pas pour cette directrice des ressources humaines (DRH) énergique de la Manufacture d’histoires Deux-Ponts. Cette imprimerie implantée dans l’Isère emploie 130 salariés, dont une partie en télétravail depuis le début de la crise. Aux yeux de Cécile Kebbal, nécessité fait loi : « Vu le caractère exceptionnel de la situation, de ma propre initiative, j’ai très vite dit que j’étais disponible à tout moment pour répondre aux inquiétudes des salariés. »

Alors qu’ils lancent le chantier du déconfinement, les DRH demeurent sur tous les fronts. Tenus de protéger la santé des salariés tout en assurant la poursuite de l’activité, ils doivent malgré tout maintenir leur tête et celle de l’entreprise hors de l’eau. « Les DRH sont à 100 % à la manœuvre depuis fin février ! », s’exclame Benoît Serre, vice-président de l’Association nationale des DRH (Andrh). Une forte pression pèse sur leurs épaules.

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A en croire une enquête express réalisée du 2 au 7 avril par les éditions Tissot auprès de 160 professionnels des ressources humaines, pas moins de 90 % des sondés se déclarent proches de l’épuisement. Le sujet est sensible : tenus à la réserve, plusieurs DRH que nous avons sollicités ont décliné notre demande ou requis l’anonymat. « On est les oubliés de la seconde ligne », soupire Sandrine (son prénom a été modifié), la directrice des ressources humaines d’une PME de 300 personnes, qui évoque une charge de travail « assez impressionnante ».

Une myriade de textes

Elle a d’ailleurs répondu à notre demande d’interview un dimanche. « Il y a eu des tas de petits trucs auxquels il a fallu apporter des réponses et qui, mis bout à bout, ont rallongé les journées, renchérit Cécile, une autre DRH (son prénom a également été modifié) : intégrer les nouveaux collaborateurs, faire livrer du matériel aux salariés en télétravail… A chaque fois, il faut apporter une solution nouvelle. »

Le casse-tête paraît sans fin. « Les DRH doivent à la fois gérer l’urgence et réfléchir au long terme », souligne Marc François-Brazier, de Deloitte Capital Humain. De plus, « dans les groupes internationaux, il faut prendre en compte au niveau de chaque pays le stade de la pandémie, les mesures en place… » Dès les prémices du confinement, les DRH ont été tenus d’apporter des réponses aux risques courus par les salariés sur leur lieu de travail, alors qu’eux-mêmes naviguaient à vue : « Début mars, on a sollicité la médecine du travail, qui n’était pas du tout au fait de ce qu’il fallait faire, témoigne Cécile Kebbal. Finalement, on a pris nous-mêmes l’initiative d’acheter du gel hydroalcoolique et de faire des stocks de masques. »

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LJD

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