Les agriculteurs recherchent toujours des bras

« Il va nous falloir encore une quinzaine de personnes pour la récolte », estime Sylvie Eydaleine qui exploite avec son mari 35 hectares de vergers à Saint-Gilles dans le Gard. Les abricots seront à point dans trois semaines, puis viendront les pêches et les nectarines. Le recrutement se fera peut-être par la plate-forme Internet Desbraspourtonassiette. Avis aux amateurs. L’exploitation gardoise s’est, en effet, inscrite sur ce site, dès mi-avril. « Nous recevons quatre fois par semaine un mail avec des CV. Dans les champs actuellement, il y a cinq personnes qui viennent de cette plate-forme », affirme Mme Eydaleine.
Cette plate-forme de recrutement de main-d’œuvre prête à aller dans les champs a bénéficié d’un lancement très médiatisé avec le soutien du ministre de l’agriculture, Didier Guillaume, et du syndicat agricole FNSEA, le 24 mars, une semaine après l’entrée en confinement de la France. Les candidatures spontanées ont afflué. « Nous avons toujours de nouvelles inscriptions. Nous totalisons 330 000 comptes ouverts dont 284 000 travailleurs inscrits et identifiés », assure Jean-Baptiste Vervy, directeur de la plate-forme WiziFarm qui héberge la page Desbraspourtonassiette.
« La débrouille »
Toutes ces bonnes volontés prêtes à se déconfiner n’ont pas trouvé la clé des champs, par ce biais. Loin s’en faut. Les agriculteurs ont été bien moins nombreux à se placer devant ce portillon numérique. « Il y a 6 000 offres en ligne émanant des agriculteurs, soit cinquante fois moins que de demandes, et au total 1 400 missions se sont concrétisées en un mois et demi », dit M. Vervy. Il reconnaît qu’il a fallu gérer la frustration des inscrits en apportant des réponses par les réseaux sociaux. « Nous avons expliqué que les agriculteurs souhaitaient une main-d’œuvre experte, productive et disponible jusqu’à la fin de la saison. »
« Après le 11 mai, certains ne sont plus disponibles, des personnes en chômage partiel reprennent le travail »
« La débrouille », c’est ainsi que Bruno Darnaud, arboriculteur dans la Drôme et président de l’AOPn abricots, pêches, nectarines, résume la façon dont les agriculteurs ont dû gérer les problèmes de main-d’œuvre liés à la crise due au Covid-19. Le confinement et la fermeture soudaine des frontières ont, en effet, suscité inquiétudes et tensions. Certains, comme Laurent Bergé, maraîcher à côté de Nantes en Loire-Atlantique et président de l’AOPn tomates et concombres de France, ont été confrontés au phénomène d’absentéisme dans leurs équipes. « Début avril, au plus fort de la crise, 17 salariés sont restés chez eux pour s’occuper de leurs enfants ou pour des raisons de santé sur un effectif de 90. Mais toutes les personnes sont revenues progressivement », affirme M. Bergé.
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