La centrale nucléaire de Gravelines fonctionne avec seulement un quart de ses effectifs

La centrale nucléaire de Gravelines fonctionne avec seulement un quart de ses effectifs

La centrale nucléaire de Gravelines (Nord), en mars 2017.
La centrale nucléaire de Gravelines (Nord), en mars 2017. Pascal Rossignol / REUTERS

A situation exceptionnelle, dispositif exceptionnel. Afin de garantir la fourniture en électricité dans les hôpitaux et les foyers du Nord, un quart du personnel de la centrale de Gravelines est sur place chaque jour. Les autres agents travaillent à distance. Au total, seuls 800 des 3 000 agents EDF et entreprises prestataires se déplacent pour assurer la conduite des réacteurs.

Comme pour les autres centrales nucléaires en France, EDF a placé en télétravail tous les agents de Gravelines des fonctions supports et les ingénieurs. Sont présents sur le site les salariés qui se consacrent au pilotage des réacteurs et à leur surveillance, les agents chargés de la protection de la centrale, ainsi que ceux dévolus à la maintenance et aux analyses environnementales.

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« On a mis en œuvre notre plan de continuité d’activité sur toute la France, explique une porte-parole de l’électricien. On doit garantir la fourniture de l’électricité. » Avec le confinement lié à la pandémie de Covid-19, la consommation dans l’Hexagone est légèrement en baisse : « Pas mal d’usines ont fermé, donc la consommation d’électricité a ralenti, ce qui nous donne un petit peu plus d’aisance pour être en mesure de produire, et même de produire assez largement aujourd’hui, de quoi satisfaire tous les besoins de tous les Français », précisait, le 20 mars, Jean-Bernard Lévy, le PDG d’EDF.

Pour maintenir l’approvisionnement, deux démarches ont été engagées : la suspension d’une partie des programmes d’activité en vue d’alléger la charge de travail et la priorisation des arrêts pour maintenance afin de permettre la sécurisation dans la fourniture d’électricité.

A Gravelines, cinq tranches sont ainsi en activité et une est à l’arrêt pour maintenance. Un arrêt déclenché le week-end dernier – et prévu pour durer jusqu’au 27 avril – qui était planifié de longue date pour permettre un rechargement en combustible. « On a annulé tout ce qui n’était pas prioritaire, confirme Franck Redondo, chargé de la surveillance et secrétaire Force ouvrière pour la centrale. Pour le reste, on continue les activités réglementaires, sinon on risque l’arrêt de réacteurs. » A titre d’exemple, certaines cuves doivent ainsi être contrôlées avant la fin du mois de juin, avec seulement un quart du personnel sur place.

Pas question de risquer une contamination à grande échelle

Au sein de la centrale, les méthodes de travail ont dû être modifiées en raison des gestes barrières. Outre la distance d’un mètre cinquante demandée entre chaque agent, la direction a suspendu les transports en commun internes. En revanche, le temps imparti dans l’espace restauration (où le lavage des mains est désormais obligatoire à l’entrée et à la sortie) a été élargi. Objectif : éviter une forte concentration de personnes autour des tables.

De plus, la fréquence de nettoyage des lieux de passage et du matériel a été multipliée jusqu’à six en zones contrôlées. Pas question de risquer une contamination à grande échelle des agents, même si, dans le département de la Manche, la situation est plus préoccupante qu’à Gravelines.

Le plan pandémie permet de tourner dans les centrales avec 25 % des effectifs absents pendant douze semaines, ou avec 40 % d’absents pendant trois semaines

« A Flamanville, le plan pandémie créé au début des années 2000 a été activé, précise-t-on chez EDF. Seules une centaine de personnes sur 800 sont présentes, car il y a un cluster de cas potentiellement atteints du Covid-19. » Deux réacteurs, dont le redémarrage était prévu pour le 31 mai, sont en maintenance. Or toutes les opérations de maintenance sont suspendues depuis le 16 mars à Flamanville.

Faut-il redouter une épidémie chez les agents EDF ? Le plan pandémie, fondé sur des scénarios très pénalisants, permet de tourner dans les centrales avec 25 % des effectifs absents pendant douze semaines, ou avec 40 % d’absents pendant trois semaines. Sur l’antenne d’Europe 1, Jean-Bernard Lévy s’est voulu rassurant : « Nous assurons aussi en prévision, si nous avions un grand nombre de salariés malades, une rotation de façon à avoir toujours des équipes en réserve, donc je crois qu’on peut rassurer les salariés, rassurer les Français, nous avons tout ce qu’il faut pour continuer à fournir de l’électricité, à tout moment, à tous les Français, pendant cette période exceptionnelle. »

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A Gravelines, les agents de cet opérateur d’importance vitale (OIV) se disent même prêts pour le PUI, le plan d’urgence interne. « Dans ce cas, on tournera en sept jours sur sept, à raison de rotations toutes les douze heures avec installation de lits de camp, rations de survie et action de la FARN, la force d’action rapide nucléaire », souligne Franck Redondo, de FO. Serein, il sait que les équipes sont prêtes, au cas où. Impossible d’ailleurs pour lui de ne pas rappeler leur attachement au service public. « En janvier, lors des manifestations contre la réforme des retraites, nous étions décriés pour notre statut de nantis, regrette le syndicaliste. Mais par ce statut qui a des avantages et des inconvénients, on est réquisitionnés et on peut fournir du courant aux hôpitaux ou aux Français. C’est ça, le service public. »

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LJD

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