Coronavirus : toujours sans masques, policiers et gendarmes s’impatientent
Les images sont restées en travers de la gorge de certains policiers. On y voit Emmanuel Macron en visite à l’hôpital militaire de Mulhouse mercredi 25 mars, ajustant sur son visage un masque de protection. Toutes les personnes qui entourent le chef de l’Etat portent le précieux équipement. Dont la pénurie s’est transformée en polémique nationale. Toutes ? Non, à l’arrière-plan, un homme à lunettes navigue à visage découvert au milieu des soignants. Officier de police dans le Grand Est, il est le seul à ne pas en être muni.
La séquence, repérée par le Syndicat des cadres de la sécurité intérieure (SCSI), majoritaire chez les officiers, illustre le malaise qui persiste au sein des forces de l’ordre, deux semaines après le début du confinement. Alors que l’épidémie de Covid-19 ne cesse de faire des victimes chaque jour, nombreux sont les policiers et gendarmes qui continuent à déplorer l’absence de masques de protection pour réaliser les contrôles à travers la France. Plus de 300 policiers ont été contaminés et près de 10 000 sont actuellement confinés. Côté gendarmerie, le bilan des effectifs sur la touche était un peu moins alarmant selon les chiffres disponibles la semaine dernière (une vingtaine de militaires malades), mais l’un d’entre eux est décédé, mercredi 25 mars, le premier membre des forces de l’ordre à périr du Covid-19.
Lundi 30 mars, c’est Interpol qui en a remis une couche. L’organisation internationale, qui s’occupe habituellement davantage de coordination dans la lutte contre la criminalité, s’est fendue d’une recommandation mondiale en faveur du port d’un masque et de gants pour les personnels au contact de la population. Les principaux syndicats de police ont immédiatement embrayé pour rappeler au ministère de l’intérieur qu’à ce jour la plupart des fonctionnaires opèrent sur le terrain sans protection.
« C’est le système D »
Les règles n’ont pas évolué au sein de la police depuis un télégramme du directeur général de la police nationale, Frédéric Veaux, datant du 13 mars, soit quatre jours avant la mise en place du confinement. Etant donné le faible nombre de masques disponibles, il est recommandé de les utiliser avec discernement, notamment pour les missions à risque, et donc de ne pas les porter en permanence. Les agents doivent en utiliser principalement lorsqu’ils sont au contact de personnes infectées. Par ailleurs, les commissariats doivent veiller à ce que chaque équipage puisse disposer d’un kit, pour ces situations d’urgence. Au sein de la gendarmerie, les règles sont similaires : « Le port du masque n’est pas systématique, mais un gendarme qui est dans une situation où il se sent menacé doit pouvoir en porter un », explique-t-on à la direction générale, avant de préciser que les gestes barrières restent « la meilleure des protections ».