« Le coronavirus pourrait bien être le point de bascule de l’économie numérique »

« Le coronavirus pourrait bien être le point de bascule de l’économie numérique »

Un livreur Amazon dans les rues de Paris, jeudi 19 mars.
Un livreur Amazon dans les rues de Paris, jeudi 19 mars. PHILIPPE LOPEZ / AFP

Pertes & profits. Les grandes catastrophes accélèrent les grandes ruptures. La première guerre mondiale a amplifié le passage de la société rurale à la société industrielle. La seconde a débouché sur l’avènement de la société de consommation. Le coronavirus pourrait bien être le point de bascule de l’économie numérique.

A l’heure où toute l’économie semble mise sous cloche, un petit territoire résiste encore à l’envahisseur biologique. Le commerce en ligne devient subitement tout le commerce, ou presque. Quand Fnac Darty ferme tous ses magasins, il devient de facto une entreprise 100 % numérique alors qu’un mois auparavant ce mode de distribution ne représentait que 20 % de son activité.

Les derniers maillons

C’est exactement ce qui s’est passé en Chine, où, d’un seul coup, le commerce en ligne est devenu le seul lien marchand avec l’extérieur pour les centaines de millions d’habitants calfeutrés chez eux. L’occasion, pour les distributeurs physiques comme Carrefour ou Fnac Darty, de tester leurs compétences numériques. Et, pour les spécialistes du commerce virtuel tels qu’Amazon ou Cdiscount, de monter encore en puissance.

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C’est alors que ce changement de paradigme bute soudain sur un obstacle tout bête : l’humain. Pas de commerce en ligne sans chauffeurs dans les rues ni livreurs dans les escaliers. Ils ont pris, dans ce nouveau monde, la place dévolue aux caissières dans l’ancien. Les derniers maillons face au client. Aussi fragiles qu’essentiels. Ils s’insurgent, de même que leurs confrères magasiniers dans les entrepôts. Pourquoi ne sont-ils pas confinés comme les autres, contraints de prendre des risques pour un si maigre salaire ?

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Dès lors, certains demandent de restreindre l’activité des e-commerçants au commerce des biens essentiels, alimentation, médicaments… Cela réduirait le personnel employé, et donc les risques encourus. Mais ce serait fermer la petite fenêtre vers l’extérieur que conservent encore les confinés et enlever le rare oxygène qui maintient en survie le circuit économique. Non seulement les commerçants, mais aussi les industriels et les services qui en vivent. Parmi toutes les aides que prévoit le gouvernement, la sécurisation des circuits logistiques et la protection des livreurs devraient être tout en haut de la pile. C’est l’économie d’aujourd’hui et plus encore notre place dans celle de demain qui est en jeu.

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LJD

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