Impact économique du coronavirus : « Je devais bosser 138 heures ce mois-ci, je vais faire zéro ! »
« Tout sera mis en œuvre pour protéger nos salariés et pour protéger nos entreprises quoi qu’il en coûte », a promis Emmanuel Macron lors de son allocution sur le coronavirus, jeudi 12 mars. Une annonce alors que la pandémie a déjà contraint 3 600 entreprises à mettre en place des mesures de chômage partiel. Soit quatre fois plus qu’en fin de semaine dernière. Aujourd’hui, environ 60 000 salariés français sont concernés.
Le président de la République a annoncé pour « les jours à venir », « un mécanisme exceptionnel et massif de chômage partiel » allant « plus loin » que les mesures actuelles. L’idée est de maintenir les niveaux de salaire même au chômage partiel. Ce dispositif permet d’éviter les licenciements en cas de baisse d’activité, l’Etat prenant en charge l’indemnisation des salariés. Selon la ministre du travail, Muriel Pénicaud, la situation est particulièrement inquiétante dans quatre secteurs : le tourisme, la restauration, l’événementiel et les transports.
Gérant de L’Aunette Cottage, petit hôtel de quatorze chambres à Chamant, dans l’Oise, Jean-Philippe Aelvoet évoque une « catastrophe ». « Pour le mois de mars, on était complet de chez complet. En avril, quasi. On comptait dessus pour rattraper l’hiver, compromis par les grèves. » Mais voilà que, le 26 février, le premier décès dû au coronavirus en France est un habitant du département. « Dès le lendemain, les gens ont commencé à annuler. Je n’ai plus de réservation pour mars, et on commence à avoir beaucoup d’annulations en avril », se désole M. Aelvoet, qui a mis ses deux salariés en chômage partiel.
Avec 25 000 euros de charges mensuelles, sa trésorerie s’enfonce dans le rouge. « Je suis à moins 15 000 euros, et encore parce que mes parents m’ont prêté de l’argent. A cette heure, personne d’autre ne m’a aidé financièrement. » Il loue, cependant, les premières mesures d’aides annoncées par Bercy, notamment le report des cotisations sociales et des impôts.
Mesures d’urgence
« C’est comme si l’Oise était un département pestiféré !, constate de son côté Pierre Robert, propriétaire de l’Hôtel Le Chenal, à Beauvais. Les groupes ne veulent plus venir, congrès et formations sont annulés. On souffre plus de la psychose que du virus ! » Selon une enquête de la Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME), 72 % des sociétés de l’Oise subiraient une perte d’activité.