Coronavirus : Emmanuel Macron déclare la mobilisation générale pour les entreprises, « quoi qu’il en coûte »
Rassurer, à tout prix. Si son allocution a largement porté sur la crise sanitaire ouverte par la pandémie de Covid-19, Emmanuel Macron n’a pas manqué d’évoquer dans ses propos, jeudi 12 mars, ses conséquences économiques. « Le gouvernement mobilisera tous les moyens financiers nécessaires […] pour prendre en charge les malades, pour sauver des vies quoi qu’il en coûte », a-t-il d’abord martelé, avant de promettre une « mobilisation générale sur le plan économique ». « Tout sera mis en œuvre pour protéger nos salariés et nos entreprises, quoi qu’il en coûte, là aussi », a-t-il assuré.
Bruno Le Maire a été encore plus clair, vendredi matin sur BFM-TV et RMC. « Nous ferons tout ce qui est nécessaire pour soutenir les entreprises. […] Cela coûtera des dizaines de milliards d’euros », a asséné le ministre de l’économie et des finances au micro de Jean-Jacques Bourdin.
« Mécanisme exceptionnel de chômage partiel »
La veille, le chef de l’Etat avait confirmé la création d’un « mécanisme exceptionnel et massif de chômage partiel ». « L’Etat prendra en charge l’intégralité de l’indemnisation de tous les salariés placés en chômage partiel, quelle que soit leur rémunération [soit 85 % du net pour tous les salariés]. Ce sera probablement le dispositif le plus coûteux, mais le plus efficace », a précisé M. Le Maire. Objectif : que les entreprises ne perdent pas leurs salariés et puissent rebondir plus rapidement après la crise, comme cela avait été le cas en Allemagne après celle de 2008, explique-t-on à Bercy. Depuis lundi, l’Etat indemnisait déjà jusqu’à hauteur d’un smic net (8,04 euros par heure) les employeurs dont les salariés sont contraints de rester chez eux. Les indépendants seront également concernés.
Par ailleurs, « toutes les entreprises qui le souhaitent pourront reporter sans justification, sans formalité, sans pénalité le paiement des cotisations et impôts dus en mars », a indiqué le président. Il s’agit, en fait, de généraliser la mesure en vigueur ces dernières semaines, qui visaient essentiellement les TPE-PME les plus fragilisées. « Quels que soit la taille et le secteur, on dit aux entreprises : vous n’avez qu’à appeler la direction générale des finances publiques et on reporte automatiquement vos échéances (cotisations Urssaf, impôts…) », précise Bercy. Vendredi, Bruno Le Maire a ajouté que ce serait valable « jusqu’à la fin de la crise ».
Jeudi, à l’issue d’une rencontre avec des chefs d’entreprise à Colombes (Hauts-de-Seine), le ministre de l’économie avait déjà musclé le dispositif de soutien aux entreprises. A travers la BPI, l’Etat va désormais garantir les prêts des banques aux PME, mais aussi aux entreprises de taille intermédiaire, à hauteur de 90 % et non plus 70 %. De plus, les modalités d’un fonds de solidarité « réservé aux entreprises les plus modestes, les plus petites, qui sont à court de trésorerie » devraient être annoncées lundi.
« Qui va garder les enfants ? »
De son côté, le gouvernement travaille à « un plan de relance national et européen », a indiqué, jeudi soir, le chef de l’Etat, assurant que « nous ne laisserons pas une crise financière et économique se propager » et évoquant une coordination avec les pays membres du G7 et du G20. Alors que les ministres des finances de la zone euro doivent se réunir lundi 16 mars, notamment pour évoquer la souplesse nécessaire dans l’application des règles budgétaires européennes, la France appelle depuis plusieurs jours à une initiative commune.
Pour Geoffroy Roux de Bézieux, président du Medef, tout cela est « positif ». « La santé des Français passe avant toute chose mais le président de la République a beaucoup insisté sur l’impact économique de la crise, déclare-t-il au Monde. Il ne laissera pas tomber les entreprises. » Il salue aussi la volonté annoncée jeudi par le ministre de l’économie de créer un fonds de solidarité pour « les secteurs qui sont vraiment en difficulté, victimes des mesures sanitaires qui sont prises ».
Seul bémol : les conséquences de la fermeture des écoles, qui sera effective à partir de lundi. « Qui va garder les enfants ? », s’interroge M. Roux de Bézieux, qui rappelle que « 50 % des salariés ont des enfants » et que « le télétravail ne permet de couvrir que 25 % des postes ». « Il faut trouver d’urgence un moyen de régler ça dans les boîtes », estime-t-il, indiquant sa volonté de se tourner vers la ministre du travail, Muriel Pénicaud, pour élaborer « un système de compensation » grâce à « la solidarité nationale ».
En écho à la phrase de M. Macron affirmant que tout sera fait « quoi qu’il en coûte », le numéro un du Medef juge que la règle des 3 % de déficit « ne peut pas être un débat quand le monde s’écroule ». Et de citer la phrase de l’ancien président de la Banque centrale européenne, Mario Draghi, « whatever it takes » – tout ce qui sera nécessaire » – utilisée lors de la crise de l’euro, en 2012. Un état d’esprit radicalement nouveau, désormais partagé jusqu’à Bercy. Interrogé vendredi matin sur les critères de Maastricht, M. Le Maire a rétorqué que « ce n’est plus le sujet ».
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