La Suède légifère sur la baisse du temps de travail pour éviter les licenciements
Le projet de loi sur la réduction temporaire du temps de travail était dans les cartons du gouvernement depuis des mois. Faute de majorité au Parlement, la coalition gouvernementale, composée des sociaux-démocrates et des Verts et soutenue par les centristes et les libéraux, hésitait toutefois à soumettre le texte au vote des députés. L’épidémie causée par le coronavirus, avec près d’une centaine de cas en Suède, a changé la donne.
Mercredi 4 mars, la ministre suédoise de l’économie, Magdalena Andersson, a annoncé que la loi devrait entrer en vigueur le 1er août. Elle permettra aux entreprises, durement touchées par les effets de l’épidémie, de réduire le temps de travail et la rémunération de leurs salariés en conséquence, pendant six mois renouvelables. Pendant cette période, les compagnies pourront percevoir une aide de l’Etat, pour le paiement des salaires des employés et le financement de formations.
Selon la ministre, le dispositif, dont les détails restent encore à préciser, va « renforcer la sécurité des salariés suédois, lors de perturbations importantes causées par des événements extérieurs ». Son coût est évalué à 350 millions de couronnes (33 millions d’euros) par an. Il a reçu le soutien des partenaires sociaux, qui en demandaient la mise en place depuis 2008.
« Nous en avons fait les frais »
A l’époque de la crise financière, la plupart des pays européens disposaient déjà d’une législation similaire. « Nous étions presque les seuls à ne pas avoir un tel système, et nous en avons fait les frais », constate Marie Nilsson, présidente d’IF Metall, le syndicat de la métallurgie. Dans l’urgence, les partenaires sociaux ont signé des accords, branche par branche. « Nous avons réussi à sauver quelques emplois, mais pas suffisamment », déplore la syndicaliste.
Entre 2008 et 2009, 100 000 postes ont été supprimés dans le secteur de l’industrie en Suède, soit environ 15 % des emplois. Sur cette même période, le nombre d’heures travaillées par salarié n’a baissé que de 1,6 %, selon un rapport présenté aux parlementaires en 2018. A la différence, le temps de travail a reculé de 7,4 % en Allemagne, où seulement 2,5 % des emplois ont été supprimés dans l’industrie.
Autre avantage, note Marie Nilsson : « Quand l’activité a repris, nos concurrents ont pu relancer la production immédiatement, tandis que cela a pris du temps chez nous. Certains ont retrouvé leurs emplois, mais pas tous. Nous avons perdu des compétences. »