Jean-Paul Agon : « En Chine, grâce à l’e-commerce, l’activité de L’Oréal n’est pas du tout à zéro », malgré le coronavirus
Malgré l’épidémie du Covid-19 qui tétanise la Chine, Jean-Paul Agon, PDG de L’Oréal, dont le départ est prévu en 2021, estime que cette crise « ne remet pas en cause » la croissance du marché mondial des produits de beauté ni les ventes du groupe.
Le Covid-19 menace la croissance mondiale. Avez-vous déjà connu une telle situation ?
Cela fait quarante-et-un ans que je travaille chez L’Oréal. J’y suis entré peu avant la réunification de l’Allemagne [1990] ; puis, j’ai été nommé par Lindsay Owen-Jones pour diriger la zone Asie, en 1997, en pleine crise économique. Je suis arrivé aux Etats-Unis à la tête de la filiale, trois jours avant les attentats du 11 septembre 2001, et je suis devenu PDG de L’Oréal un an avant la crise de 2008.
Le groupe est, bien entendu, très concerné par l’aspect humain de cette crise. C’est une vraie tragédie humaine, notamment en Chine, où le groupe emploie 12 000 salariés et 12 000 autres personnes dans les magasins. Tous les matins, j’ai une conversation téléphonique avec Fabrice Megarbane, directeur général de L’Oréal en Chine, pour faire un point sur la situation. A ce jour, aucun de nos salariés n’a été atteint par ce virus. C’est notre préoccupation essentielle, mais, d’un point de vue business, je ne suis pas plus impressionné que cela par cette crise du coronavirus.
L’incidence sur l’activité n’est-elle pas importante ?
Pas plus que cela. Cette épidémie, qui, par définition, sera temporaire, ne remet pas en cause, à long terme, ni la dynamique du marché mondial des produits de beauté, ni la croissance du groupe L’Oréal, ni ses ventes en Chine. Et, actuellement, notre activité n’est pas du tout à zéro, grâce à différents facteurs.
En Asie, L’Oréal réalise désormais un tiers de son activité, devant l’Europe occidentale. La Chine pèse 14 % des ventes mondiales du groupe, vous n’avez donc pas ressenti de baisse d’activité ?
La Chine est le pays où l’e-commerce est le plus développé. Il représente déjà 47 % de notre chiffre d’affaires en 2019 dans le pays. C’est un record mondial. En février, nos ventes en ligne ont d’ailleurs très fortement progressé par rapport à février 2019. Et ce, malgré les circonstances perturbées. Les Chinois continuent à consommer sur Internet des produits alimentaires, des produits d’hygiène et des produits de beauté. Cette bascule du marché vers le Net protège considérablement le groupe et ses marques.
« L’e-commerce représente 47 % de notre chiffre d’affaires en 2019 dans l’empire
du Milieu »