Engie : « Depuis des décennies, la France cherche sa voie en matière de gouvernement des entreprises »

Engie : « Depuis des décennies, la France cherche sa voie en matière de gouvernement des entreprises »

La directrice générale d’Engie, Isabelle Kocher, et le président de l’énergéticien, Jean-Pierre Clamadieu, à Paris, en mai 2019.
La directrice générale d’Engie, Isabelle Kocher, et le président de l’énergéticien, Jean-Pierre Clamadieu, à Paris, en mai 2019. ERIC PIERMONT / AFP

Pertes & profits. Moins rocambolesque que l’affaire Renault, mais tout aussi médiatique, le conflit entre la directrice générale d’Engie et les membres de son conseil d’administration est devenu un sujet public. Au nom de la défense de l’écologie et de la promotion des femmes, des personnalités politiques diverses se sont engagées publiquement pour défendre le poste d’Isabelle Kocher.

Bien sûr, ces deux histoires sont différentes. Mais elles interrogent toutes deux la gouvernance des grandes entreprises. Dans un cas, celui de Renault, on a souligné la passivité d’un conseil d’administration, face à la dérive autoritaire et aux abus d’un patron tout puissant, Carlos Ghosn. Dans l’autre, il est plutôt reproché au conseil son activisme pour débarquer une patronne qui n’a pas démérité.

Au gré des scandales et du bruit médiatique

Trop passif ou trop actif ? Depuis des décennies, la France cherche sa voie en matière de gouvernement des entreprises. Si le système allemand, avec son conseil de surveillance et son directoire, ou britannique, avec un président et un directeur général, sont peu contestés, le français, lui, évolue sans cesse dans un climat de suspicion et d’opacité, au gré des scandales et du bruit médiatique. Jusqu’au seuil des années 1980, les affaires étaient claires. Le PDG omnipotent cumulait les fonctions et présidait lui-même un conseil très consanguin, formé essentiellement d’autres patrons du même monde. L’instance n’intervenait qu’en cas de crise grave et pour avaliser les successions souvent préparées par le grand chef.

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Avec la montée en puissance de la finance, à la fin du siècle XXe siècle, est apparue la notion anglo-saxonne de « gouvernance », vieux mot français anglicisé, qui entend introduire une forme de contre-pouvoir dans l’entreprise pour mieux représenter les intérêts des actionnaires. De la même manière que fut consacrée par la loi l’obligation de nommer des administrateurs salariés pour représenter les intérêts du personnel et, parfois aussi, des représentants des clients ou de la société civile. Une forme de gouvernement destiné à apporter un semblant de démocratie, dans une communauté qui en était, jusqu’à présent, dépourvue.

Une opinion illégitime

Le patronat s’est lui-même doté de sa propre charte, qui précise que le conseil d’administration détermine les orientations stratégiques, nomme et révoque les dirigeants mandataires sociaux, choisit le mode d’organisation de sa gouvernance et contrôle la gestion.

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A l’instar du conseil d’Etat ou du Conseil constitutionnel, il est une forme de dissociation entre les fonctions d’exécution et de contrôle. Il est humain, et fréquent, que l’on cherche à l’influencer par tous les moyens. La singularité de l’affaire Engie tient évidemment à la présence majeure de l’Etat au capital de l’entreprise. Et, pour peser sur l’Etat, quand les intrigues de couloir ne suffisent pas, il est toujours possible de jouer l’opinion. Mais si cette dernière a raison de critiquer l’entreprise sur son attitude et ses choix, comme les écologistes l’ont souvent fait avec Engie, elle n’a ni la compétence, ni la légitimité a en choisir ses dirigeants.

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LJD

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