Au bord de la liquidation, Remade obtient un ultime sursis
Que va-t-il advenir de Remade ? A quelques jours des fêtes de fin d’année, le sort de l’ancien fleuron de la tech normande, spécialiste de la reconstruction de téléphones portables, et qui emploie quelque 320 salariés, reste en suspens. Après plus de trois heures d’audience, le tribunal de commerce de Rouen a décidé, mardi 17 décembre, d’accorder une ultime chance à l’entreprise. Un nouveau rendez-vous est fixé au 9 janvier 2020, afin de réexaminer les offres de reprise en lice.
« Les salariés sont fatigués et dépités de devoir passer les fêtes avec ce sentiment d’incertitude, mais ils restent mobilisés et déterminés à ne pas se laisser faire », observe Sophia Garcia, secrétaire CFDT du comité social et économique (CSE) de Remade. Au total, deux offres ont été présentées au tribunal de commerce, dont une émanant du groupe CTS, installé à Dubaï, un ancien partenaire commercial de l’entreprise, qui propose notamment de sauvegarder 117 emplois. « Nous avons émis un avis favorable sur cette offre, mais elle doit encore être améliorée pour être jugée recevable », explique Mme Garcia.
Une autre proposition, faite par le fondateur de la société, Matthieu Millet, était sur la table. L’ancien patron de Remade, outre une prime discrétionnaire allant jusqu’à 5 000 euros pour les employés qui ne seront pas repris, promet de conserver 142 salariés. Une offre estimée « indécente » par une partie du personnel du groupe, qui juge M. Millet responsable de la dégringolade de l’entreprise.
Une enquête préliminaire ouverte
Fondée en 2013, la jeune PME normande, dont l’activité consiste à acheter et à restaurer des smartphones usagés, afin de les revendre ensuite à prix réduits aux grandes enseignes de la distribution, avait connu une ascension fulgurante, comptant jusqu’à près de 700 salariés. La machine s’est cependant inexplicablement enrayée il y a un an, conduisant l’entreprise − à court d’argent, malgré un emprunt de 125 millions d’euros auprès d’investisseurs à l’été 2018 et un renflouement de ses caisses à hauteur de 50 millions d’euros, en juin, par le fonds LGT, son actionnaire majoritaire − à demander son placement en redressement judiciaire fin septembre.
Face au fiasco, les interrogations fusent sur la gestion passée de l’entreprise. Un récent rapport du cabinet Syndex, commandé par le CSE de Remade, rapporte notamment des irrégularités, affirmant que la société a « gonflé artificiellement son chiffre d’affaires » par le biais de manœuvres comptables, et certaines factures sont jugées « douteuses ». Une plainte contre X devrait prochainement être déposée par le CSE. Selon nos informations, certains actionnaires étudieraient également l’option d’une action en justice.