En Alsace, troisième plan social en six ans chez l’équipementier Mahle Behr
Chez l’équipementier Mahle Behr, à Rouffach (Haut-Rhin), filiale de l’allemand Mahle (79 000 salariés dans le monde, 12,6 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2018), la restructuration, annoncée le 23 octobre, supprimant 240 emplois sur 640, sera la troisième depuis 2013. Et ce, malgré deux accords de compétitivité, en 2013 et 2016, qui avaient occasionné des sacrifices pour le personnel, en termes de salaire et de temps de travail.
Si, jusqu’à présent, ces plans sociaux s’étaient faits dans une relative paix sociale, ce n’est plus le cas. Les syndicats ont appelé à l’aide le gouvernement et des parlementaires, qui ont alerté le ministre de l’économie, Bruno Le Maire. Redoutant à terme la disparition de l’usine, « les salariés se sentent abusés, bernés, désespérés », souligne l’intersyndicale CFDT-CGC-CFTC-CGT-UNSA dans une lettre ouverte au ministre. Cette action a débouché sur une réunion, mardi 3 décembre, avec le délégué interministériel aux restructurations d’entreprises, Marc Glita. Les syndicats réclament que le ministre joue de tout son poids pour que le groupe allemand dégage des « moyens financiers exceptionnels » d’accompagnement des salariés qui vont être licenciés, et dont la moyenne d’âge est de 50 ans. Ils demandent aussi que la direction régionale des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l’emploi (Direccte), chargée de valider ou de rejeter les plans sociaux, « fasse un contrôle drastique des mesures proposées (…) et des moyens versés pour la revitalisation du site. »
« On veut que le groupe, qui a les moyens, finance à 100 % la casse sociale et que personne ne se retrouve à Pôle emploi »
Vendredi 13 décembre, les organisations syndicales rencontreront la Direccte. « C’est une réunion très importante, explique Olivier Delacourt, secrétaire général CFDT de la métallurgie d’Alsace. On veut que le groupe, qui a les moyens, finance à 100 % la casse sociale et que personne ne se retrouve à Pôle emploi. » Les syndicats pointent aussi que le site « n’est pas en faillite : 40 millions d’euros sont mis à disposition du groupe sous forme de cash flow, et Rouffach dispose d’excédents réels de trésorerie d’environ 40 millions. »
Délocalisation dans les pays de l’Est
L’équipementier automobile fabriquait jusqu’à présent à Rouffach des systèmes de climatisation automobile, des chauffages additionnels et des pièces de rechange. Le 23 octobre, le groupe Mahle a annoncé une « réorientation stratégique ». « L’objectif est de pérenniser le site de production et de développement sur le long terme », assure l’équipementier. L’activité sera concentrée sur la fabrication de chauffages additionnels, pour les véhicules électriques, « un produit à fort potentiel », tandis que l’activité climatisation sera abandonnée. La fabrication des pièces de rechange est, quant à elle, délocalisée dans les pays de l’Est. Selon les syndicats, c’est aussi le cas pour la comptabilité et le service achats.